L’Union des commerçants a aligné divers responsables pour débattre de la situation.
Le marché du poisson en Algérie et les prix «prohibitifs» pratiqués sur les étals ont été hier au centre d’une rencontre avec la presse nationale organisée par l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Cet organe des commerçants et artisans, (aile Boulenouar), a invité à cette occasion le président du Comité des pêcheurs, Mohamed Abdesslam, dont le mandat pourrait être reconduit ou confié incessamment à un autre membre du Comité, l’ex-président de la Chambre de la pêche de la région d’Alger, en la personne de Boualem Mehtadj ainsi que le vice-président de l’Association des marins pêcheurs, Mustapha Tiour.
Le débat n’a pas été très loin dans ses analyses, les intervenants se limitant à faire le constat, pas du tout reluisant d’une situation qui découle de nombreux facteurs qui sont écologiques ou économiques. On a appris ainsi qu’à peine «4600 embarcations de pêche sont opérationnelles en Algérie» comparées aux «14.000 unités en Tunisie et 11.000 au Maroc». La population des pêcheurs se monte à environ 70.000 employés dans le secteur a-t-on affirmé en soulignant que l’Algérien n’est pas pêcheur par «vocation» mais plutôt un paysan depuis la nuit des temps.
Le métier se transmet certes de père en fils mais la formation existante est insuffisante faute de formation pratique adéquate, bien que la «formation théorique soit très bonne». Peu nombreux parmi les anciens qui ont pu «voler» ce métier aux pieds-noirs, notamment les Espagnols, car il était «interdit aux Algériens de pratiquer ce métier» expliquait à l’assistance Mehtadj qui rappelait «qu’en 1920 le poisson était ramené du Maroc». Il a averti qu’un accident ou défaillance quelconque sur bateau avec 12 marins à bord les vouait à une mort certaine.
De son côté, Abdesslam a reconnu une certaine amélioration apportée, cependant regrette-t-il, beaucoup de pêcheurs ne peuvent prendre le large au vu de la vétusté avérée de leurs embarcations. Il a dénoncé les prix inabordables d’un moteur et demande une «aide financière concrète de l’Etat» pour renouveler l’équipement existant. Il n’a pas manqué de soulever le problème épineux des dettes qui étouffent le marin pêcheur. A ce propos, il a suggéré que l’Etat prenne en charge certains cas de marins endettés. Il s’est en outre attardé sur la pollution côtière (à 12 degrés), qui dit-il, est le principal ennemi de la faune marine. Il a indiqué qu’entre Aïn Taya et Bologhine, sur la baie d’Alger, plus de 100.000 villas «polluantes» ont été construites depuis 1962.
Les sardiniers sont forcés d’aller loin au large à leurs risque et péril pour pêcher. L’un des intervenants a affirmé qu’il existe «plus de 2000 bateaux ne répondant pas aux normes de sécurité requises». Parmi les solutions préconisées on peut citer la lutte continue contre la pollution, le changement des filets de pêche à mailles plus grandes pour que le petit poisson puisse s’échapper pour se renouveler, le respect strict des repos biologiques, respect de la réglementation.
Pour ce qui est de la raréfaction du poisson à la poissonnerie, il a été informé que des «acheteurs peu louables» passaient la nuit à la pêcherie pour «s’accaparer» de grandes quantités de sardines et autres poissons pour les «refiler» aux restaurateurs qui «règnent en maître» sur les lieux au détriment du marchand de poisson du marché, un aléa qui se répercute négativement sur le consommateur lambda.