« C’est bien de prendre des mesures d’urgence pour pallier les pénuries de médicaments, mais il faut réorganiser durablement le secteur », nous a déclaré Messaoud Belambri, président du Syndicat national des pharmaciens d’officines (Snapo).
Interrogé sur la réception « graduelle » de 54 médicaments en rupture de stock pour les malades chroniques, annoncée par le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbas, le président du Snapo estime que l’Etat doit prendre en charge le secteur du médicament par une « refonte totale » pour mettre fin à « l’anarchie en cours ».
« L’Etat ne doit pas se contenter d’élaborer des cahiers de charges ou débloquer des sommes pour des importations en urgence, mais il est nécessaire qu’il assure le suivi rigoureux des opérations d’importation et de mise sur le marché pour éviter des situations de pénuries cycliques que subissent les malades, et que nous subissons aussi en tant qu’officines, qui déstabilisent le marché », ajoute M. Belambri.
Le président du Snapo constate qu’avec Ould Abbas les choses comment à bouger, mais souhaite que cette nouvelle dynamique aille au fond du problème. « Le marché du médicament est de plus en plus perturbé, et ça risque de s’aggraver.
Il y a eu trop de libéralisation sans aucun mécanisme de contrôle. Il y a des monopoles et des situations d’exclusivités, dus au statut d’importateur/ distributeur de certains opérateurs. Il y a des pénuries provoquées. La preuve, à chaque fois qu’on alerte et que la presse en parle, certains médicaments redeviennent disponibles comme par enchantement », constate notre interlocuteur.
Outre les conséquences pour les malades, cette situation « entraîne une perturbation des officines, notamment en matière d’équilibre financier ». Le Snapo est, donc, favorable à l’organisation de véritables « assises du médicament » pour asseoir des « règles rigoureuses, en matière de fixation des prix, des marges, et de prévision des importations » dans ce secteur très sensible.
Côtés malades, les médicaments annoncés ne sont pas encore visibles. Les cancéreux n’ont pas encore vu la couleur des médicaments censés êtres « arrivés » ou « incessamment réceptionnés ». Pour Mme Gacemi, de l’Association Nour Doha d’aide aux cancéreux, la pénurie de certains médicaments se fait encore sentir.
Selon elle, le « Temgésic », un antalgique majeur indispensable pour calmer la douleur « n’est pas encore disponible ». D’autres médicaments pour cancéreux, comme le « Vincreistine » pour le traitement des enfants, est encore introuvable à l’hôpital Beni Messous, selon Samira Gasmi.
Idem pour l’Herceptine, pour le traitement du cancer du sein. Pour l’Association, les pénuries de médicaments, en particulier pour les malades chroniques sont inconcevables.
Quant à l’Association SOS Hépatite, il n’y a pas un problème de pénurie mais « de mauvaise gestion des médicaments par les hôpitaux ». Selon M. Bouallag, la tension sur trois médicaments, dont 2 pour l’hépatite B et un pour l’hépatite C, « offerts gratuitement par la PCH », est due à de « mauvaises prévisions par les médecins des établissements hospitaliers ».
Pour rappel, le Syndicat national des pharmaciens d’officines (Snapo) avait dressé, en juillet dernier, une liste de 120 médicaments en rupture de stock. Les plus touchés parmi les maladies sont bien les maladies chroniques notamment les insuffisances respiratoires.