Le marché du logement ouvert aux entrepreneurs étrangers

Le marché du logement ouvert aux entrepreneurs étrangers

Face à une pénurie de logements de plus en plus préoccupante, le gouvernement algérien s’est écarté de sa politique habituelle de protection de l’industrie nationale pour encourager la participation d’entreprises internationales dans ses projets.

L’augmentation rapide de la population et le taux d’urbanisation élevé ont contribué au surpeuplement des villes algériennes, entrainant la prolifération de constructions sauvages et de bidonvilles.

La population a quasiment doublé depuis 1980 et atteint aujourd’hui 38 millions d’habitants tandis que le pourcentage de la population urbaine est passé de 43,5% à 73,7%. Afin de faire face à cette situation, l’État a lancé un certain nombre d’initiatives visant à accroître l’offre de logements.

En 2010, l’État a introduit un plan quinquennal, le Programme Public de Développement Économique et Social, doté d’une enveloppe de 34 milliards d’euros destinée à la construction de plus d’un million de nouveaux logements entre 2010 et 2014. La réalisation des objectifs du programme quinquennal s’accompagne toutefois de lenteur à cause des effets combinés de la bureaucratie et des capacités locales limitées.

Selon les estimations, les entreprises algériennes peuvent construire jusqu’à environ 80 000 logements par an. Afin de faciliter la réalisation des objectifs fixés, le Ministère de l’Habitat s’est tourné vers les entrepreneurs étrangers, une décision inhabituelle de la part du gouvernement.

En novembre dernier, l’Algérie a signé un accord de haut niveau avec le gouvernement espagnol, ouvrant ainsi la voie aux entrepreneurs espagnols désireux de participer à la construction d’un total de 50 000 logements dans le cadre de partenariats avec des entreprises locales. Parmi les conditions on trouve l’obligal’obligation pour les partenaires étrangers de former les travailleurs algériens.

Des accords du même type ont aussi été signés avec le Portugal et l’Italie. Selon les médias internationaux, en juillet dernier 13 accords de partenariat avaient déjà été signés entre des entrepreneurs étrangers et des constructeurs locaux. On peut citer par exemple l’entreprise italienne Costruzioni & Servizi et la compagnie portugaise Prebuild, qui, à elles deux, vont construire plus de 7000 logements à Alger.

La situation d’urgence causée par la pénurie de logements est telle que le gouvernement ne s’est pas contenté d’approches bilatérales avec l’Espagne, le Portugal et l’Italie mais a également lancé un appel plus large afin d’attirer la participation d’entreprises internationales dans le programme de construction de logements.

Quelque 200 entreprises ont manifesté leur intérêt, parmi lesquelles 60 répondent aux critères de valeur technique et de prix fixés par le gouvernement. Les entrepreneurs chinois se taillent la part du lion dans cette présélection, avec un total de 20 sociétés identifiées, suivis par six entreprises espagnoles, cinq portugaises et deux italiennes.

Ceux qui remporteront le marché, et se verront confier la construction de 2000 à 5000 logements, seront dans l’obligation de s’associer à des partenaires algériens dans le cadre de joint-ventures. Si ces projets de logement ont été financés par le gouvernement, le financement privé joue également un rôle.

En mai, le PDG de la banque Crédit Populaire d’Algérie (CPA) a déclaré dans les médias locaux que les banques publiques du pays allaient financer la construction de 250 000 nouveaux logements, d’une valeur totale de 12 milliards d’euros, ce qui représente l’une des plus grandes opérations de financement de l’histoire de l’Algérie.

Un accord a été signé avec l’Entreprise Nationale de Promotion Immobilière (ENPI) sur la livraison de 150 000 logements et, plus tôt, un accord avait été conclu avec l’Agence Nationale de l’Amélioration et du Développement du Logement en vue de la construction de 100 000 logements sociaux.

Il reste toutefois de nombreux défis à relever, notamment en ce qui concerne la quantité insuffisante de matériaux de construction, qui a entrainé une hausse des coûts et occasionné des retards sur certains projets.

Ces dernières années, le pays a connu un déficit annuel en ciment de 3 millions de tonnes, certaines estimations chiffrant même la pénurie à 5 millions de tonnes. Jusqu’à présent, les importations ont en partie permis de réduire la volatilité des prix ; le gouvernement espère réduire la dépendance envers ces importations en augmentant la capacité de production nationale.

Étant donné le très grand nombre de projets de logement actuellement dans les tuyaux, des préoccupations ont été exprimées quant à d’autres matériaux de construction, dont la demande pourrait s’avérer bien supérieure à l’offre.

En juin, le président de l’Association des Briquetiers Algériens a sonné l’alarme, déclarant que l’Algérie risquait de devoir importer des briques d’ici quelques années si aucun nouvel investissement n’était effectué pour accroître la production des carrières d’argile actuellement en exploitation.

La pénurie de logements constitue l’un des plus grands défis qui attend le gouvernement. Mais, grâce à l’engagement de l’État pour développer les options en matière de logements sociaux et à la participation de promoteurs privés dans ces projets, le marché du logement ne manquera pas de continuer à stimuler la croissance.

OBG