Le marché de la devise s’envole
Tout le monde sait que ces courtiers d’une «Bourse» d’un autre genre ne sont que façade, qu’ils sont alimentés par les barons qui eux sont soutenus par les bonnets de l’Etat.
Il est connu de tous que notre diaspora participe d’une matière directe à l’activité économique nationale. L’appui de «nos émigrés» est la source d’activité et création de richesses dans différents domaines. Il serait, d’ailleurs, intéressant d’en évaluer l’impact sur l’économie nationale. Sauf qu’à l’image d’autres secteurs, cet apport, en plus d’être mal apprécié, mal rentabilisé institutionnellement, suit des sentiers parallèles qui échappent à toute forme d’organisation ou de contrôle qui auraient pu optimiser son apport au profit de la collectivité au lieu de servir des intérêts occultes et soutenir ainsi une économie souterraine.
Le marché de la devise est à ce titre édifiant. D’aucuns constatent l’incapacité de notre système financier, nos institutions bancaires à se hisser aux nouvelles exigences d’une économie de marché et de soutien à l’investissement. C’est sans doute ce blocage qui alimente le marché informel de la devise et par la même occasion la saignée de l’économie et la finance nationale. Quand l’ex-ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia déclarait «qu’il ne fallait pas éradiquer le marché informel des devises du square Port-Saïd sous prétexte que les citoyens y trouvaient leur compte».

On en a, là, l’expression officielle d’un environnement politique qui ne peut favoriser aucune dynamique d’investissement étranger. Plutôt «l’encouragement» d’une pratique illicite et frauduleuse au vu et au su de tout le monde». Le square Port-Saïd en est l’arène d’une «banque» à ciel ouvert de trafic de devises sous les regards des «spectateurs impuissants» ou complices des pouvoirs publics. Il doit y avoir suffisamment d’intérêts occultes et personnels en jeu pour que cette situation perdure et surtout ne suscite aucune alerte.
En revanche, il est aisé de constater la mobilisation des forces de sécurité pour chasser et courir derrière, parfois, des «badauds» et autres «commerçants à la sauvette» squattant des trottoirs. Et pourtant, nos voisins, tunisiens et marocains, ont réussi à organiser leur diaspora pour en faire de leur apport un soutien à leur économie locale.
Ce que nous n’avons toujours pas réussi à faire alors que nous possédons de plus meilleurs atouts. C’est aussi cela le retard que prend le pays dans une quête de positionnement politique et économique régionale.
Il est clair que pour parler de la «Bourse» informelle, il faut remonter aux pontes qui sont derrière. Voir ces jeunes hommes brandissant des liasses de devises et de dinars, interpelle à plus d’un titre. Comment peuvent-ils vaquer à leur commerce sans être inquiétés par la police qui d’ailleurs n’est pas loin, à croire qu’elle est là pour les protéger.
Bref, tout le monde sait que ces courtiers d’une Bourse, d’un autre genre ne sont que façade, qu’ils sont alimentés par les barons qui, eux, sont soutenus par les bonnets de l’Etat. Le gouvernement au lieu de régulariser le marché des devises en créant des bureaux de change, comme c’est le cas chez nos voisins, encourage le marché noir de la devise, car ces pontes trouvent leurs comptes. Ils s’enrichissent sur le dos du peuple.
Quand on part en voyage, outre l’allocation devise – dérisoire au passage – on est dans l’obligation d’acheter de la devise au marché noir, contribuant malgré nous à la croissance de cette «Bourse» informelle. On ne peut pas voyager à l’étranger avec nos dinars vu que notre monnaie ne vaut rien, car dévaluée.