Le marché aux vêtements d’Ain Fakroun : une planche de salut pour les parents

Le marché aux vêtements d’Ain Fakroun : une planche de salut pour les parents

Le marché aux vêtements d’Ain Fakroun (25 km à l’ouest d’Oum El Bouaghi) prend, à l’approche de chaque fête de l’Aïd El Fitr, des allures de « refuge » pour de nombreuses familles algériennes « plombées » par les dépenses du mois de Ramadhan.

N’ayant d’autre choix que de satisfaire les caprices de leurs chérubins alors même que le f’tour Ramadhan n’en finit pas de « pomper » le portefeuille, les pères de familles avisés ne peuvent trouver mieux que ce paradis de la « fringue » où l’on trouve de tout, pour tous les goûts et pour toutes bourses.

Depuis le 15ème jour du Ramadhan, le marché d’Ain Fakroun, réputé pour être la plaque tournante régionale du commerce du prêt-à-porter et de la chaussure, est littéralement pris d’assaut, de jour comme de nuit. Là, négocier un prix, c’est possible.

C’est même conseillé. Certains citoyens, passés maîtres dans cet art difficile consistant à arracher un rabais, arrivent à obtenir (surtout s’ils se montrent patients et suffisamment « bluffeurs ») des ristournes de 50 %, voire davantage.

« J’habite Oran et je ne suis pas spécialement dans la région pour acheter des habits, mais j’ai tenu à visiter le marché d’Ain Fakroun qui, m’a-t-on dit, promet de belles surprises », confie Samia, une mère de trois enfants venue passer quelques jours chez sa s£ur mariée à Constantine.

Des vêtements adaptés à toutes les bourses

Le marché d’Ain Fakroun qui grouille de clients, notamment durant les derniers jours du mois de Ramadhan, propose un large éventail d’effets vestimentaires adaptés à toutes les bourses. Ici, tout le monde trouvera son compte. L’offre n’exclut pas les bourses les plus maigres.

Des ensembles pour enfants sont écoulés à 500 dinars, au grand bonheur des ménages de condition modeste. Rencontré par l’APS au sortir du marché, Nabil, un père de 2 enfants de 6 et 8 ans, venu de Constantine pour dénicher la bonne affaire, avoue n’avoir « pas eu besoin d’une fortune pour satisfaire (ses) deux enfants » et enchaîne que dans son quartier de Sidi-Mabrouk, « cette prouesse » (2 ensembles d’été constitués d’un jean et d’un tee-shirt, et deux baskets pour moins de 10.000 dinars) est « impensable ».

Situé dans la wilaya d’Oum El Bouaghi mais à une cinquantaine de kilomètres seulement de Constantine, le marché d’Ain Fakroun où activent aussi les grossistes approvisionnant les commerçants de la toute la région, est surtout « investi » par les familles constantinoises.

« Sidi Fakroun » préféré à Sidi Mabrouk

De nombreux habitants de Constantine, mais également de Mila, de Skikda ou de Guelma, qui préféraient acheter les habits de l’Aïd dans les magasins chics de Sidi-Mabrouk ou de St-Jean, sur le Vieux Rocher, optent aujourd’hui ce marché.

« Maintenant, je préfère ’Sidi Fakroun’ à Sidi-Mabrouk, et de loin, car j’y trouve mon compte », affirme avec humour Lynda, une étudiante constantinoise de 22 ans. Une façon pour elle de dire qu’Ain Fakroun n’a rien à envier à Sidi-Mabrouk en matière de produits de luxe, payés ici, parfois, deux fois moins cher.

Les commerçants de la place expliquent la différence de prix par ce qu’ils appellent le principe du « cycle d’écoulement ». Il est normal, selon le gérant d’une boutique, que les articles soient moins chers à Ain Fakroun, « ville où atterrit l’essentiel des habits d’importation ». Il est normal aussi, renchérit-il, que les prix « augmentent au prorata de la distance que les vêtements auront parcouru avant d’être proposés à la vente ».

Ces explications cartésiennes n’intéressent pas les clients qui ne demandent qu’à trouver leur compte. Le cycle d’écoulement, les « histoires » entre importateurs, grossistes et détaillants constituent pour les pères de familles une « affaire interne », trop compliquée pour eux.

Les réflexes de consommation notamment lors de la fête d’Aïd el Fitr ont fini par se standardiser, de Tamanrasset à Annaba, et le point de chute semble être le marché d’Ain Fakroun qui devient de plus en plus prisé par les commerçants de l’Algérie entière (Ouargla, Oued Souf, Oran, et Alger entre autres) et par les habitants de toute la région est du pays qui n’hésitent pas à y faire une virée même en plein mois de Ramadhan et sous un soleil de plomb.