Le Marathon d’Alger comme repère d’époque du «vivre ensemble»

Le Marathon d’Alger comme repère d’époque du «vivre ensemble»
le-marathon-dalger-comme-repere-depoque-du-vivre-ensemble.jpg

New York a connu deux désastres en une semaine. Le passage de Sandy, puis vendredi dernier, l’annulation du marathon le plus fameux du monde.

Un immense sinistre marketing. Parce que le marathon de New York draine des dizaines de milliers de participants –  46 536 arrivants en 2011. Et propose l’une des plus belles vitrines de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE). Du marketing sociétal. Les grandes firmes américaines s’arrachent dans le sponsoring du Marathon de New York. Et s’y montrent sous toutes les coutures. Plus grand nombre d’engagés, plus grand nombre de femmes participantes, plus grand nombre de handicapés – à fauteuil – parrainés. Le bien-être corporel est au cœur du message. Et une course de 42 km cristallise tous les poncifs sur le dépassement de soi.

Le 4e marathon international d’Alger, lui, a échappé à l’Ouragan. Il s’est tenu ce week-end. Et, à lui seul, raconte l’Algérie de 2012. Moins de 2000 participants, parcours expulsé du centre historique – et plat – de la ville, parrainage encourageant, mais encore précaire qui ne permet pas d’attirer à Alger des ténors de l’exercice et, par dessus tout, faiblesse du partenariat public-privé qui retentit sur la qualité de l’organisation. Une promesse de fête. Pas encore populaire. La qualité du «vivre ensemble» est souvent un indicateur plus explicite que le Pib par habitant au sujet du bonheur des nations. Et, de ce point de vue, pour une fois, pouvoirs publics et entreprises privées algériennes sont uniformément en retard sur l’époque. D’abord, les  pouvoirs publics. Ils ne comprennent toujours pas, en 2012, l’intérêt de la promotion d’un grand événement sportif qui fait briller la lumineuse ville d’Alger.

Les destinations touristiques se construisent aussi comme cela. Tous les 1ers dimanches de novembre, presque deux millions de spectateurs encouragent les coureurs tout au long du parcours dans New York. Le marathon est suivi en direct par plus de 315 millions de téléspectateurs. Comparaison déraisonnable ? Tout est relatif. En 1970, à sa naissance, ils étaient 127 concurrents pour quelques milliers de badauds curieux. Le marathon d’Alger n’arrive pas vraiment à décoller. Comme tout ce qui nécessite en Algérie un montage complexe d’initiatives professionnelles, de financements privés et de soutien stratégique public. L’Etat n’aime pas l’avenir. Et ne déroge pas à la dictature du présent. La preuve : la DGSN a relâché la circulation automobile sur la course ce samedi. Les «marathoniens» ont couru parmi les tuyaux d’échappement. Et les sponsors auront du mal à vendre à leurs clients, l’image d’un événement «propre».

LG Algérie