La crise malienne empoisonne à nouveau les relations franco-algériennes. A deux mois de la visite du président François Hollande à Alger prévue durant la première décade de décembre prochain, la tension s’installe entre les deux pays.
Même si Manuel Valls en visite dimanche à Alger a nié l’existence de divergences, les désaccords sur le Mali existent entre les deux pays. Le forcing de la France pour une intervention militaire urgente pour chasser les groupes islamistes armés qui occupent le nord-Mali agace l’Algérie. La France veut frapper d’abord et dialoguer ensuite, et l’Algérie le contraire. Les Algériens redoutent les conséquences désastreuses d’une intervention militaire étrangère, appuyée par la France au Nord-Mali, sur la stabilité du Sahel. Elle reproche du coup à la France de chercher à protéger ses intérêts dans le Sahel et à utiliser la crise malienne pour rebondir sur la scène internationale.
Alger soutient les rebelles touaregs
Outre la primauté du dialogue sur la force, les deux pays peinent à se mettre d’accord sur le statut du groupe islamiste touareg Ansar Dine, considéré par Paris comme un groupe extrémiste alors qu’Alger le juge fréquentable. Le ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, qui vient de faire une tournée dans les pays du Sahel, insiste sur la nécessité de faire la différence entre les mouvements rebelles au nord Mali incarnés par le MNLA (indépendantismes touareg, laïcs) et Ansar Eddine, avec lesquels des pourparlers sont engagés depuis plusieurs semaines, et les mouvements terroristes comme AQMI et le Mujao (Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’ouest). L’objectif est d’isoler afin d’affaiblir les groupes armés affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ce que Paris refuse.
Position délicate de l’Algérie
Jeudi dernier, M. Hollande avait catégoriquement rejeté toutes négociations préalables à une intervention militaire africaine au Nord Mali, une proposition avancée la veille par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki Moon.
L’Algérie fait face en fait à un problème crucial et sa marge de manœuvre reste faible. Sans moyens de faire pression sur les pays du Sahel pour constituer un front pour le dialogue, Alger ne veut pas se fâcher avec Paris au risque de compromettre la visite de M. Hollande sur laquelle elle fonde l’espoir de renforcer ses relations avec l’ancienne puissance coloniale, dans un contexte régional, marqué par les révoltes arabes.