Asthme, rhinite, et autres maladies respiratoires..
A Mostaganem, bien en-deçà de la réalité car la plupart du temps sous-diagnostiqué, l’asthme affecte aujourd’hui quelque 45.000 malades dont une grande proportion d’enfants. C’est-là une augmentation nette particulièrement remarquable par rapport à il y a une douzaine d’années, quand, à la tenue des premières éditions des Etats généraux de l’asthme en Algérie, on faisait état d’environ 32.000 asthmatiques vivant à travers la wilaya.
Une augmentation dont la concentration se localise surtout au chef-lieu et au niveau de la frange littorale ouest met en évidence le double impact du climat et de l’humidité marins et de la zone industrielle d’Arzew voisine. Outre l’humidité ‘’naturelle’’ mais dont on ne cherche pas à esquiver les dégâts en ‘’entassant’’ des logements, de surcroit sociaux, construits en dépit de la réglementation ‘’pieds dans l’eau’’, la pollution reste déterminante parmi les facteurs qui causent l’asthme, les allergies et une grande panoplie de maladies respiratoires.
Les caprices brusques du temps qu’il fait, et l’alternance soudaine des hausses puis baisses de la température, favorisent l’apparition des pathologies.
Exemple édifiant en la matière, à la cité de l’OAIC, où les silos de stockage des céréales de cet office, et l’unité de fabrication des aliments de bétail de l’ONAB ont été phagocytés par le tissu urbain, désormais, il ne fait plus bon vivre. Outre les odeurs incommodantes lancées par intermittence, au gré du vent, par l’unité de la SNTA, les deux unités agro-industrielles ‘’empoisonnent’’ la vie citadine par d’énormes quantités de poussière en suspension dans l’air.
Les habitants de la dite cité, mais également ceux des autres quartiers avoisinants, ne cessent de dénoncer les effets néfastes provoqués par les émanations poussiéreuses et d’attirer l’attention des pouvoirs publics.
Oran, ville et wilaya, n’est pas mieux lotie !
Selon des estimations extrapolées des statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la wilaya d’Oran compterait plus de 90.000 patients souffrant de maladies pulmonaires. ‘’Même beaucoup plus que cela, car ces pathologies demeurent largement sous-diagnostiquées’’, confirme l’ampleur le professeur Yahia Berrabah, le président du conseil scientifique national, qui a présidé samedi dernier, à la bibliothèque centrale de l’Université de Mostaganem, les travaux de la 13è édition des Etats généraux de l’asthme en Algérie.
A Oran-ville, la prévalence de l’asthme et des autres comorbidités respiratoires dans les centres urbains limitrophes des zones industrielles reste parmi les plus élevées de la wilaya et du pays.
Parmi les daïras de cette wilaya, celle d’Arzew, surfe tristement sur les hauteurs du ‘’Hit-parade’’ épidémiologique, eu égard au nombre de personnes affectées par cette pathologie. Arzew paye cher sa proximité immédiate de l’un des plus grands pôles industriels et pétrochimiques du pays, produisant une pollution qui outrepasse les normes universelles.
Citées par un quotidien régional, les statistiques de l’EPSP (Etablissement public de la santé de proximité) d’Arzew font état de 1500 à 2000 cas d’asthme bronchique déclaré, alors que les urgences médicochirurgicales d’El Mohgoun, ouvertes H24, reçoivent une moyenne quotidienne de 25 à 30 malades en crise.
Encore faut-il revenir aux propos du spécialiste Berrabah, et souligner que, l’hospitalisation n’étant pas systématique, une majorité de malades échappant aux statistiques, demeure mal suivie, sinon ignorée des pneumo-phtisiologues. Et pour cause !
Tout d’abord, à défaut de ressources financières, nombreux sont les malades qui se privent, malgré eux, de consultation et de suivi, long, régulier et fort onéreux, par un spécialiste. Ensuite, en raison du médicament, parfois indisponible du fait de la forte ‘’concurrence’’ dont il fait objet de la part d’un important nombre de patients en crise. La pollution atmosphérique, causée par les émanations de gaz nocifs des unités pétrochimiques et industrielles, est à l’origine de la recrudescence des cas d’asthme et de maladies respiratoires.
En milieu scolaire, des chiffres très en-deçà de la réalité
En quête de statistiques sur le ‘’fléau’’ en milieu scolaire à Mostaganem, le Dr M. Benkhadech auquel revient l’honneur et l’initiative des Etats généraux de l’Asthme en Algérie, est resté perplexe devant le chiffre que le préposé responsable lui transmis : 3 élèves seulement souffraient de l’asthme dans tous les lycées, collèges et écoles de la wilaya de Mostaganem. Encore c’étaient les statistiques de la direction de la santé et non de l’éducation ! ‘’Peut-être qu’il y a une erreur de zéros qui ont sauté ! 3000 élèves atteints aurait été plus proche de la réalité !’’, avait rétorqué le médecin en sa qualité de spécialiste plus au fait de l’ampleur du fléau.
Selon une source médiatique attribuant les chiffres à la Direction de la Santé de la wilaya, un total de 1969 cas d’asthme a été dépisté, cette année, en milieu scolaire, parmi une population de 116 232 élèves auscultés sur un effectif global de 316 373 élèves fréquentant les trois cycles de l’enseignement dans la wilaya d’Oran.
Les mêmes sources indiquent également que les zones présentant une pollution atmosphérique constante, à l’instar des circonscriptions d’Arzew et Bethioua, abritent le plus grand nombre d’asthmatiques parmi les écoliers dépistés, soulignant le fait que l’augmentation de ces cas reste continuelle au fil des ans, sans possibilité d’atténuer, et encore moins inverser la tendance ascendante.
En définitive, de par leur statut de villes côtières, et de leur climat marin très humide, aggravé par la proximité immédiate de l’immense zone industrielle, notamment pétrochimique, Mostaganem, Arzew, et Oran se distinguent en matière de prévalence de l’asthme, allergies, et autres affections surtout respiratoires qui se greffent avec.
M. Ould Tata