Le malade et la grève dans les hôpitaux «On nous reçoit comme des chiens»

Le malade et la grève dans les hôpitaux «On nous reçoit comme des chiens»
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Au moment où toutes les structures hospitalières sont entièrement paralysées par une multitude de grèves, le ministère de la Santé, par des statistiques farfelues, veut se voiler la face et masquer la réalité.

Il parle de 18 % du taux de suivi de la grève des praticiens.



Entre la position des uns et des autres, le malade subit le contre-coup d’un mouvement qui perdure. A quand des décisions définitives à ce récurrent problème de grèves ?

Tous les témoignages de la presse nationale et des citoyens convergent dans le même sens : «Les hôpitaux sont entièrement paralysés et le malade doit prendre son mal en patience, sauf que la patience s’accommode très mal avec la souffrance.» C’est d’ailleurs le cas de plusieurs malades que nous avons approchés ce matin dans certains hôpitaux de la capitale. Le témoignage poignant sur les ondes de la Chaîne 3 d’une patiente est édifiant. Elle est atteinte de plusieurs maladies chroniques, elle est parkinsoniène, épileptique, cardiaque et cancéreuse. «Je me déplace toujours pour un rendez-vous, que malheureusement je n’obtiens jamais. A chaque fois c’est la grève. On nous reçoit comme des chiens», dit-elle au micro de la chaîne 3 et de poursuivre : «J’attends un rendez-vous depuis 5 mois. A chaque fois, c’est le même refrain : ‘’C’est la grève, revenez une autre fois.’’ Lorsque je demande de me fixer un autre rendez-vous, il m’est répondu : ‘’ Même le stylo est en grève.’’ En leur disant que j’avais un stylo, la réponse a été immédiate de la part du préposé au registre des rendez-vous : ‘’Nous n’avons pas le droit d’écrire.’’ Je n’ai jamais pleuré au sujet de mes maladies, je n’ai jamais dit Dieu pourquoi je suis malade, mais j’ai dit Dieu pourquoi ils font comme ça. Ils ne sont pas humains, ils ne sont pas humains», dit-elle en sanglotant.

Le bras de fer est engagé entre l’intersyndicale composée de différents corps de la santé qui observent depuis des semaines des grèves cycliques et le ministère de tutelle dans le but d’arracher des droits qu’ils revendiquent pour certains depuis des années. Cette protestation a pris une forme radicale au vu des options choisies par certains corps, dont les paramédicaux et les corps communs, qui ont décrété la grève illimitée «vu les déclarations du ministre», ont-ils répété à plusieurs reprises. De son côté, l’intersyndicale de la santé est entrée dans sa deuxième semaine de protestation.

Le docteur Merabet, interrogé sur les reproches de certaines associations, à l’instar de Kheireddine Mokhbi de l’Association des malades chroniques qui s’alarmait sur l’état de certains malades, aggravé par un dysfonctionnement au niveau des urgences, a estimé que «les syndicats s’étaient toujours inscrits dans le dialogue jusqu’à ce que la tutelle décide de le rompre, c’est donc vers elle que les associations doivent se tourner».

«Aucune association ne s’est manifestée auprès des syndicats et les praticiens qui sont chaque jour au côté du citoyen, ont toujours assumé leurs responsabilités», souligne le docteur Merabet. «Toutefois, lorsqu’on est dans une démarche de mobilisation sociale, on ne peut assurer qu’un service minimum au niveau des urgences médicochirurgicales. Tout ce qui peut être différé n’est pas couvert par le service minimum et les malades chroniques entrent dans le cadre d’un suivi de consultation», a-t-il expliqué, déplorant que le système médical ait créé une médecine à deux vitesses et oblige certains patients à se diriger vers des cabinets privés toute l’année.

R. K