Après neuf jours de souffrances, Mohcin Bouterfif est décédé lundi 24 janvier à 11h30 du matin au service des grands brûlés du centre hospitalo-universitaire Ibn-Sina de Annaba, à l’Est d’Algérie, a appris DNA de source hospitalière sur place. L’information nous a été confirmée également par un membre de la famille du défunt. C’est le deuxième cas de décès par immolation par le feu en Algérie. Le jeune chômeur s’est immolé le 15 janvier dernier pour protester contre le refus du maire de lui accorder un emploi. Ce dernier lui avait conseillé de faire comme le jeune tunisien, Mohamed Bouazizi, qui s’est immolé le 17 décembre dernier à Sidi Bouzid, en Tunisie.
Placé en coma artificiel depuis plusieurs jours, Mohcin Bouterfif est décédé des suites de ses brûlures lundi 24 janvier. Son corps a été transporté dans la matinée à son domicile au village de Boukhadra, dans la région de Tébessa, à l’extrême Est d’Algérie.
Mohcin Bouterfif, 37 ans, père de deux enfants, a tenté de mettre fin à sa vie samedi 15 janvier dernier après s’être aspergé d’essence et avoir mis le feu à ses habits. ll faisait partie d’un groupe d’une vingtaine de jeunes rassemblés devant la mairie de Boukhadra pour protester contre le refus du maire de les recevoir, selon des habitants de la région. Ils demandaient des emplois et des logements.
Le P/APC avait rabroué Mohcin de la manière la plus inconvenante qui soit, lui suggérant de faire, si sa réponse ne l’agréait pas, comme le jeune tunisien Mohamed Bouazizi qui s’est immolé par le feu à Sidi Bouzid, en Tunisie, le 17 décembre dernier.
Selon un témoignage recueilli par le journal El Watan ( 25 janvier ), le maire lui a lancé : « Illa andek courage, Dir kima Bouaziz, chaâl rouhek ! ( Si tu as du courage, fais comme Bouazizi, immole-toi par le feu !». Depuis, le président de l’APC de Boukhara a été relevé de ses fonctions par le wali (préfet) de Tébessa.
Donné pour mort par plusieurs organes de presse, DNA y compris, la victime était en vérité placée sous sédatif et se trouvait dans un état critique depuis son admission à l’hôpital. « Il est en vie mais dans un état critique. Il est sous assistance respiratoire », déclarait lundi 17 janvier à l’AFP Salah Medjalakh, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital d’Annaba où l’homme avait été admis samedi. « On lui administre des sédatifs pour calmer ses douleurs », avait-il ajouté.
Dimanche 16 janvier, un membre de la famille de la victime avait indiqué à l’AFP que Mohcin avait succombé à ses brûlures en fin d’après-midi. « Il est toujours en soins intensifs à l’hôpital d’Annaba. Il est actuellement suivi par de grands spécialistes venus d’Alger », a assuré de son côté lundi 17 janvier à l’agence de presse APS le père de la victime, Amor Bouterfif.
La mort de Mohcin porte à deux le cas de décès par immolation par le feu en Algérie. Samedi 22 janvier, Karim Bendine a succombé à ses brûlures après s’être immolé par le feu le 18 janvier en plein centre-ville de Dellys, dans l’est de l’Algérie.
Karim Bendine, célibataire et souffrant, semble-t-il, de troubles mentaux, est mort à l’hôpital de Douéra à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest d’Alger, où il avait été admis après avoir tenté, pour des raisons inconnues, de mettre fin à ses jours.
Sept autres actes de suicide par le feu ont été enregistrés en Algérie depuis le 12 janvier ernier. Ces tentatives d’immolation interviennent après un retour au calme dans le pays, secoué du 6 au 9 janvier par des émeutes qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés.
En Tunisie, la révolte qui a contraint le président Zine Al-Abidine Ben Ali à la fuite a eu pour point de départ la tentative de suicide par le feu de Mohamed Bouazizi, 26 ans, le 17 décembre à Sidi Bouzid. Vendeur de légumes, Mohamed Bouazizi est décédé le 4 janvier devenant ainsi une sorte de martyr en Tunisie, au Maghreb et dans le monde arabe.