Tunis veut
Loin d’être qu’une simple rencontre diplomatique, cette visite est avant tout une entrevue politique, qui vise surtout à rassurer les autorités algériennes et lever toute équivoque sur les fortes relations algéro-tunisiennes.
Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Othman Jarandi, effectuera mardi et mercredi une visite de travail à Alger à la tête d’une importante délégation, a indiqué hier le porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Amar Belani. Selon le porte-parole des AE, cette visite s’inscrit «dans le cadre des consultations régulières entre l’Algérie et la Tunisie et dans l’esprit de fraternité et de bon voisinage qui caractérise les relations entre les deux pays et sera l’occasion pour les responsables des deux pays d’examiner les différents volets de la coopération bilatérale et notamment les questions liées à la coopération dans le domaine sécuritaire», a enfin ajouté le porte-parole du MAE.
Mais loin d’être qu’une simple rencontre diplomatique et protocolaire, cette visite est avant tout une entrevue politique, qui vise surtout à rassurer les autorités algériennes et lever toute équivoque sur les fortes relations algéro-tunisiennes, suite à la campagne médiatique tunisienne accusant l’Algérie d’être derrière l’attentat terroriste du mont Chaâmbi.
Cet incident survenu, pas loin de la frontière algéro-tunisienne a tout de suite été récupéré par les médias proche de Rached Ghannouchi, leader du mouvement Ennahda, accusant l’Algérie d’avoir indirectement «exporté» son terrorisme en Tunisie. Le parti au pouvoir en Tunisie, Ennahda, a instrumentalisé des télévisions proches de son mouvement comme Zitouna TV, Al Moutawassat. animée par le rédacteur en chef d’El Fejr (un organe d’Ennahda) tentant vainement et sans preuve d’établir le lien entre deux événements: ce qui s’est passé à Kasserine et la présence d’un homme d’affaires tunisien à l’ambassade d’Algérie.
Lors d’une autre émission, un journaliste est même allé jusqu’à appeler le président Moncef Marzouki, lui demandant de convoquer l’ambassadeur de l’Algérie en Tunisie.
Une campagne médiatique tunisienne qui a été par la suite récupérée par certains médias et sites électroniques français pour amplifier la crise entre les deux pays frères et voisins.
Mais suite à cette attaque médiatique, l’Algérie a rapidement réagi par le biais des Affaires étrangères pour condamner «fermement» les allégations «scandaleusement mensongères» rapportées par certains cercles en Tunisie, à travers des télévisions et sites électroniques, qui la mettent en cause dans la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays. Une crise diplomatique qui a été évitée par le gouvernement tunisien qui s’est vite rattrapé, en démentant l’implication de l’Algérie dans les récentes actions terroristes en Tunisie.
C’est même le ministère tunisien des AE Othman Jarandi, qui effectuera aujourd’hui une visite en Algérie, qui a été chargé par le gouvernement tunisien et son chef politique Ghannouchi de faire passer le message aux Algériens et de lever toute ambiguïté sur l’état des relations entre Alger et Tunis.
Le MAE tunisien a notamment, placé l’Algérie comme «la grande soeur» de la région, qui n’a rien à voir avec les tentatives visant à porter atteinte à la paix et à la stabilité en Tunisie, soulignant le niveau de la coopération bilatérale constructive et de la coordination sécuritaire continue établie entre la Tunisie et l’Algérie.
Vingt heures après la dissipation de ce brouillard dans les relations algéro-tunisiennes, une force militaire combinée entre les deux armées a mené une action militaire visant à déloger les terroristes de la région du mont Chaâmbi.
Le MAE tunisien, Othman Jarandi, qui sera également reçu lors de sa visite par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, discutera notamment de la coopération militaire et surtout de la sécurisation des frontières entre les deux pays surtout à l’approche du mois d’août, début des vacances et du rush des touristes en Tunisie.
Car il ne faut pas oublier que plus d’un million de touristes algériens passent leurs vacances en Tunisie chaque année, ce qui représente une manne importante pour l’Office du tourisme tunisien.
Enfin, cette visite vient à point nommé pour sortir les grands dossiers de coopération entre les deux pays dans le domaine économique et surtout politique dans une atmosphère marquée par le retour de flammes de la révolution arabe.