«Les relations algéro-françaises s’inscrivent dans la durée et ne sont pas contrariées par des difficultés conjoncturelles»
«D’évidence, les relations algéro-françaises sont excellentes et sont appelées à se renforcer davantage», a estimé le chef de la diplomatie algérienne.
Alger et Paris reviennent à de meilleurs sentiments. Le climat de tension créé par la boutade du président français s’est vite éclipsé. Evaluant l’état des relations entre les deux pays, le chef de la diplomatie algérienne a multiplié ses expressions en les qualifiant d’exceptionnelles, de permanentes et de dynamiques.
«Les relations algéro-françaises s’inscrivent dans la durée et ne sont pas contrariées par des difficultés conjoncturelles», a déclaré Ramtane Lamamra, qui s’exprimait dans un entretien au mensuel Afrique Asie dans son édition de janvier prochain.
Le ministre des Affaires étrangères n’a guère évoqué la boutade de Hollande. Il a plutôt mis l’accent sur la dynamique qui marque ces relations. En plus clair, il précise que les relations entre l’Algérie et la France «s’inscrivent désormais dans une dynamique qui tend à prendre davantage en charge les intérêts des deux pays et répond aux attentes des deux peuples algérien et français». S’appuyant sur la dimension humaine de ces relations, M.Lamamra estime qu’elle a vocation à être «véritablement le socle» sur lequel les deux pays construisent ensemble les projets d’avenir. M.Lamamra a relevé, dans ce sens, l’importance de la communauté nationale établie en France, en observant que «de plus en plus de Français prennent le chemin de l’Algérie pour y travailler et s’y établir, au moment où les entreprises françaises s’engagent également dans des projets de localisation industrielle». Le chef de la diplomatie a soutenu que cette mobilité est «appuyée des deux côtés» et qu’elle «épouse le dynamisme de notre coopération, en accordant plus d’attention à la facilitation des procédures de visas et au respect du cadre juridique garantissant l’établissement des ressortissants algériens en France».
Même sur le plan économique, M. Lamamra a rappelé que la France «est parmi les tout premiers partenaires de l’Algérie en Europe, avec un volume d’échanges d’environ 11 milliards de dollars annuellement. La France est, ajoute-t-il, le deuxième fournisseur après la Chine durant les neuf premiers mois de l’année 2013, et son quatrième client après l’Espagne, l’Italie et la Grande-Bretagne».
«Manifestement, des progrès sont encore possibles en matière économique», a estimé M.Lamamra en soulignant que même sur le plan culturel, les deux partenaires «encouragent», des deux côtés, l’ouverture d’écoles permettant de répondre à une «attente réelle» des Français qui s’établissent en Algérie et des Algériens établis depuis longtemps en France et qui restent «attentifs» à l’acquisition, par leurs enfants, de la culture et de l’éducation de leur pays d’origine. M.Lamamra indique qu’il est «inutile de rappeler ce que l’Algérie fait, par ses propres moyens, pour le rayonnement de la langue française».
La coopération technique a-t-il dit, a également connu un «essor important» ces dernières années, étant plus structurée dans le cadre d’un «document-cadre de partenariat» et que de nombreux secteurs bénéficient de cette coopération. Sur le plan politique, le chef de la diplomatie algérienne assure que Alger et Paris se concertent, au plus haut niveau, sur ce «partenariat d’exception» et le «nourrissent en consultations sur les questions internationales d’intérêt commun».
«D’évidence, les relations algéro-françaises sont excellentes et sont appelées à se renforcer davantage», a estimé M.Lamamra. «Je n’ai pas cru devoir m’arrêter sur les contentieux, les dossiers toujours ouverts, les sujets nécessitant davantage d’efforts et de créativité, les questions de politique régionale et internationale sur lesquelles nous n’avons toujours pas atteint le niveau souhaitable de convergence», a-t-il dit, ajoutant qu’«il y en a». Il a, cependant, assuré la présence d’une «volonté commune» des présidents Bouteflika et Hollande de «pousser, sans cesse plus loin, les frontières du possible dans cette relation algéro-française» qu’il a qualifiée de «spécifique».