Plus de 600 unités de fabrication de chaussures ont baissé rideau dans la wilaya d’Oran. Les propriétaires ne pouvaient plus résister devant «l’attaque» lancée par les produits «made in China» qui inondent le marché. Du coup, ce sont plusieurs centaines d’ouvriers qui se sont retrouvés au chômage.
L’un des fabricants ayant jeté l’éponge, dont le local était situé à Saint Eugène, raconte: «Je suis dans la confection artisanale de la chaussure depuis les années 70, et j’ai réussi à transmettre cette activité à mon fils.
Malheureusement, depuis le débarquement en force de la communauté chinoise, qui a investi tous les secteurs d’activité économique, la production locale a enregistré une chute libre. Et pour cause, nous ne pouvions plus résister devant les prix bas du produit chinois dont la qualité est loin d’égaler le local.»
Un autre artisan, installé à Haï El- Badr n’en revient pas : «Le fait d’activer au noir –ce qui me permet bien des économies et de proposer mes produits à un bon prix- ne m’a pas épargné. J’ai dû baisser les bras après m’être endetté vainement. » «Mais je ne suis pas le seul à en faire les frais, poursuit-il, mes deux employés, des sourds-muets, se sont retrouvés eux aussi sans ressource et ont dû donc changer d’activité. Ils sont petits vendeurs à La Bastille.»
Mais peut-on imputer la faillite de ces petites entreprises à seulement l’invasion des produits chinois? À la direction du Commerce de la wilaya d’Oran, on émet bien des réserves.
«Les boutiques proposant ces produits d’importations, et qui ont ouvert un peu partout à travers Oran, explique notre source, activent en toute légalité et conformément aux textes régissant l’activité commerciale en Algérie.»
«En fait, la majorité de ces ateliers de fabrication de chaussures dont vous parlez, souligne-t-il, activaient au noir et ont amassé ainsi de grosses fortunes. Malheureusement, cela n’a pas profité à l’économie algérienne ni même à ces fabricants qui n’ont pas su développer leurs entreprises. Et dois-je ajouter, c’est cela la concurrence dans l’économie de marché.»
C’est donc là le maître-mot. Un Chinois, gérant d’un grand magasin situé à la rue Larbi-Ben-Mhidi confirme: «Nous avons compris les besoins des Algériens et la tendance recherchée et nous avons fait en sorte de les satisfaire. C’est simple!».
Et qu’en est-il de la rumeur qui circule sur les articles made in China et qui provoqueraient bien des maladies dermatologiques. «Comme on n’a pas pu nous battre au plan du travail, on dit de tout sur nos produits», conclut notre interlocuteur, souriant derrière son comptoir.
Nadia D.