Après les entreprises publiques des travaux publiques, c’est autour des entreprises lourdement endettées des secteurs du textile, du cuir et du bois de bénéficier de la manne financière du gouvernement. Le portefeuille de toute la manufacture textile, cuir et bois va être réorganisé à travers notamment des opérations d’assainissement, de traitement du passif et le lancement d’investissement.
L’annonce a été faite, lundi 29 novembre, par Mohamed Ould Mohammedi, directeur général du développement industriel au ministère de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement. Ce responsable s’exprimait en marge d’un atelier sur le textile, le cuir et la maroquinerie, organisé dans le cadre d’une rencontre algéro-tunisienne au siège d’Algex a Alger. Pour les acteurs, il y a urgence à sauver le secteur de la concurrence déloyale et la contrefaçon.
Le dossier qui a déjà fait l’objet d’un examen au niveau du ministère, sera «soumis prochainement au Conseil des participations de l’Etat (CPE) », a-t-il ajouté. Aucun montant financier n’est arrêté. C’est en fonction d’un diagnostic sur les besoins du secteur que sera défini l’enveloppe financière que le gouvernement dégagera, a précisé Mohamed Ould Mohammedi. Environ 70 entreprises, soit la totalité du portefeuille de la SGP industries manufacturières, devrait bénéficier de cette bouée de sauvetage. Les dettes fiscales de ces entreprises sont évaluées à 50 milliards de dinars (669 millions de dollars), a révélé M. Saidani Abdelhak, président de la Société de gestion des participations des industries manufacturières (SGP/IM). L’accumulation des dettes empêchent in fine les entreprises des trois secteurs, sous la houlette de la SGP Industries manufacturières, d’engager des plans d’investissement et de développement. Si ces mêmes entreprises publique exerçaient autrefois une hégémonie presque totale sur le marché des textiles, du cuir et du bois, ce n’est plus le cas aujourd’hui tant leur part de marché a chuté à 10 %.
Textile, un secteur qui a touché le fond
Prospère durant les années 1970, le secteur des textiles en Algérie est aujourd’hui un corps presque anémique. « Le secteur a connu sa descente en enfer durant les années 80», a regretté Mohamed Benini, directeur général de l’Agence nationale de la promotion du commerce extérieur. La Fédération nationale du textile, affiliée à l’UGTA, soutient que la production de la confection-bonneterie a été divisée par 2,5 en l’espace de deux de décennies. Conséquence: une perte de 80 000 emplois durant la même période en raison de la faillite des entreprises publiques et privées.
Actuellement, le secteur public qui produit 20 à 25 millions de mètres linéaires annuellement ne couvre que 10% du marché national dont la demande avoisine les 100 millions de mètres linéaires/an. La raison de cette faillite est liée, selon des opérateurs du secteur, à deux facteurs. La levée des barrières sur les quotas d’exportation, auquel cas les entreprises nationales sont dans l’incapacité de diminuer leurs coûts de production. Ensuite, la concurrence déloyale et la contrefaçon qui inondent le marché national. Du coup, l’Algérie se tourne vers les produits d’importation, souvent en provenance des pays asiatiques, en particulier la Chine. Coût des importations : 6 milliards de dinars (80 millions de dollars) par an. Aujourd’hui, la part du textile dans le PIB est inférieure à 2%, selon les chiffres de l’Office nationale des statistiques