Le 5 juillet 1830, Alger tombait aux mains du corps expéditionnaire français commandé par le général de Bourmont. Le dey Hussein, incapable d’assurer la défense de sa ville, capitule le même jour.
Son geste mit fin à la Régence d’Alger. Le 5 juillet 1962, soit 132 ans jour pour jour après l’humiliante défaite du dernier dey d’Alger, l’Etat algérien indépendant naissait officiellement.
Il se donnera le nom de République algérienne démocratique et populaire, et dès sa proclamation il sera reconnu par la majorité des Etats de la communauté internationale. Il intégrera, sans opposition, l’Organisation des Nations unies et deviendra un des porte-drapeaux du mouvement des pays non-alignés. L’Algérie nouvellement indépendante se fera surtout connaître pour son appui sans faille aux mouvements de libération et aux peuples luttant pour leur liberté.
L’indépendance a été longue à recouvrer en raison, d’abord, de l’entêtement de la France à ne rien concéder aux indigènes qui puisse contrarier sa volonté de faire de l’Algérie une colonie de peuplement et, ensuite, du caractère parcellaire de la résistance populaire et de son effritement après la défaite de l’Emir Abdelkader en 1847.
Insignifiantes au début du 20e siècle, bouillonnantes dans les années 1930 mais plus radicales après les massacres du 8 mai 1945, les forces nationalistes porteuses de l’idée d’indépendance vont rompre avec le légalisme stérile dans lequel s’étaient confinés la majorité des partis autorisés. La crise du PPA-MTLD, apparue à la suite de dissensions internes graves, sera mise à profit par les éléments les plus radicaux du parti pour créer une organisation spéciale, l’OS, dont la mission est de préparer la guerre révolutionnaire.
En dehors des tentatives de rébellion dirigées par quelques bandits d’honneur, ou des jacqueries éphémères vite réprimées par l’autorité coloniale, c’est la première fois qu’une organisation politique structurée opte pour une méthode radicale, la lutte armée, au prétexte que les autres formes de lutte n’ont apporté jusqu’ici aucun résultat concret. Le démantèlement de l’OS et l’arrestation de ses principaux cadres ne seront d’aucun effet sur la marche du processus enclenché au lendemain des événements de Sétif, Kherrata et Guelma.
Ainsi, après une série de rencontres secrètes, des militants de l’ex PPA-MTLD, unis sous la bannière d’un nouveau parti politique, le FLN, déclencheront les hostilités le 1er novembre 1954. Les attaques de la «Toussaint rouge» conduiront, sept ans plus tard, à la signature des accords d’Evian et au cessez-le-feu du 19 mars 1962.
Ces deux événements seront suivis du référendum du 8 avril 1962, à l’issue duquel le peuple français se prononça sur le principe que soit accordée l’indépendance aux Algériens au cas où ils décideraient de leur séparation de la France. En application des accords d’Evian, un référendum est organisé le 1er juillet 1962. Le corps électoral, évalué à 6 549 736 votants, est appelé à se prononcer sur une seule et unique question : «Voulez-vous que l’Algérie devienne un Etat indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962 ?»
Les résultats de la consultation ont été sans équivoque : sur les 5 992 115 votes exprimés, 99,72% sont favorables à l’indépendance (5 975 581 de voix) contre seulement 0,28% (16 534 de voix). Prenant acte de la décision souveraine du peuple d’Algérie, le président français prononcera, le 3 juillet 1962, une brève allocution dans laquelle il annonce officiellement que «la France reconnaît solennellement l’indépendance de l’Algérie».
Deux jours plus tard, c’est au tour des représentants légitimes du jeune Etat algérien de proclamer la naissance officielle de la République algérienne démocratique et populaire. L’événement sera fêté sur toute l’étendue du territoire algérien, donnant lieu à des réjouissances qui dureront plusieurs jours. Beaucoup se souviennent encore des incroyables scènes de liesse populaire qui ont caractérisé les villes et les villages du pays.
A. L.