Avec de sérieux concurrents comme les multimédias, quelle est la véritable place du livre dans une société à tradition orale, la lecture n’est autre qu’un « vice raffiné et impuni » pour reprendre Valéry Larbaud.
Les réponses à ces deux questions et à bien d’autres, comme celle se rapportant au Centre national du livre, ont été apportées par M. Rachid Hadj Nacer, directeur du Livre et de la Lecture au ministère de la Culture invité, hier, du Forum d’El Moudjahid.
L’invité du Forum d’El Moudjahid est revenu longuement sur les actions menées par le ministère de la Culture en faveur du livre et de la lecture publique, même si pour le deuxième volet cette mission ne devrait pas incomber seulement au département de Mme Khalida Toumi. Il faut reconnaître qu’inculquer la lecture, cette fenêtre sur le monde, est une mission qui relève en premier lieu de l’Ecole qui doit intervenir pour faire face aux nouveaux concurrents du livre. Et c’est après un accord entre les ministères de l’Education nationale et de la Culture qu’une nouvelle matière « la lecture » a été instaurée récemment dans les programmes scolaires, mais cela reste insuffisant. Car il faut d’abord choisir les publications, former les enseignants à évaluer les élèves… à cet effet, une commission a été installée a expliqué M. Hadj Nacer. Parmi les mesures d’encouragement de l’Etat, le soutien à la création et l’édition, Le Fonds d’aide au développement et la création littéraire et artistique créé en 1999. Et ce sont quelque 3.000 titres et entre 1.000 et 120 éditeurs qui ont été soutenus par l’Etat. C’est dire que le nombre d’éditeurs en Algérie ainsi que le nombre d’ouvrages publiés confirment effectivement la tendance vers l’élargissement de la base du lectorat en Algérie.
Ce qui fera dire au conférencier que s’il n’y avait pas d’intérêt pour les livres en tant que produit de savoir, il n’y aurait pas eu autant d’auteurs et d’éditeurs». Selon les observateurs, le nombre de 200 éditeurs sur la place publique en témoigne long sur la politique de la promotion du livre. Une politique qui a apporté quelques fruits. il n’y a qu’à voir l’engouement des Algériens lors du Salon international du livre (SILA). Selon M. Hadj Nacer, ils étaient un million et demi de visiteurs au SILA 2011. Un rendez-vous très prisé par les éditeurs, qui dira-t-il, réalisent des chiffres d’affaires inespérés. Quant aux étrangers, ils se bousculent pour prendre part à ce rendez-vous littéraire. Dans quelque temps, dira-t-il, « on sera obligés de faire une sélection en raison de l’espace ». Autres mesures d’encouragement, dans le cadre de la promotion du livre algérien à l’étranger, l’aide fourni à ceux qui participent à des Salons internationaux. La location des stands, leur aménagement, l’acheminement des livres sont à la charge du ministère de la Culture.

Centre national du livre : les négociations sur la classification de cette institution en cours
Les questions des représentants de la presse nationale ont surtout porté sur le Centre national du livre considéré comme un acquis pour tous les intervenants de la chaîne du livre créé par décret présidentiel au mois de mai 2009. M. Hadj Nacer a expliqué que des négociations avec les Services de la fonction publique ; la réforme de l’administration et le secrétariat de la chefferie du gouvernement sont en cours dans le but de parvenir à la classification de cette instance. « Il s’agit d’une institution importante qu’il ne faut pas classer d’une manière superficielle », a-t-il ajouté. En attendant d’être installé dans de nouveaux locaux, dans un délai de 24 mois, le Centre a élu domicile dans l’ex- Bibliothèque nationale Frantz Fanon. Le Conférencier a tenu à préciser que l’organigramme de ce Centre a déjà été approuvé.
Le métier de libraire ne fait pas vivre
Le directeur du Livre et de la Lecture Publique a reconnu que le métier de libraire, dans notre pays ne fait pas vivre son homme. Le nombre de librairies répondant aux normes requises ne dépasse pas la quinzaine sur l’ensemble du territoire algérien. Un chiffre « très bas », a-t-il déploré pour M. Hadj Nacer la question des librairies constitue pas une « réelle préoccupation » dans les démarches entreprises par le ministère de tutelle pour promouvoir le livre et (re)donner goût à la lecture aux plus jeunes. L’autre préoccupation du département de Mme Toumi est le problème de la distribution. Pour Hadj Nacer le réseau est rudimentaire allant jusqu’à qualifier la diffusion du livre de « parent pauvre » en Algérie.
A cet égard, il a annoncé que le ministère de la Culture réfléchissait à la création d’une structure de distribution composée d’entreprises, publiques et privées, spécialisées dans l’édition et l’impression, et ayant comme locomotive l’Entreprise nationale des arts graphiques (Enag).
Des Bibliobus dans les 48 wilayas
Par ailleurs, M. Hadj Nacer, a rappelé que depuis septembre 2011 l’ensemble des 48 wilayas du pays sont dotées de bibliobus qui sillonnent les zones d’accès difficile. Un premier groupe du personnel, a-t-il assuré, a reçu une formation sur le fonctionnement de ces bibliothèques itinérantes. Un autre projet en l’occurrence « une bibliothèque par commune » qui ambitionne la création de plus de 1.500 bibliothèques, est selon les propos de M. Hadj Nacer « en bonne voie ». Et justement 450 bibliothèques de lecture publique seront réalisées dans toute l’Algérie à l’horizon 2014, dans le cadre d’un autre projet.
Nora Chergui