Un événement inoubliable pour tous les participants
«La vraie morale ne s’occupe de ce que nous pensons et voulons, mais de ce que nous faisons» Léon Trotski
«Avant ces dernières années, je croyais, dur comme fer, que j’étais marginalisé dans ma société, pareil à un laissé-pour-compte, voué aux jugements d’apitoiement, puisque diabétique confirmé. Mais voilà que des campagnes de sensibilisation, des contacts nombreux, comme celui d’aujourd’hui ici à Béjaïa, et des regroupements dans le vaste domaine de l’éducation physique et sportive m’ont remonté le moral et m’ont permis de mieux comprendre mon mal, de le vivre normalement, de le considérer comme une simple déficience à laquelle il faut remédier par des moyens appropriés…», nous déclarait, tout souriant, un jeune atteint de ce mal, qui venait participer au 11ème Marathon du diabétique, le samedi 8 décembre, organisé conjointement par l’Association des diabétiques de la daïra de Béjaïa «Assirem» et l’organisation humanitaire «les Lions club Algérie».
Ce jeune ne nous a pas quittés sans nous lancer dans une implacable logique, voulant nous persuader, qu’il est prêt à relever le défi de l’abattement et lutter contre cette déficience en se prenant en charge, le plus normalement du monde. «Quand la voiture manque de carburant, ne doit-on pas aller à la pompe?».

Les gens de l’ombre
Mais ce moral, nous diriez-vous, n’est-ce pas les efforts conjugués au quotidien de tous ces praticiens chargés de combattre ce mal, auxquels s’ajoutent les grands effets de cette mission noble des «djounoud el khafa», ces gens de l’ombre, ces altruistes qui sacrifient leur repos et ne ménagent aucun effort pour apporter le sourire à ceux-là mêmes qui ont tant besoin de ces gestes, ô combien généreux et compensateurs?
N’allons pas très loin. Voyons dans notre environnement immédiat et faisons état de ces valeurs d’exemple d’un praticien de la santé, un ophtalmologue en l’occurrence, un homme affable au visage souriant, un homme qui trouve facilement les mots qui rassurent et les formules qui réjouissent. J’ai nommé le docteur Mohamed Mokrani qui est constamment flanqué de l’autre Mokrani – Rachid, celui-ci – son beau-frère et non moins ami, mais surtout complice dans les bonnes oeuvres. Ce dernier est chirurgien de son état et compagnon de route dans l’odyssée pour la prévention et la lutte contre le diabète sous différents slogans, dont le dernier, assez significatif, nous venant de l’ancienne capitale des Hammadides: «Protégeons notre futur.»
La liste des Mokrani n’est pas terminée car j’aurai failli à ma reconnaissance envers cette famille, digne héritière du Bachagha combattant, héros de l’insurrection de 1871, si je n’aurai pas exprimé mon respect et ma gratitude à l’égard de Malika Mokrani, épouse de Rachid et spécialiste en diabétologie qui, elle-aussi, est constamment du voyage dans cette équipe de volontaires-battants. Ainsi, de Laghouat, Biskra, Djelfa, Oran, Tiaret, Alger (El Harrach, Rouiba, Draria), Constantine, au Sud du pays et cette fois-ci à Béjaïa, les Mokrani Mohamed, Malika et son époux Rachid, ont fait mille tours avec leurs compères, d’autres praticiens, pour apporter ce souffle nouveau dans un domaine qui souffrait, bien avant ces actions déterminantes, de cette relation directe entre le patient, le praticien et la connaissance parfaite de la maladie. Ils feront encore des tournées et organiseront encore ces «Marathons de diabétiques» qui s’imposent comme des activités complémentaires en pleine nature. Ce sont ces pratiques qui demandent de l’effort à l’organisme et lui permettent d’éliminer ces sucres «maudits», qui faisaient dire à quelqu’un dans l’entourage de ce panel de praticiens de la santé, qu’elles représentent une sorte de redevance obligatoire qu’on peut appeler la TKP (taxe sur les kilos en plus).
En fait, qui s’opposerait à cette action devenue nécessaire, voire indispensable, puisque bienfaitrice, allant à l’encontre d’une sédentarité assassine qui génère tant de ravages dans un monde qui évolue certes, avec ses techniques nouvelles et rapides, mais qui ne laissent que peu de temps à une activité physique, sainement naturelle? Personne, bien sûr, du fait que tous comprennent aujourd’hui que la pratique du sport, est génératrice de bonne santé…
En effet, ce samedi 8 décembre, Béjaïa était au rendez-vous avec son Marathon, le 11ème du genre, réservé aux diabétiques qui sont venus nombreux, filles et garçons, démontrer que «le mal ne les aura pas». Ils sont venus également pour crier devant une assistance, rehaussée par la présence des autorités locales et d’autres personnalités venues d’Alger pour les soutenir, qu’ils persisteront à s’adonner à l’éducation physique et sportive, ce stimulant moral, régulateur de bonne forme et complément indispensable aux traitements prescrits par la médecine. Pour ce faire, l’équipe qui a organisé ce Marathon, dont les Mokrani et autres spécialistes – nous le rappelons encore une fois -, n’est pas venue les mains vides. Ainsi, à l’image de cette bonne tradition du terroir, ils étaient porteurs de cadeaux, utiles évidemment, pour ces jeunes qui attendaient ce geste qui leur fait toujours plaisir.
Oui, il y avait de tout dans cette célébration de la Journée du diabète qui, en vérité a commencé le 6 décembre, au Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa, où des spécialistes se sont exprimés en une journée d’études sur la prise en charge de cette maladie, pardon de cette déficience, comme le soutenait ce jeune qui nous a abordés le matin dans la salle. Nous noterons quelques interventions dont celles des docteurs Belkacem Hamici, Amerah, Ami Moussa, Mohand Redha Ferrah sur les thèmes de l’insulino-thérapie, l’artériopathie oblitérant des membres inférieurs, prise en charge du pied diabétique, de même que la prise en charge clinique et chirurgicale. La journée d’étude ne s’est pas terminée sans une séance consacrée aux malades, animée par les docteurs Ibrir, chirurgien-dentiste et Amerah.
Une grande fête
Et ainsi, l’Association des diabétiques de la daïra de Béjaïa «Assirem» a couronné ses manifestations avec la présence et le travail, toujours productif des Lion’s club d’Algérie (Section Icosium) qui, comme à l’accoutumée, ont fait le maximum pour mériter cette hauteur et ces valeurs qui sont les leurs et par lesquelles ils ont toujours été consacrés.
En effet, ce 11ème marathon s’est terminé en beauté avec les couleurs et la musique, puisque la légendaire clique de Béjaïa, qui existe depuis la glorieuse organisation de la JFLN, était là, présente avec un groupe d’étudiants de l’Université qui s’affairait dans la préparation, l’accueil et l’aide des jeunes. Tout cela, n’a pas manqué de donner du lustre à cette manifestation qui a été une excellente occasion pour attirer l’attention d’un grand public. Elle s’est terminée, et on ne le dira pas assez, dans une ambiance de solidarité exceptionnelle où se mêlaient l’efficacité à la joie et la bonne humeur car, après le déploiement de mouvements rythmiques sous la direction des maîtres de sport et une course où il n’y a eu ni gagnants ni perdants, car ce fut une course de vainqueurs, ceux qui ont vaincu leur complexe et leur maladie, l’équipe sous la direction du maestro, le non moins passionné docteur Mohamed Mokrani, a procédé à une importante séance de consultation médicale dans le cadre de la prévention. A l’aide d’un «rétinographe», installé dans la salle de sport où s’est déroulée la manifestation, puisque dehors il pleuvait à verse, les jeunes participants, tous diabétiques, se sont prêtés à coeur joie, connaissant leur intérêt dans cette consultation inespérée, pour une séance de dépistage des complications oculaires. Il faut signaler que cet appareil qui fait défaut dans certains centres de santé publique procède à des images instantanées de bonne qualité pour ce qui est des fonds d’oeil. Le docteur Djamel Zaâtout, anesthésiste-réanimateur et Abdelkrim Ouar, informaticien, tous les deux volontaires, manipulaient cet appareil qui est le produit d’une technologie de pointe, pour pénétrer l’oeil et lire avec précision des données irréfutables. Le docteur Mokrani analysait quant à lui les images pour déceler ces éventuelles atteintes de la rétine. Beaucoup de sérieux dans cette opération de dépistage pour laquelle ces jeunes médecins spécialistes ont démontré, non seulement leur talent, mais aussi ce sentiment de générosité et de partage qui les anime. Ainsi, leur volonté est deux fois raison: raison d’agir et rationalité du moyen d’agir, comme le soutenait un certain philosophe français de l’esprit de l’entre-deux guerres…
Cela démontre, s’il en est besoin, que dans notre pays qui vit des moments difficiles…, il existe, encore et assurément, ces gens de bonne foi, ces gens qui font de l’amour du travail et de la complémentarité leur credo. Ils viennent en soutien à ceux qui ont vraiment besoin d’aide là où l’État est absent, ou carrément…, là où l’État a failli. Ce n’est pas un langage fielleux, ni même provocant, loin s’en faut. Cette équipe de spécialistes s’est déplacée sous l’égide d’une Association citoyenne, ayant en ligne de mire la santé des jeunes, leur évolution dans le système scolaire et leur émancipation future dans la société. Cette équipe est formée d’Hommes – qu’on écrit en majuscule – et ces Hommes, comme disait Jean-Paul Sartre, «sont ce par quoi les valeurs arrivent dans le monde». N’est-ce pas toutes ces caractéristiques de l’effort, représentées conjointement par les traitements ordonnés en milieu médical, l’éducation physique et le mouvement au grand air, la volonté et la participation de bonnes âmes partout, à travers de pareilles manifestations, qui font admettre une maladie et sa prise en charge sérieusement par ces jeunes qui vous jettent, à l’unisson, cette sentence courageuse, responsable: «Nous avons les mêmes pulsions que vous, nous voulons être à la hauteur de nos espoirs et réussir comme vous!»
Enfin, au regard de ces résultats probants, cette équipe de volontaires vous rétorque quand vous lui demandez ce qu’elle envisage à l’avenir: «Continuons donc dans cet effort désintéressé, aimons et faisons ce que nous voulons, Dieu nous aidera à faire toujours mieux au profit de ceux qui attendent nos bonnes actions et ainsi, notre vertu… restera alors le courage de notre bien.»