Le décret exécutif lié à la délivrance de la licence devrait intervenir dans les prochains jours pour permettre la notification des attributions définitives aux opérateurs. Ces derniers doivent, ensuite, faire valider leurs offres respectives à l’ARPT.
L’Algérien n’aura pas la 3G le 1er décembre comme annoncé. La nouvelle est tombée, jeudi, tel un couperet émanant de la bouche même de Mme Derdouri, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication (MPTIC), qui, après un silence qui n’a pas duré dans le temps, finit par trancher plusieurs questions en suspens. Évitant une conférence de presse durant laquelle les différents médias auraient pu éclaircir plusieurs zones d’ombre qui caractérisent le dossier 3G, Mme Derdouri choisit une agence de presse pour passer le message. Il en ressort, en substance, la décision d’un énième report, encore une fois inexplicable, alors que les échéances sont bien définies dans le JO. Les opérateurs, pour leur part, se disaient prêts pour le lancement et n’attendaient que le feu vert qui devait intervenir avant dimanche prochain. Au lieu de cela, l’Algérien devra non seulement prendre son mal en patience pour avoir enfin accès à la 3G, mais se retrouve également confronté à l’obligation de changer de numéro et mettre la main à la poche pour avoir deux abonnements différents entre la 2G et la 3G chez un seul et même operateur.
“La téléphonie mobile 3G+ ne pourra pas être lancée le 1er décembre. Elle le pourra une fois le décret exécutif de délivrance de la licence signé et notifié aux trois opérateurs (Mobilis, Ooredoo ex-Nedjma et Djezzy). Le gouvernement a donné son accord pour la signature de ce décret qui sera publié au Journal officiel. La notification définitive de la licence n’excédera pas la fin de la semaine prochaine. Lorsqu’elle sera notifiée, l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) demandera aux trois opérateurs de soumettre, dans les plus brefs délais, les offres qu’ils comptent mettre sur le marché. Les trois opérateurs ont aussi besoin d’un temps incompressible pour programmer chacun les numéros (3G+) que l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications va leur attribuer”, a déclaré
Mme Derdouri, qui annonce la commercialisation de la 3G pour la fin du mois de décembre 2013 et parle de l’éventualité de lancer la 4G mobile pour début 2015.
De quoi faire sourire plus d’un, alors que l’Algérie semble avoir toutes les difficultés à effectuer l’amorce même de cette nouvelle technologie du haut débit mobile. Et comme pour noyer le poisson dans l’eau, on nous parle aussi de la 4G (LTE) sur le fixe qui, à son tour, devrait voir le jour en janvier prochain, et ne sera accessible que pour les entreprises, dans un premier temps, de par son coût élevé. Mme Derdouri aborde aussi l’obligation de changer de numéro pour accéder à la 3G, laissant perplexes autant les profanes que les spécialistes du domaine.
Concernant la tarification, la ministre, qui était avant à la tête de l’ARPT, estime que “la concurrence aura un rôle à jouer” et qu’elle va dans le sens de “l’offre la plus attractive”. Elle soulignera, par ailleurs, que “l’Algérie n’a jamais interdit les réseaux sociaux ou autres qui utilisent la voix ou la data. Elle n’a jamais bloqué les applications, telles que Viber et Skype qui sont gratuites. Par conséquent, ceux qui mettent ces produits sur le marché ont une contrepartie et se donnent le droit d’utiliser toutes les informations qu’on publie sur ces réseaux”.
L’ARPT à propos d’une numérotation spéciale 3G : “C’est pour éviter des comptabilités opaques”
“L’ARPT a décidé de dédier une numérotation spéciale à la 3G+ conformément au cadre juridique algérien en vigueur, qui prescrit qu’il ne peut y avoir qu’une licence par segment ou technologie. Il n’y aura donc pas de numérotation 2G-3G commune”, a déclaré pas plus tard qu’hier Toufik Bessai, en sa qualité de nouveau président de l’ARPT, et conforte ainsi la position de la ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication qui s’est prononcée sur la question un jour avant.
Il précisera pour ce qui est de la commercialisation de la 3G : “L’opérateur aura deux choix : proposer une nouvelle puce 3G+ avec un nouveau numéro ou échanger la puce 2G avec une nouvelle puce qui fonctionne aussi bien avec l’ancien numéro 2G qu’avec le nouveau numéro 3G. C’est-à-dire qu’il y aura deux numéros différents dans une même puce et avoir dans tous les cas de figure deux abonnements différents.” Le président de l’ARPT justifie cette décision par le souci d’éviter les “comptabilités opaques” et va dans le détail concernant le principe des licences séparées. “L’ARPT et les pouvoirs publics ont abordé le processus du lancement de la licence 3G dans le cadre conceptuel de l’arsenal législatif et règlementaire algérien, qui ne connaît pas encore la licence globale ou l’autorisation unique”, dira-t-il en mettant l’accent sur l’importance pour l’ARPT de connaître, pour chaque type de licence (2G et 3G+), son chiffre d’affaires exact et son nombre d’abonnés dans la mesure où, de son avis, c’est de ce chiffre d’affaires que “dépend l’exactitude de la fiscalité propre à chaque licence”. Et de poursuivre : “La connaissance indubitable de la base d’abonnés de chacun des opérateurs dans la 2G et dans la 3G passe, pour l’instant, par le critère d’une numérotation dédiée à chacune de ces deux dernières licences.”
Ceci peut être considéré comme un aveu de la part de l’ARPT de son ignorance, jusque-là, de la base de données de chaque opérateur, d’une part. Et à relever également le fait curieux qui amène l’ARPT, après son plaidoyer pour le changement de numéro, à reconnaître qu’“un numéro unique faciliterait grandement les choses”, d’autre part. Il ira jusqu’à laisser une porte ouverte pour “l’émergence d’une solution consensuelle” permettant une implémentation d’un numéro unique, préservant la séparation juridique des deux licences. L’ARPT finit même par affirmer que “le changement de numéro n’est qu’une étape transitoire qui ne saurait excéder une année”. Bessai aborde aussi l’engouement des Algériens qui ne saurait être tempéré par le changement de numéro, ce qui reste à démontrer, et parle de pratique sociale d’avoir le double, voire le triple numéro.
Il omet, cependant, de préciser que dorénavant, on va non seulement se retrouver avec 3 numéros différents pour chaque opérateur, mais aussi avec 2 numéros pour un seul et même opérateur, soit 6 numéros, 6 puces et 6 abonnements. Ceci est en soi inconcevable, de l’avis des spécialistes du domaine, qui qualifient cette pratique de “réelle aberration”.
N. S