Le logiciel d’actualisation des données, actuellement en pleine installation au niveau des banques, n’ a pas la capacité d’absorber automatiquement les informations du fichier bancaire.
Le crédit à la consommation aura bien des difficultés à démarrer dans les délais annoncés par les autorités, selon les dires des responsables que nous avons contactés. Et pour cause, après les différents reports occasionnés par la mise en place de la centrale des risques des ménages, l’élément incontournable pour peser les risques et mesurer la capacité d’endettement et de remboursement des demandeurs, obstacle qui a été surmonté puisque la centrale est opérationnelle depuis le 15 septembre dernier, la situation au niveau des banques notamment étatiques, demeure des plus inquiétantes. En effet, nos interlocuteurs nous ont fait part d’une grande frustration en rapport avec le lancement effectif du crédit à la consommation tant attendu par les citoyens. Au coeur de la problématique, le logiciel d’actualisation des données reçues par les banques pour permettre une connexion automatique à la centrale des risques. Sous l’appellation «Crem» (Centrale des risques entreprises et ménages), ce logiciel d’actualisation des données, actuellement en pleine installation au niveau des banques, n’ a pas la capacité d’absorber automatiquement les informations du fichier bancaire. Une étape indispensable pour permettre le lancement du crédit à la consommation, du fait que la centrale des risques doit avoir une banque de données concernant l’affiliation et la situation des comptes bancaires pour pouvoir fonctionner normalement. Or, à défaut, les employés des banques s’affairent actuellement à saisir toutes les informations des clients manuellement.
Une opération qui risque de prendre énormément de temps, et dénote d’une inefficacité sans précédent. Il s’agit de saisir à la main les informations des clients sur des milliers de comptes. Pour la plupart des banques que nous avons contactées, cette opération de saisie n’est qu’à 5% d’avancement Le plus grave selon nos interlocuteurs est l’existence d’un logiciel qui pourrait pomper toutes les informations nécessaires automatiquement, et en l’espace de quelques jours. Pour preuve, cette opération de saisie se scinde en deux étapes, la première concerne la saisie manuelle de toute l’affiliation des clients, tandis que pour la deuxième, les banques recevront un autre logiciel qui pompera automatiquement la situation des comptes et affichera les différents crédits accordés préalablement par les demandeurs, ce qui permettra à la centrale des risques d’accomplir sa tâche. Toute l’interrogation serait de savoir pourquoi perdre autant de temps pour la première étape, puisque la technologie permet de l’éviter, et de faire gagner l’économie nationale, et aux citoyens des mois d’attente? Pour les observateurs, de tels agissements relèvent du sabotage, du fait que le manque à gagner pourrait se chiffrer à des milliards de dinars, et ce en plus du fait de compromettre la mise en place d’un des leviers économiques les plus importants de la relance éconique. Les pouvoirs publics ont misé gros sur le retour du crédit à la consommation, qui a pour mission économique de relancer la production industrielle par l’augmentation de la consommation, puisque le crédit à la consommation repose substantiellement sur le principe du «consommons algérien».
Il permet par ce biais de rebooster la relance de l’appareil industriel et des PME, qui verront à travers l’augmentation de la consommation et des besoins nationaux, leurs productions exploser sous le poids de la demande. Si on prend comme exemple la première expérience dans ce domaine, on peut relever que 80% des crédits octroyés, l’ont été pour l’acquisition de véhicules. Or, actuellement, l’usine Renault Algérie de Oued Tlelat arrive à une production annuelle de 5000 véhicules, et cette production est appelée à se multiplier, voire à tripler sous l’effet du lancement du crédit à la consommation.
A cela s’ajouteraient tous les produits électroménagers pour lesquels l’Algérie a réussi à concrétiser des partenariats avec des leaders en la matière. Actuellement, plusieurs marques connues sont implantées en Algérie, produisent et améliorent chaque jour leurs taux d’intégration, sont des produits «made in Algeria». Sur un autre aspect plus social, des millions de citoyens n’attendent que le lancement de ce crédit pour améliorer leur niveau de vie, et comptent énormément sur les promesses émises par les pouvoirs publics, et dont, la concrétisation n’a fait l’objet que de reports. Il est aisé de se rendre compte de l’importance de cette opération, juste en prenant en compte le nombre de bénéficiaires des programmes de logements lancés et distribués par l’Etat.
Ces derniers représentent les principaux futurs demandeurs. Au vu de tous ces éléments, les observateurs désabusés que nous avons rencontrés, parlent de manoeuvre, de magouille et de sabotage au profit des lobbys de l’importation et de l’informel, pour qui cette opération signifierait à long terme, leur disparition. Ils ne peuvent s’empêcher de penser que ces barons de la mafia du container, sont devenus à travers les années d’activité frauduleuse, une vraie puissance sur la scène économique et politique du pays. Sinon, comment expliquer que de tels agissements soient possibles, sans que cela suscite des réactions autant au niveau des banques, que celui de l’Abef.
D’autant plus que la solution existe et consiste simplement en l’utilisation d’un autre logiciel informatique plus performant, puisqu’il existe, et boucler cette opération de transferts de données des clients en quelques jours seulement. D’un autre côté, nos interlocuteurs ne peuvent s’empêcher de conclure, que ces retards accusés dans le lancement du crédit à la consommation ne sont certainement pas dus aux raisons évoquées, et qui mettent en avant une guerre interminable entre les banques privées et étatiques pour fixer les taux d’intérêt des crédits. Ils considèrent que ce ne sont là que de faux prétextes et que si aucune médication n’a été apportée à ce problème, ce n’est que pour avantager et servir les desseins des magnats de l’importation, les maîtres de la «chkara» pour leur permettre de continuer à se sucrer sur le dos des citoyens et de l’économie nationale.