Le juge français Marc Trévidic, en charge d’enquêter sur l’assassinat des moines de Tibhirine en 1996, est sorti de son silence pour exprimer son mécontentement suite au report de sa visite en Algérie.
«Je n’ai pas de date. Je ne comprends pas ce qui se passe», «La justice algérienne a promis que ça se ferait mais rien ne se passe», a indiqué mercredi le juge français dans une déclaration à la radio «France Inter». Marc Trévidic est allé jusqu’à se demander «si on ne se moque pas de nous».
Pour rappel, le ministre de la Justice, Tayeb Louh avait affirmé qu’« il n’y a aucun différend entre l’Algérie et la France au sujet de cette affaire (Tibhirine) et que la justice algérienne a chargé un juge d’instruction près le tribunal d’Alger pour mener une enquête ». Ce qui renseigne que la justice des deux pays enquêtent sur l’affaire pourtant présentée comme une affaire « française ».
Notons que faute d’avoir reçu une invitation officielle des autorités algériennes, le juge d’instruction français a dû reporter sa visite en Algérie à deux reprises en février et mai. C’est pourquoi Trévidic n’a pas tranché la question lors de sa visite en Algérie en hiver dernier.
Dans le même contexte, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius a assuré avoir abordé la question, il y a un mois, avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal et son homologue Ramtane Lamamra qui ne lui ont exprimé aucune opposition quant à la visite du juge d’instruction en question en compagnie d’une équipe d’experts et de juges pour exhumer les têtes des sept moines de Tibhirine tués par des « groupes terroristes » en 1996.
Dans une commission rogatoire internationale adressée fin 2011 aux autorités algériennes, les deux juges en charge de l’affaire Marc Trévidic et Nathalie Poux ont formulé une demande pour l’exhumation des têtes des sept moines de Tibhirine et l’audition de 22 témoins en rapport avec l’affaire. En effet, l’Algérie a accepté que les têtes soient autopsiées mais elle a mis des réserves au sujet de l’audition d’une vingtaine de témoins.