El Djinn de Yasmine Chouikh, Khouya de Yanis Koussim et Le Dernier passager de Mounès Khemmar au Short Film Corner de Cannes.
Si d’aucuns s’agitent autour de la polémique que pourrait susciter le film de Rachid Bouchareb sur la Croisette cannoise, sans oublier Des Hommes et des dieux de Xavier Beauvois qui risquerait de susciter bien des vagues de contestation et des remous au niveau de la sphère politique algérienne, cette fois-ci, on oublie toutefois une chose.
La jeune génération du cinéma algérien se taille la part du lion cette année, au festival de Cannes, et ce au rendez-vous incontournable des amoureux du cinéma en petit format. En effet, pas moins de quatre jeunes réalisateurs prennent part au Short Film Corner.
Si la Franco-Algérienne, Sabrina Draoui, participe avec son fameux court Goulili sous la bannière française, les trois autres, c’est sous les couleurs nationales qu’ils seront présents à Cannes. Réalisé en 2008, Goulili a, depuis, connu un succès considérable en raflant de nombreux prix. Ce film a fait le tour de pas mal de festivals dans le monde.
A côté de ce film, trois inédits seront présentés en avant-première dans une des prestigieuses salles de cinéma du palais cannois.
Parmi eux, on cite Le Dernier passager du jeune réalisateur et producteur algérien Mounès Khemmar (Saphina film) qui figure parmi les 10 finalistes de la sélection du 6e concours de l’Office national du film du Canada (ONF), organisé en association avec le Short corner du Festival de Cannes. Les dix finalistes ont été retenus à la suite d’une première sélection de 1600 courts métrages.
Les internautes jouent le rôle de jury. 10 courts métrages sont diffusés sur Youtube depuis le 4 au 17 mai, leur offrant ainsi la possibilité de vote.
Une projection, somme toute inédite et singulière, qui vous permettra de vous faire une idée sur ce nouveau film de Mounès Khemmar. Selon le nombre de visualisations de la vidéo, ce court métrage figure, en ce moment, en deuxième place sur le site francophone du concours et cinquième sur le site anglophone.
Le Dernier passager est le seul court métrage sélectionné pour la compétition dans les espaces arabe et africain. Les 9 autres viennent principalement des continents européen et américain.
Le Dernier passager, d’une durée de 7 minutes (5 minutes dans la copie de travail diffusée sur le site du concours), raconte, l’histoire d’un «jeune artiste frustré», interprété par Mohamed Bouchaïb, qui décide de mettre fin à ses jours par désespoir en sautant dans le vide, du haut d’une falaise, explique le réalisateur.
«Son âme, avant de disparaître à jamais, revient rendre une dernière visite à ses deux amours impossibles: sa bien-aimée interprétée par Zahra Harket et une scène du théâtre où il avait travaillé comme homme à tout faire», indique-t-il. Présenté un peu comme un clip, la musique du Dernier passager donne du poids à ce court, exempté de dialogue, en lui conférant une certaine pesanteur mélancolique, illustrant le voyage de cette âme vers l’au-delà. Mais aussi, toute la détresse humaine.
D’illustres comédiens tels que Larbi Zekkal, Ahmed Benaïssa, Malika Belbay ont également pris part à cette oeuvre, la première, dite «professionnelle», du réalisateur. Le film, écrit et réalisé par Mounès Khemmar, a été financé par le Fdatic (Fonds des aides à l’industrie cinématographique) dépendant du ministère de la Culture).
Les scènes suivent le parcours de ce jeune homme entre les dédales d’ Alger, de la Casbah à Bab Azzoun en passant par Bab El Oued, et le somptueux littoral algérien dans de magnifiques plans bien lumineux.
Notons que le concours de l’ONF reçoit chaque année des milliers de candidatures des quatre coins de la planète. Autre film algérien qui égayera la section Short films corner est El Djinn de Yasmine Chouikh.
Deuxième film après El Beb (2007). L’histoire, déclinée comme un conte, porte toujours sur le devenir de la femme en Algérie.
Depuis la nuit des temps, chaque fille de la tribu, devenant pubère, a six jours pour prouver qu’elle n’est pas la proie d’un djinn. Le jour de sa puberté, Amber subit la même initiation que ses aïeules une initiation rythmé par des rituels immuables.
A sa puberté, Amber a trois jours pour échapper au djinn qui hante son village, mais sa rencontre avec Amal va tout bouleverser. Véritable joyau cinématographique, tourné à Taghit, ce film véhicule un message symbolique et poignant, à découvrir pour ceux qui verront le film.
Enfin, le troisième film qui représentera l’Algérie est Khouya. Notre cinéphilo-féministe Yanis Koussim porte encore une fois son regard sur la femme algérienne à travers ce court tiré d’une histoire vraie. C’est l’histoire d’un frère qui bat sa soeur et qui est tué accidentellement par celle-ci.
Mais la mère (interprétée par Sonia) refuse que sa fille soit envoyée en prison, alors elle se présente aux autorités, en déclarant être responsable de l’homicide. Parmi les actrices, on retrouve Anya Louanchi et Samia Meziane qui ont déjà joué dans Khti ainsi qu’une nouvelle figure, la chanteuse Salima Abada.
Pour rappel, l‘an dernier, Khaled Benaïssa a participé avec son film Sektou sur les 1920 courts métrages sélectionnés dans cette catégorie.
O. HIND