La crise qui règne au sein du Comité olympique algérien n’a que trop duré. Elle reflète la rancoeur de ses responsables, qui ne se conforment pas à la règle du sport. La violence des propos qui permettra aux observateurs étrangers, au Comité international olympique, de mettre notre pays à l’index. Des comportements qui traduisent une compétition malsaine, une obstination à garder son fauteuil, et, face aux «vainqueurs», les seuls vaincus sont le sport algérien, les codes universels de démocratie et la noblesse de son esprit fondateur !
Ce qui s’est passé le samedi 24 novembre 2012, lors de la tenue de l’AG ordinaire du COA, est un fait sans précédent dans les annales de cette honorable institution. La lecture du bilan moral et financier a laissé place à un débat houleux entre les membres du bureau exécutif et le président de cette instance à qui on reproche la violation des statuts du COA et le fait d’aller outre ses prérogatives.
Depuis l’indépendance du pays, jamais nous n’avons assisté à une pareille situation, aussi paradoxale soit-elle, qui a mis à nu les dérives que connaît le mouvement sportif national. Jamais des décisions émanant d’un président de comité olympique n’ont été aussi contestées par son bureau et remises en question que durant cette AGO qui a failli connaître la même issue que celle du 29 octobre dernier.
Cette crise remonte à plus d’une année, où le président du COA s’était permis de recruter des conseillers sans se référer à l’avis des membres du bureau exécutif, d’où le départ d’un conflit qui est allé crescendo vers l’impasse. On avait reproché au Dr Hanifi d’avoir délibérément outrepassé ses prérogatives et violé les statuts qui régissent cette institution.

Ce qui a conduit les membres de l’exécutif à se démarquer de cette attitude qu’ils ont jugée autoritaire. Même le secrétaire général du COA, M. Hassen Chikh, a fini lui aussi par sauter la barrière et rejoindre le groupe des contestataires. Le plus grave, c’est que cette affaire a été rendue publique par les canaux officiels et médiatiques qui ont en fait leurs choux gras.
Dès lors, il n’y avait plus qu’une étape à franchir, c’était le retrait de confiance au président Hanifi. Une motion a été introduite par les 2/3 des membres de l’AG, au cours de la tenue de l’assemblée générale ordinaire du 29 septembre, qui exigeait la tenue d’une assemblée générale extraordinaire pour entériner cette proposition. Tout le monde connaît l’issue de cette réunion qui s’est terminée sans que l’objet de l’ordre du jour ne soit avalisé.
La réaction du Comité international olympique (CIO) n’a pas tardé. Il a été demandé à M. Hanifi de réorganiser dans les meilleurs délais la tenue de l’AGO dans le strict respect des statuts qui régissent le COA. Elle s’est déroulée le 24 novembre et a vu le premier responsable du COA désavoué par la majorité des membres de l’AG.
Le bilan moral rejeté et le bilan financier approuvé avec des réserves, le Dr Hanifi n’avait plus de proposition à soumettre, et il ne lui restait plus qu’à remettre sa démission. Cependant, il a argumenté le fait que « la responsabilité de cette faillite est partagée par l’ensemble des membres du bureau exécutif.
« S’ils décident de partir, je serai le premier à remettre ma démission », avait-il lancé envers ses détracteurs. Mais pour l’instant, il semble que l’on s’achemine vers la fin du mandat du Dr Hanifi afin qu’une assemblée générale élective soit tenue au courant de mars prochain pour connaître le futur président de cette instance.
Le Dr Hanifi a fait savoir qu’il ne se présenterait pas pour un autre mandat. Dès lors, des tractations sont lancées entre les membres du bureau exécutif pour donner suite à cette affaire qui continue à faire couler beaucoup d’encre et de salive.
Cependant la crise connaîtra- t-elle son épilogue dans les jours à venir ? Si l’on s’en tient aux propos du président de cette institution, le Dr Rachid Hanifi, il semblerait que la tenue de l’Assemblée générale extraordinaire, prévue pour le 8 du mois courant, n’aura pas lieu pour la simple raison qu’elle est illégale.
En effet, «cette décision a été prise par certaines personnes après l’achèvement des travaux de l’AGO du samedi 24 novembre, donc toute décision prise après cela est illégale», a déclaré le Dr Hanifi. Pour le président du COA, «une assemble générale extraordinaire aurait pu être tenue si les 2/3 de l’assemblée générale l’avait demandée ou bien sur demande du président du COA, or ce n’est pas le cas».
D’après le Dr Hanifi, «la crise du COA va connaître dans les jours à venir un épilogue, puisqu’une prise de conscience de la gravité de la situation est partagée par les membres de l’exécutif qui veulent en finir avec ce conflit qui ternit l’image du Comité olympique algérien.
Le vice-président du COA, M. Bouabid, a l’intention de se réunir avec Hanifi et tous les membres de l’exécutif afin de tenter de trouver un compromis et de sortir de cette crise qui envenime le mouvement olympique algérien.
M. Hassen Bouabid, en tant que président de la Fédération nationale des sports équestres, nous avait affirmé : «Sincèrement, je ne me sens pas concerné par tout ce qui a été dit par le président. J’ai dit le fond de ma pensée au cours de l’AG ordinaire. Dès le début, cela n’avait pas marché et le moment où le président devait prendre des décisions strictes et draconiennes, il ne les a pas prises et voilà le résultat.
Dans toutes les fédérations sportives existent des problèmes. Moi aussi j’ai eu des problèmes au sein de ma fédération, avec des membres de l’exécutif. On a travaillé, mais je ne vous le cache pas, dans une association, il faut être démocratique, il faut écouter et demander l’avis à tout le monde avant de prendre n’importe quelle décision et surtout, c’est le plus important, il faut savoir rassembler les hommes.
Si on ne peut pas mener et rassembler les hommes, on est voué à l’échec, c’est ce qui s’est passé au COA ». L’actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Tahmi, a d’ailleurs accordé récemment une entrevue à M. Bouabid qui a voulu se démarquer des décisions prises par le Dr Hanifi.
Il est à se demander si le ministère de la Jeunesse et des Sports est intervenu auprès des deux parties en conflit pour tenter de trouver une solution qui consiste à gérer les affaires courantes du COA jusqu’a l’organisation des élections, prévues avant le printemps prochain. Il n’est pas sûr que cette proposition puisse aboutir du fait que les deux parties semblent déterminées à ne pas faire de concessions.
Le retrait de confiance au président du COA par les membres de l’exécutif est l’un des points qui rend encore plus difficile toute négociation. Le vice-président du COA, Hassen Bouabid avait proposé dans un premier temps une solution, celle de permettre au président du COA de continuer jusqu’à la fin légale du mandat.
Ensuite l’AG élective se tiendra une fois que les fédérations auront procédé à leur renouvellement, soit au mois de mars. Pour le président du COA, «cette décision est la plus sage et celle qui respecte au moins l’image de l’Algérie au niveau international, afin d’éviter qu’on dise à chaque fois qu’on interrompt les mandats ». Une réunion est programmée ce jeudi pour débattre de certaines propositions qui permettraient une issue favorable à une sortie de crise qui n’a que trop duré.
D’après des indiscrétions, les contestataires ne savent plus s’il faut retirer la motion de retrait de confiance au président pour lui permettre de mener à terme son mandat, ou si la tenue d’une AG extraordinaire doit s’effectuer dans l’immédiat pour être crédibles aux yeux de l’opinion nationale. Les avis divergent et certains préconisent un compromis qui arrangerait tout le monde.
Certains membres du bureau exécutif se disent prêts à remettre leur démission, en un mot sacrifier leur statut, au cas où Hanifi camperait sur ses positions. 6 membres ont déjà fait part de leurs intentions à ce sujet. Il est probable qu’ils mettront leur menace en exécution pour ne pas perdre de temps. Mais là encore, ce ne sont que des hypothèses qu’il reste à vérifier.
Au cas où la plupart des membres du bureau exécutif remettent leur démission, Hanifi suivra-t-il cette action ou attendra-t-il une autre solution pour sortir sans grands dommages ? Effectivement, la balle est maintenant dans le camp des contestataires et nous en saurons un peu plus à l’issue de la réunion prévue pour ce jeudi, et qui déterminera si les deux parties sont parvenues à un accord. La rupture ne sera donc pas facile car plusieurs points seront sans doute débattus. Donc Wait and see. Sfindja Hamdane