Le Hirak, six mois après…

Le Hirak, six mois après…

Pour le 27e vendredi depuis le début de la contestation populaire contre le système politique, le 22 février, les Algériens sont sortis en force pour réclamer un changement radical, rejetant toute démarche de dialogue et toute élection tant que les figures du système sont en place.

Hier 23 août, le mouvement populaire a entamé son septième mois, sans perdre de sa verve. La mobilisation de ce vendredi, avant le dernier de ce mois d’août caniculaire, est même plus importante que les deux derniers actes.

Imperturbables, les manifestants, qui font à chaque fois montre d’une détermination sans faille d’en finir avec les associations de malfaiteurs au pouvoir, ne comptent pas abandonner le terrain de la lutte avant le départ du système politique en place. Les marées humaines qui ont convergé vers le centre d’Alger n’ont laissé aucune place au doute.

Leur message est clair : cette fois-ci, rien ne se fera sans le peuple.

Des hauteurs de la rue Didouche-Mourad, des entrailles de Belouizdad et de l’est d’Alger, de Bab-el-Oued et des quartiers de l’ouest de la capitale, des déferlantes d’hommes et de femmes ont sillonné les rues de la ville où la manifestation a commencé dès 11h du matin. La ville était, comme d’habitude, quadrillée par un énorme dispositif de police. Les manifestants ont ciblé le chef d’état-major qui refuse la transition et tient à l’élection présidentielle.

Ils s’en sont aussi pris au président du Panel de dialogue et de médiation, Karim Younès, accusé de faire le jeu du pouvoir pour avorter la Révolution populaire pacifique.

«Karim Younès ne nous représente pas et Gaïd Salah ne nous gouvernera pas», ont lancé les manifestants, sans cesse, du début jusqu’à la fin de la manifestation.

Des slogans durs ont été lancés à l’égard de l’ancien président de l’APN. Très remontés contre le pouvoir et craignant l’instauration d’un régime militaire, les milliers de participants à la marche ont dénoncé les «généraux», criant leur colère contre eux».« Pour un Etat civil et non militaire», «Algérie libre et démocratique», ont également entonné les manifestants qui ont fait vibrer les rues d’Alger sous un strident «Le peuple veut l’indépendance».

Pour ce 27e vendredi de mobilisation nationale, des slogans ont été lancés contre l’ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, qui plaide pour une élection présidentielle, tout en posant certaines conditions.

Les manifestants, dont beaucoup ont arboré des portraits des détenus d’opinion et des jeunes emprisonnés pour port du drapeau amazigh, ont réclamé la libération de ces détenus et exprimé, une nouvelle fois, le rejet des élections et de dialogue tant que Bensalah et Bedoui sont en place.

«Bedoui est le plus grand fraudeur au monde avec 6 millions de signatures falsifiées», lit-on sur une pancarte. Les partis du pouvoir, eux aussi, n’ont pas été oubliés par les protestataires. Sur une banderole qui traite de la lutte contre la corruption, on proclame que «la lutte contre la corruption n’a pas de sens sans la fermeture de ses écoles : FLN, RND, MPA, TAJ».

Cette grande mobilisation augure une très forte reprise de cette Révolution qui n’a fait aucune pause ni répit depuis son début à la rentrée sociale, très proche.

K. A.