Le henné, une tradition à l’épreuve du temps à El Tarf

Le henné, une tradition à l’épreuve du temps à El Tarf

Comme dans tous les recoins de l’Algérie, l’usage d’El Henna (le henné) est une tradition indétrônable qui continue de défier le temps à El Tarf où, depuis quelques jours, de nombreux commerçants se consacrent exclusivement à la vente de ce produit en prévision de l’Aïd El Fitr.

A la veille de cette fête religieuse, les tarfinois semblent délaisser quelque peu les dépenses liées au mois de Ramadan pour s’affairer aux préparatifs de l’Aïd, le henné prenant, en cette occurrence, une place prépondérante.

Un engouement particulier pour ce produit colorant traditionnel est relevé un peu partout dans les rues et les artères commerçantes de cette ville où de nombreux jeunes proposent une multitude de marques de henné que les femmes se pressent d’acquérir pour perpétuer une tradition séculaire que ni le temps et encore moins la mode n’a pu effacer.

Sur des tables de fortune, une variété de henné ainsi que divers accessoires accompagnant son utilisation est proposée au client qui s’attarde longtemps devant cette panoplie de marques avant de se décider à emporter le produit qui fera le bonheur des siens.

Samia, fonctionnaire de son état, mère d’une jeune fille, avoue ne confier à personne la tâche d’acheter ce produit. Fière de pouvoir perpétuer cette tradition chaque fois que l’opportunité se présente, elle ne se plaint que de « l’éventail beaucoup trop large de marques et de la valse hésitation qui en résulte ».

Jadis, le choix était beaucoup plus simple. Entre le henné vert en poudre fait maison et celui proposé conditionné dans des boîtes, la femme trouvait vite son compte. Aujourd’hui, nombreuses sont celles qui demeurent perplexes devant les vendeurs qui font de leur mieux pour vanter les vertus de tel ou tel produit destiné à embellir les mains, les pieds et parfois les cheveux de son utilisatrice afin qu’elle soit la plus coquette le jour de l’Aïd.

Maïssa, une jeune étudiante d’El Kala, renchérit que le henné « procède de la transmission des cultures profondément ancrées dans les coutumes » de cette région dans l’extrême Nord-est du pays.

« Autrefois, l’on se contentait d’enluminer de henné les mains et les pieds à la manière de mémé, autrement dit sans vraiment s’attarder sur le modèle ou l’aspect extérieur : seule la couleur û bien foncée, voire noirâtre û importait à nos yeux, tandis qu’aujourd’hui, cette tradition est devenu un art à part entière qui requiert connaissances et maîtrise », souligne la jeune femme.

Fortement parfumé, le henné, produit de l’arbuste Lawsonia Inermis dont l’écorce et les feuilles séchées et pulvérisées fournissent la poudre colorante, continue à faire partie de ces traditions qui donnent un cachet particulier à la fête de l’Aïd en lui procurant senteurs du terroir et couleurs envoûtantes.