Le harcèlement de rue : angoissant et énervant

Le harcèlement de rue : angoissant et énervant

harclement-de-rue2_400_265.jpgQuelle femme ne s’est jamais faite importunée dans la rue ? Des regards insistants, des paroles douces- amères, parfois carrément des attouchements mal venus.

Toutes nous avons été victimes de ces comportements lourds, parfois menaçants de ces hommes jeunes ou moins jeunes qui estiment que nous l’avons bien cherché.

Voici quelques échos de rue…

Nabila, 28 ans, jeune diplômée en commerce : « Je sortais très tôt de la maison pour aller à la fac qui était loin, mais je ne voulais pas vivre en cité universitaire. A 6 heures du matin, leurs regards avaient l’air de me dire « qu’est-ce que tu fous là ? Où tu vas comme ça ? ».Pour eux une fille dehors à pareille heure c’était louche. Comme j’étais quasiment la seule fille dans le bus, ils se permettaient de me parler ; un jour y en a qui m’a suivie jusqu’à a porte de la fac, j’étais morte de peur. Mon père à dû venir me chercher en fin de journée tant je craignais de le revoir à la sortie des cours. J’ai arrêté la fac le temps qu’une chambre se libère en cité universitaire, et je n’osais plus sortir seule. Aujourd’hui ça va mieux parce que mes horaires sont plus « normaux », mais j’ne veux à cet homme de m’avoir fait aussi peur et à travers lui j’en veux à tous les hommes de ne pas respecter une femme quand elle leur dit « non ». »

Fatiha, 35 ans, elle aussi se souvient : « J’avais 25 ans, j’étais jeune mariée et enceinte jusqu’aux yeux, mais ça n’a pas empêché ce vendeur de chaussettes (je vous jure !) de me faire des avances très insistantes. Mais je ne me suis pas démontée et je lui ai dit « tu es aveugle ou quoi ?! ». En homme qui a l’habitude de mal se comporter avec les femmes il me répond « et alors ? ». Je l’ai regardé de travers et j’ai continué ma route, il n’y avait rien à tirer de bien d’un type comme ça. »

Quant à Nissa, belle jeune fille de 19 ans, aux yeux verts éclatants et à la taille élancée, c’est blasée qu’elle nous répond : « J’ai l’habitude d’être embêtée partout, dans la rue, dans le bus, à la pharmacie…Par les jeunes, les moins jeunes. Si j’ai le malheur de protester, je me fais presque insultée, « rentre chez toi t’habiller comme il faut ! ». Un jour c’est tout le bus qui a pris la défense du goujat qui s’était senti autorisé à mettre sa main dans mes cheveux « elle n’a qu’à s’habiller comme il faut pour sortir, que font ses parents ? ». Parfois j’entends carrément des propositions malsaines, mais je ne veux pas me plier à la dictature de ces « corbeaux ». Je veux être libre de vivre comme je veux, même si ce n’est pas facile parce que dehors ce sont les hommes qui sont les maîtres, avec les idées tordues qu’ont certains d’entre eux. »

« Certains » hommes (donc pas tous on est bien d’accord, mais une majorité il fait être réaliste) ne voient en la femme qu’un objet sexuel dont ils veulent profiter à tout prix et de quelque façon que ce soit. Ils en oublient leur éducation, la morale, la religion pour répondre à un besoin urgent imposé par le corps ; un corps muselé, bridé et qui ne demande qu’à satisfaire ses instincts primaires. Cette satisfaction se fait au détriment d’une partie de la population, les femmes, qui se trouvent harcelées, parfois violentées.

Elles se trouvent condamnées à raser les murs de la ville où elle n’est en réalité que tolérée, uniquement dans le but de satisfaire le voyeurisme des hommes.

La société algérienne a encore un long chemin à parcourir pour que l’homme et la femme vivent en harmonie dans l’espace public ; cela sous- entend des deux parts du respect et de se sentir sur un pied d’égalité. Nous n’y sommes pas encore.

Sonya