«Le handball algérien a progressé mais il a besoin d’une meilleure prise en charge»

«Le handball algérien a progressé mais il a besoin d’une meilleure prise en charge»

Question rituelle : Que devient Djaâfar Belhocine ?

J’occupe depuis la saison 93, c’est à dire depuis ma retraite en tant que joueur qui a coïncidé avec le départ de Aziz Derouaz en Arabie Saoudite, le poste de responsable technique de la section handball du MCA, devenu depuis peu celle du GSP. Aussi j’assume en parallèle et de, depuis 2000 le poste de secrétaire général de toute l’association.

Pouvez-vous nous retracer votre itinéraire sportif ?

Mes tout premiers débuts de handballeur, je les ai faits durant la saison 72/73 au sein de l’équipe minime du CRB, qui était domiciliée au stade mascote Aït Saada de Belcourt. Un an plus tard, je rejoue dans les rangs de l’EDR, El Djazaïr Riadha, club nouvellement créé suite à la fusion JRM-CJS.Après trois années, je passe de l’EDR, au NADIT club sportif de l’ex ONACO. Je fais de 81 à 86 toutes mes classes au sein de ce club.»

Quand et à quelle occasion avez-vous fait votre première apparition chez les seniors ?

«J’étais tout comme mon coéquipiers Bouhalima, encore junior lorsque j’ai été aligné pour la première fois avec l’équipe fanion en remplacement du prestigieux Driss Lamdjadani. C’était à la coupole du complexe olympique et nous avons battu le SR Annaba des Moumen, Negli … A l’aise parmi les coéquipiers de renom tel Hachemi, Tsabet, Sayad, Kheraïfia, Benabdellah, Mokhnache, Khiati … j’ai sorti un match plein qui m’a valu les félicitations de tout le monde».

Quand avez-vous rejoint le MCA ?

C’est au début de la saison 86/87 que j’ai opté pour le MCA dont je défendrai les couleurs jusqu’à la fin de saison 93.

Votre galon d’international «A», vous l’avez gagné quand et à quelle occasion ?

Ma toute première sélection avec l’équipe nationale, remonte à la saison 83, c’était au Caire, pour le compte des championnats d’Afrique des nationaux où nous avons terminé à la 2e place derrière l’Egypte.

Combien de coupes avec vous comptabilisées avec l’EN ?

Nettement plus d’une centaine.

Devenu entraîneur, vous aviez à diriger le MCA et l’EN. Peut-on avoir un bref aperçu sur votre reconversion ?

Au MCA, j’ai été plusieurs fois carrément entraîneur ou premier responsable technique. Mes débuts à la tête de l’ENA, remontent à la session 96, juste au lendemain des JO d’Atlanta. J’avais comme objectif, la préparation de l’équipe pour les championnats d’Afrique des nations prévus la même saison à Cotonou au Bénin que nous avons réussi à remporter avec une majorité de jeunes. J’avais au préalable décidé de relever plus de 50% de l’effectif. Pour un coup d’essai, ce fut réellement un coup de maître.

On croit savoir, si notre mémoire ne nous fait pas défaut que depuis, il n’y a plus eu de consécration ?

C’est exact …

Quand avez-vous lâché les destinées de l’EN ?

En 99 j’ai eu à faire un autre passage à la tête de la sélection national engagée au mondial du Caire. Une participation soldée par un passage au 2e tour, le meilleur résultat acquis avec 2001 jusque-là. En 2003 je prend en charge l’équipe à la veille des Jeux africains d’Abuja au nigeria, qui atteint la finale et concède une courte défaite (21-23) devant les égyptiens. Depuis je suis repassé de l’autre côté de la barrière».

Par quoi est orné votre riche palmarès ?

En tant que joueur, j’ai eu l’insigne privilège de remporter avec le MCA, 5 titres, de champion national, 6 coupes d’Algérie, 5 coupes d’Afrique des club vainqueurs de coupes et 2 coupes arabes. Le tout durant la période 86-93. Avec l’équipe nationale, je compte 3 coupes d’Afrique des Nations remportées en 83 au Caire, en 87 à Rabat et 89 à Alger, une médaille d’argent et une finale aux JM de Rabat perdue (11-17) devant la Yougoslavie, champion du monde en titre, et un match de poule contre la France et gagné à plate couture par 21-12. J’ai également pris part à une olympiade celle de Los Angeles en 84 et à un championnat du monde en Tchécoslovaquie en 90.

Et à titre individuel ?

J’ai décroché à deux reprises le titre de meilleur buteur des championnats d’Afrique en 87 à Rabat et 89 à Alger.

Aussi, je n’omettrai pas de rappeler que j’ai été classé 6e meilleur buteur avec 37 buts durant le seul 1er tour au mondial de 90 en Tchécoslovaquie. J’ai été également classé à plusieurs reprises parmi les meilleurs ailiers droits au monde.

Que gardez-vous comme meilleur souvenir de votre carrière ?

J’en ai eu heureusement beaucoup. Ceux qui ravivent le mieux ma mémoire restent tout de même ma première sélection en équipe nationale en 83 engagé au Caire pour les championnats d’Afrique et ma participation en 90 au Mondial de Tchécoslovaquie?.

Votre plus mauvais souvenir ?

Ma participation aux JO de Los Angeles en 84, restera à jamais un réel moment de totale déception. Les problèmes internes à l’équipe, ne m’ont guère permis de m’exprimer avec mon réel niveau. Aussi les problèmes vécu savec l’entraîneur de l’époque, ont privé l’équipe d’une participation nationale. En témoigne sa .. reluisante dernière place au classement général.

Quel est l’entraîneur qui vous a le plus marqué ?

Le handball algérien a connu qu’on le veuille ou non ses plus belles heures de gloire avec Aziz Derouaz. Avec son sacré tempérament, sa méthode de travail, reconnue à l’échelle mondiale, Aziz Derouaz a franchement rayonné sur

la discipline. Il est certain qu’il avait sous sa coupe des joueurs majoritairement universitaires qui lui vouaient respect et admiration malgré certains couacs.

Quel est le coéquipier avec qui vous aviez le plus d’affinités sur le terrain et en dehors ?

J’en ai eu beaucoup. Toutefois, celui qui émerge nettement du lot, c’est Abdelhak Bouhalissa qui a été un réel compagnon de route, puisqu’il a été mon coéqupier au CRB à l’EDR, au NADIT, au MCA et en EN. Nous étions inséparables, tels de réels frères siamois. Je garde encore de réguliers contacts avec lui, qui est devenu un brillant chirurgien dentiste.

Parlez-nous un peu de votre passage en tant qu’entraîneur à Dubaï…

Effectivement j’ai été l’entraîneur du NADR de Dubaï de 1999 à 2002, avec lequel j’ai pu décrocher trois titres de champions et une coupe des EAU en trois ans. Une première pour le club avec qui j’ai encore d’excellentes relations.

Avez-vous eu une formation d’entraîneur ?

Je suis titulaire du 3e degré de niveau national mais également du diplôme d’entraîneur expert de la fédération française de handball. Un bagage qui me permet en tant que président de la commission entraînement et méthode au niveau de la confédération africain de HB et membre au niveau de l’IHF de la même commission d’encadrer certains stages en Afrique mais aussi ailleurs dans le monde.

Quelle comparaison faites-vous entre le handball algérien de votre génération et celui de ces dernières années ?

Il a nettement évolué à l’image du handball mondial. Chez les Algériens le morphotype et la technique ont eux aussi progresssé.

Il reste toutefois que la prise en charge de nos jeunes et à revoir. Le travail au sein de l’équipe national reste insuffisant, notamment en matière de volume de travail et fréquence de match de préparation. Avec 8 à 10 matchs maximum par saison, contre les 30 à 35 de notre époque, le rythme de compétition est très faible. Il faut reconnaître qu’il y a tout de même de la très bonne pâte, même si le désengagement de l’Etat après les fastes de la réforme sportive se fait nettement sentir.

Comment jugez-vous la participation algérienne au dernier championnat d’Afrique du Caire ?

L’équipe algérienne est certe restée à la 3e place mais elle peut s’enorgueillir d’avoir progressé en tous points.

Perdure par seulement deux buts d’écart face à l’Egypte et son public et forcer la Tunisie au partage des points, ce n’est pas un mince exploit, il faut le préciser. Avec leurs belles prestations, les Algériens ont pu ainsi rééquilibrer la carte africaine. J’espère que la prise en charge de l’équipe sera désormais à la hauteur de ses moyens et ambitions. Seul gage de réussite et de continuité.

Votre modèle de joueur ?

Très jeune j’ai été en admiration devant le talent fou de Driss Lamdjadani. Le hasard a voulu plus tard que je joue à son poste et devenir son coéquipier au NADIT . A l’étranger, j’avais un réel faible pour la roumain Vasili Stinga. Je l’ai croisé en tant que joueur aux JO de Los Angeles en 84 et en tant qu’entraîneur en 2007 et 2008, alors que je dirigeais l’équipe du MCA et lui celle de Steaua Bucarest à l’occasion de deux grands tournois en Europe, je préciserai que notre équipe a été deux fois vainqueurs.

Le GSP qui regroupe la quasitotalité de la sélection nationale n’a apparemment pas d’adversaire à sa taille. N’y a-t-il pas risque de routine, voire de démobilisation ?

Depuis la perte inattendue du titre en 2004 devant l’US Biskra nous avons tout raflé. La culture de la gagne est très ancrée chez mes joueurs. On exige à nos joueurs d’être très performants face aux clubs algériens et gagner par un maximum de buts. Cette manière de faire, permet à l’équipe de demeurer constamment motivée et concentrée au mieux. Le moindre relâchement n’est pas permis, d’autant que le club est un réel pourvoyeur pour l’équipe nationale. Il n’y a qu’à voir l’ambiance qui règne aux entraînements pour comprendre que nos joueurs sont de réels forcenés du travail bien fait.

Un quelconque passe-temps favori ?

Depuis 2000, je suis devenu un réel accro de l’internet, véritable outil de travail et de communication. Je joue au zapping et regarde toutes les chaînes sportives du monde, notamment lorsqu’il s’agit de handball et de football.

Entretien réalisé par Abdennour Belkheir