Il ne se passe pas un jour sans que Paul Le Guen ne vienne nourrir l’actualité des transferts. Après avoir décliné la proposition de Sochaux, qui s’est finalement tourné vers Mehmed Bazdarevic, l’ancien entraîneur de Lyon et du Paris-SG est désormais dans le viseur de la Fédération algérienne.
De source proche des instances locales, l’ex-sélectionneur du Cameroun serait devenu la priorité pour reprendre l’équipe nationale sévèrement battue par le Maroc (0-4), samedi en éliminatoires de la CAN 2012. Au lendemain de cette défaite, Abdelhak Benchikha avait démissionné de son poste de sélectionneur. Sollicité récemment par Bordeaux, Auxerre, Nancy, Valenciennes et Sochaux, Le Guen pourrait être plutôt tenté par une nouvelle expérience à l’étranger.
Après Nouzaret, Accorsi donne la leçon
La République centrafricaine, co-leader de la poule D des éliminatoires pour la CAN-2012, qui l’eut cru ? Sûrement pas les Algériens, qui ne faisaient presque pas cas de cette équipe laquelle, au premier jour de ces éliminatoires, occupait, au classement FIFA des sélections, la… dernière place. Pourtant, c’est l’amère réalité (amère pour nous, cela s’entend). Cette sélection, dont les joueurs n’ont même pas un jeu d’équipement pour s’entraîner, risque de se qualifier à la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations aux dépens de l’Algérie, demi-finaliste de la dernière CAN et l’un des représentants africains à la Coupe du monde. Pourtant, elle ne renferme aucune star. Plus même : son sélectionneur est un Français, Jules Accorsi, qui avait été… chassé d’un club algérien, la JSM Béjaïa, il y a quelques années.
Harouni, Aït Djoudi et Mechiche en savent quelque chose
Comment se fait-il qu’un entraîneur dont un club algérien –qui ne jouait pas les premiers rôles, de surcroît- n’avait plus voulu à un certain moment, au point de le limoger, réussisse à la tête d’une sélection modeste sur le plan de l’effectif et de l’aura continentale ? Etait-il donc si nul quand il exerçait en Algérie, avant de devenir une lumière à Bangui ? Cela ne répond à aucun raisonnement rationnel. La seule explication est que le football algérien fonctionne de manière tellement tordue que le limogeage d’un entraîneur compétent ne surprend plus. N’a-t-on pas vu des entraîneurs algériens ayant gagné des titres être mis à la porte ? Le regretté Djaâfar Harouni, limogé de la JSK, quelques mois après avoir remporté le titre de champion et la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, Azzedine Aït Djoudi, écarté de l’USMA après avoir gagné le doublé, ou encore Ali Mechiche, limogé de l’ESS, après avoir mené l’équipe au sacre national et en finale de la Coupe de la CAF, en savent quelque chose.
Chay, Nouzaret, Fullone et Bracci, pas assez bons pour nous
Si des techniciens algériens se font malmener, en dépit de leurs réalisations, il n’y a donc pas lieu de s’étonner que des étrangers subissent le même sort : Jean-Yves Chay, mis à la porte après avoir gagné le titre de champion d’Algérie avec la JSK, Robert Nouzaret, chassé du MCA alors que l’équipe réalisait un bon parcours et pratiquait le plus beau football du championnat, François Bracci, remercié sans ménagement malgré le titre de champion gagné l’été dernier avec le MCA, Oscar Fullone, bardé de titres africains avec différents clubs, mais que les dirigeants de l’USMA n’avaient pas jugé assez bons pour le garder chez eux… Ce sont autant d’exemples qui confirment que les compétences et les performances ne suffisent pas à satisfaire les dirigeants de nos clubs en particulier et du football algérien en général.
La leçon de Nouzaret n’a pas été retenue
Pourtant, Nouzaret avait tiré la sonnette d’alarme : en nous infligeant, avec la Guinée dont il était le sélectionneur, une mémorable défaite 0-2 au stade du 5-Juillet un certain soir de juin de 2007, il avait démontré que, dans un environnement sain et avec des joueurs disciplinés, un entraîneur pouvait réussir. Or, ces conditions ne sont pas réunies en Algérie, où les joueurs sont aussi capricieux que le sont leurs responsables. Dans un football où le président veut avoir la mainmise sur tout, au point de ne pas accepter des entraîneurs qui ont un fort caractère, il n’y a pas lieu d’être surpris par l’échec. Accorsi est venu corroborer l’idée que le football algérien fonctionne à l’envers.
«Même Lippi ne réussira pas ici !»
Nour Benzekri a laissé une phrase célèbre lorsqu’il avait été limogé du MC Alger vers la fin du siècle passé : «Même si on ramenait Lippi, il ne réussirait pas au Mouloudia !» Aujourd’hui, onze ans après le début du nouveau siècle, la situation n’a guère évolué. On pourrait ramener les meilleurs entraîneurs au monde, il n’est pas évident qu’ils réussiront dans un environnement comme le nôtre. Les présidents de club et des membres du Bureau fédéral n’aiment pas les entraîneurs qui décident seuls. Tant qu’ils continuent à privilégier des entraîneurs «malléables» plutôt que des entraîneurs de poigne et à forte personnalité, on n’avancera jamais.