Le grand reporter malik ait aoudia s’est éteint à l’âge de 48 ans, Le patriote à la caméra disparaît

Le grand reporter malik ait aoudia s’est éteint à l’âge de 48 ans, Le patriote à la caméra disparaît

La nouvelle est tombée tel un couperet avant-hier soir sur les réseaux sociaux provoquant la tristesse au milieu de la presse nationale et étrangère.

Malik Aït Aoudia, l’un des journalistes et réalisateurs les plus prolifiques du monde médiatique franco-algérien s’est éteint à l’âge de 48 ans en menant son dernier combat contre la maladie qui l’avait tenu loin de la caméra durant plus de deux ans.

Né en juin 1967, Malik Aït Aoudia, diplômé de la prestigieuse université française la Sorbonne, commence une carrière de journaliste en signant plusieurs articles dans plusieurs magazines spécialisés en politique. Issue d’une famille révolutionnaire, Malik Aït Aoudia s’est lancé très jeune dans le monde de la presse et de l’audiovisuel pour défendre l’histoire et la culture de son pays. Installé à Paris, il a très vite décroché sa place de réalisateur et de reporter spécialisé autour du dossier du Monde arabe. En 1997 déjà, il signe pour Arte son premier documentaire Gouverner c’est choisir!, un documentaire de 40 minutes sur la prise de décision en politique. Il faut dire que Malik était déjà un journaliste confirmé sur la place parisienne, puisqu’en 1996 il était déjà responsable de l’organisation de «La journée du livre politique» à l’Assemblée nationale française préparée par Luce Perrot. Son engagement politique aux côtés des journalistes et des démocrates algériens, l’a conduit à s’investir totalement dans la production de films et reportages sur la situation sécuritaire algérienne.

En 1998, il réalise son premier documentaire sur la tragédie algérienne: Ce que j’ai vu en Algérie, carnets de route d’André Glucksmann. Un documentaire de 52 minutes diffusé dans l’émission Les Carnets du présent sur France 3. Sa relation avec les télévisions françaises a été d’un appui important pour l’Algérie, dans la confrontation avec les partisans de la thèse du «qui-tu-qui» qui était répandu par une certaine presse française. C’est ainsi qu’il signa de nombreux films sur le sujet, dont Autopsie d’une tragédie: Algérie 1988-2000, coréalisé avec Séverine Labat (sa partenaire de toujours) pour France 5 et France 3 de Autopsie d’une tragédie, Algérie 1988-2000, une série documentaire de trois épisodes de 52 minutes, qui expliqua réellement la décennie noire en Algérie.

En 2000 il coréalise un documentaire de 60 minutes sur l’Algérie pour la chaîne de télévision japonaise NHK et en 2001, il coréalise un reportage diffusé dans l’émission 7 à 8 sur TF1 sur le livre de Habib Souadia La sale guerre. Toujours avec Séverine Labat, il a réalisé en 2002, un reportage pour France 3 de Vol AF8969, histoire secrète d’un détournement un documentaire de 55 minutes sur le détournement de l’Airbus d’Air France en décembre 1994 à Alger. Ce documentaire d’investigation qui offre la parole aux deux côtés a reçu le Prix de la meilleure investigation au Figra 2002. Aït Aoudia coréalisa dans le même sillage un reportage de 20 minutes sur les journalistes en Algérie pendant le terrorisme pour l’émission Compléments d’enquête diffusé sur France 2.

Entre-temps Malik Aït Aoudia est devenu en France une référence en matière de reportage d’investigation, il travaille comme rédacteur pour des émissions telles que De quoi j’me mêle et Mots croisés. En 2006, il crée la société Peacock en Algérie et en France. Il réalisa à cette époque un reportage de 30 minutes sur les Frères musulmans en Europe diffusé sur la Rtbf.

Il signa également un documentaire de 70 minutes pour l’émission Le droit de savoir sur TF1 consacré aux vacances des Français. Ce film avec 49% de parts de marché a réalisé la 3e meilleure audience de l’histoire du «Droit de Savoir». En 2009, le réalisateur algérien signa un reportage qui fera parler beaucoup de lui: Alger, entre la fête et la peur, un documentaire de 52 minutes pour l’émission Enquête exclusive sur M6, qui fera beaucoup de bruit sur la Toile. Ce documentaire est un complément du reportage de 26 minutes réalisé en 1999: Un été à Alger et diffusé sur M6 dans l’émission Zone Interdite. Mais l’oeuvre qui consacra la carrière prolifique de Malik Aït Aoudia fut son documentaire sur Le martyre des sept moines de Tibhirine. Le documentaire est venu rétablir enfin une vérité longtemps tronquée par des conclusions tendancieuses. Construit sur des témoignages exclusifs et des aveux saisissants de cruauté des auteurs directs de cette tragédie, ce documentaire met face à la caméra, des terroristes du GIA et des Algériens qui ont survécu au drame. Le documentaire de 70 mn réalisé avec une grande qualité technique et thématique a remporté plusieurs Prix dont celui du meilleur reportage au Primed 2013 à Marseille et le Prix du public au Festival du film engagé d’Alger en 2014. Le réalisateur algérien s’est éloigné de la caméra depuis deux ans, s’est consacré à l’écriture, en signant plusieurs reportages pour l’hebdomadaire français Marianne. Il s’apprêtait à finaliser la production de son dernier documentaire Les derniers jours de Ben M’hidi, un film de 3 heures pour le cinéma que le cinéaste devait sortir en 2012, mais que la maladie avait stoppé subitement.

Dès l’annonce de sa mort, plusieurs messages de ses proches, amis et collègues ont été publiés sur Facebook, une tribune qui servait ces derniers temps à Malik pour exprimer ses engagements politiques contre l’obscurantisme. Parmi les messages les plus émouvants, on retiendra celle de son cousin l’ancien ministre Amara Benyounès, qui déclara: «L’Algérie vient de perdre un grand journaliste reporter et surtout un vrai patriote.» ou encore de son amie et associée dans la majorité de ses projets: Séverine Labat qui écrit sobrement sur sa page: «Plus qu’un frère. Plus qu’un ami… Une peine infinie.»