Une facette des accords d’Évian de mars 1962 est évoquée dans la contribution publiée ce mardi par Liberté et signé par le fils de Lakhdar Bentobal . Dénonçant « les manipulations de l’histoire, par ceux qui nous gouvernent, et ce dès les premières heures de l’indépendance » il revient sur le texte intégral finalisant les négociations entre les représentants algériens et français et qui aboutiront à l’indépendance.
Khaled Bentobal repose une question, qui reste sans réponse claire à ce jour. Elle concerne la représentativité des négociateurs algériens. Le fils de l’ex-ministre de l’intérieur du Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne (GPRA) se demande pourquoi la version actuelle du texte intégral des accords d’Évian publiée sur le site de la présidence (cliquez ICI) est identique à celle publiée dans le journal officiel français du 20 mars 1962? Dans ces deux cas il est précisé que « les pourparlers qui ont eu lieu à Évian du 7 au 18 mars 1962 (…) entre le gouvernement de la République et le FLN ». Le site d’El Mouradia, dans sa version en langue française, a tout simplement copié la version élaborée par les représentants de Charles De Gaulle. Le choix des français était justifié par la non-reconnaissance du GPRA, mais celui des autorités algériennes reste sans explication « officielle ».
Extrait du texte intégral des accords d’Evian publié sur le site de la présidence (Capture d’écran/Liberte-algerie.com)
C’est d’autant plus surprenant, comme le rappelle le fils de Lakhdar Bentobal, qu’il y avait déjà une version algérienne . Elle a été publiée sur les dans l’édition du 19 mars 1962 du journal El Moudjahid.
Dans cette version DZ du texte intégral des accords d’Évian il est question de pourparlers entre les représentants du gouvernement français et ceux du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne). Le FLN n’est pas mentionné dans la présentation des négociateurs. Pour Khaled Bentobal, dont le père était membre de la délégation algérienne, ne pas mentionner le GPRA est une « manipulation de l’histoire » étant donné qu’il était, au moment des pourparlers, le « seul et unique groupe légitime représentant l’Algérie avec tous les pouvoirs de décision ».
Concernant les négociateurs algériens présents aux accords d’Évian de mars 1962, les noms sont les suivants:
· Krim Belkacem (1922 – 1970)
· Saad Dahlab (1918 – 2000)
· Lakhdar Bentobal (1923 – 2010)
· Amar Benaouda (1925 – )
· Mohamed Seddik Benyahia (1932 – 1982)
· Taïeb Boulahrouf (1923 – 2005)
· Seghir Mostefaï (1926 – )
· Redha Malek (1931 – )
· M’Hamed Yazid (1923 – 2003)
· Ahmed Boumendjel (1908 – 1982)
· Ahmed Francis (1912 – 1968)
Même si ce n’est pas déclarée officiellement, l’effacement des « traces » du GPRA dans ce document n’est sans aucun doute que le résultat de la crise de l’été 1962. Le conflit entre l’armée des frontières incarnée par l’Etat-Major, et le pouvoir civil représenté par le gouvernement provisoire, n’a pas fait uniquement des victimes humaines. L’histoire officielle, même en catimini, n’a pas été épargnée. Vae Victis…
Salim KOUDIL