Mohamed Laksaci justifie la décision de l’autorité bancaire par le déficit qu’accuse la balance des paiements.
L’allocation touristique en devises ne sera pas revue à la hausse. C’est le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA), Mohamed Laksaci, qui a écarté jeudi cette possibilité en réponse aux interrogations des députés sur la présentation du rapport annuel du premier établissement financier du pays. L’allocation touristique en devises équivalant actuellement à 15 000 DA sera maintenue telle quelle, en raison “notamment du léger déficit qu’accuse la balance des paiements”, a-t-il argué. Intervenant, en outre, à propos de l’ouverture des bureaux de change, M. Laksaci a annoncé la révision du cadre organisationnel régissant l’activité de change. C’est ainsi qu’il sera question d’inclure la possibilité de faire bénéficier tous les clients des prestations des bureaux de change et une marge bénéficiaire de 5%.
M. Laksaci a reconnu, dans ce cadre, le manque d’engouement pour cette activité, compte tenu des conditions imposées dont la détermination de la marge bénéficiaire à 1% et la limitation des clients aux non-résidents, c’est-à-dire les étrangers et émigrés. Concrètement parlant, même si le cadre juridique actuel permet l’octroi d’autorisations d’ouverture de bureaux de change et que la Banque centrale a octroyé 46 autorisations pour l’ouverture de bureaux de change, 6 seulement sont encore actifs tandis que les 40 autres ont cessé toute activité.
S’exprimant sur la mauvaise qualité de certains billets en circulation, le gouverneur de la BA a annoncé le retrait des anciens billets de 200 DA : “les billets de 200 DA imprimés en 1983 seront retirés définitivement de la circulation à partir du 31 décembre 2014 tout en maintenant leur force libératoire pour une durée de 10 ans, ce qui implique la possibilité de les échanger contre des billets imprimés en 1992 ou des pièces de monnaie de la même valeur auprès des agences relevant de la Banque d’Algérie.”
Sur la disponibilité des billets, M. Laksaci a indiqué que les agences de la BA disposent vers la fin 2013 d’un stock couvrant la demande sur trois mois. Il en est tout autant d’un autre compte supplémentaire disponible au niveau de la réserve générale de la banque.
Intervenant, en réponse à une question sur les mécanismes de contrôle qui régissent la Banque d’Algérie, M. Laksaci a fait observer que “la BA est tenue de présenter six rapports annuels sur l’évolution financière et économique, la supervision du dispositif bancaire, la gestion des réserves de change, la dette extérieure, le fonctionnement de la Banque centrale et les infractions à la règlementation des changes.” Plus précis à ce propos, il a fait remarquer que “les comptes de la Banque des banques sont soumis à un contrôle financier par des auditeurs spécialisés.” S’exprimant, par ailleurs, sur les modalités de gestion des réserves de change, M. Laksasi a noté que la gestion des réserves nationales de change à l’étranger obéit à des standards et règles mondiaux qui les protègent. “Le placement des réserves de change du pays estimées à 191 milliards de dollars à la fin 2012, se fait actuellement à travers des dépôts auprès des Banques centrales à raison de 6 % de leur total. Le reste, c’est à dire 94%, se fait à travers des obligations, des bons du Trésor et des actifs bénéficiant d’une bonne notation auprès des agences internationales (AAA).” M. Laksasi soulignera, dans ce cadre, que les dépôts auprès des Banques centrales étrangères sont dominés par un panier de devises étrangères à leur tête le dollar américain à 61% et l’euro à 28%. Aux yeux du gouverneur de la Banque d’Algérie “cette démarche traduit l’attachement de la BA à garantir la stabilité de ces dépôts.” S’agissant des obligations et bons du Trésor, ils sont répartis sur plusieurs instruments dont les fonds souverains 65%, les établissements gouvernementaux à 12,9%, les agences d’établissements supranationaux et internationaux à 14,2% et la Banque des règlements internationaux (BRI), à 6%.
La répartition par portefeuilles de ces dépôts met en évidence, note-t-il, que les établissements supranationaux détiennent 21,8 % des dépôts, les États-Unis détiennent 20,7% sous forme de bons du Trésor, l’Allemagne 15,2%, la France 12,4%, les Pays-Bas 9,6% et le Royaume-Uni 8,2%. Selon les chiffres de la BA pour 2012, ces dépôts ont réalisé une moyenne annuelle de revenus estimée à 1,93% contre une moyenne d’intérêt annuelle de 0,18%. “Les statistiques de la Banque centrale algérienne démontrent qu’aucune part de ces réserves n’a été placée dans des actifs à risque comme les titres gouvernementaux émis par des pays en crise tels que la Grèce, le Portugal, l’Espagne, a affirmé le premier responsable de la Banque centrale.”
N. M