Le gouverneur de la Banque d’Algérie devant l’APN : Les indicateurs financiers au vert

Le gouverneur de la Banque d’Algérie devant l’APN : Les indicateurs financiers au vert

Les indicateurs financiers de l’économie nationale poursuivaient leur amélioration au cours du premier semestre de l’année, alors que les crédits bancaires, boostés par le gouvernement, ont réalisé une hausse de 11% par rapport à la fin de juin 2010, a indiqué hier à Alger le gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Mohamed Laksaci.

Les flux d’entrée de capitaux, au titre des IDE (Investissements directs étrangers), étaient de 1,33 milliard de dollars, au moment où l’encours de la dette extérieure à court terme (représentant surtout les différés de paiement dus aux importateurs) est passé à 989 millions de dollars à la fin de juin 2011, contre 1,77 milliard de dollars à la fin de 2010, a-t-il détaillé devant l’Assemblée populaire nationale (APN), lors d’une séance plénière présidée par M. Abdelaziz Ziari, président de l’Assemblée. Au total, le solde global de la balance des paiements du premier semestre a atteint 9,11 milliards de dollars (mds usd). Les réserves de changes du pays, hors DTS (droits de tirage spéciaux du FMI), étaient de 173,9 mds usd à la fin de juin 2011, a rappelé M. Laksaci. « Avec un net recul de la dette extérieure et une accumulation soutenue des réserves de changes, la position financière extérieure de l’Algérie s’est consolidée durant le dernier semestre », a commenté M. Laksaci. Le taux de change effectif réel du dinar est resté à son niveau d’équilibre à moyen terme durant le semestre écoulé marqué, selon le gouverneur, par un « amenuisement du différentiel d’inflation entre l’Algérie et ses principaux partenaires commerciaux ». Les dépenses de personnel et des transferts courants ont progressé de 70,3% durant le premier semestre de 2011, passant à 1.150,3 milliards de DA (mds da) contre 675,6 mds da en 2009.

Les subventions aux EPA (établissements publics administratifs), en « très forte hausse », ainsi que les différents autres soutiens témoignent, selon M. Laksaci, de « l’effort accru de l’Etat en termes de couverture sociale en 2011 ». C’est ainsi que le taux de couverture des dépenses de fonctionnement par les recettes hors hydrocarbures s’est replié à 42,1% au premier semestre, contre 54,8% durant la même période de 2010. Les six premiers mois de l’année en cours ont été également marqués par une nette progression des exportations hors hydrocarbures à 770 millions de dollars, contre 530 millions usd durant le premier semestre de 2010, soit une hausse de 46%. Le montant des importations était en hausse de 15,7% passant à 22,37 mds usd, contre 19,33 mds usd durant les six premiers mois de 2009. En termes de volume, les importations ont baissé de 9% durant la même période de référence. La masse monétaire s’est accrue de 8,62%, tirée notamment par la monétisation des avoirs extérieurs et un accroissement de 11% des crédits à l’économie.

3,49% d’inflation annuelle

L’inflation annuelle moyenne a atteint 3,49% à la fin de juin contre 5,41% à la fin de juin 2010, a rappelé le gouverneur en assurant que les mesures prises par les pouvoirs publics afin de réduire l’effet de « l’inflation importée » et à organiser le marché intérieur ont largement contribué à atténuer le choc des prix de début de l’année sur le niveau général des prix en Algérie.

Côté banques, les crédits à l’économie ont cru durant le premier semestre 2011 de 11%, à raison de 11,29% pour les banques publiques et de 16,44% pour les banques privées. Les crédits destinés aux entreprises privées étaient en hausse de 10,21%, tandis que ceux destinés au secteur public ont réalisé une croissance de 13,48%. Les crédits aux ménages n’ont cependant progressé que de 3,47%, même si les crédits immobiliers aux ménages se sont accrus de 12,5% pour atteindre 74% des crédits destinés à cette catégorie. Les banques ont aussi réussi à consolider leurs indicateurs de solidité financière durant le semestre écoulé, selon M. Laksaci qui a indiqué que le ratio de solvabilité bancaire avait atteint près de 21%. L’autre indicateur marquant du premier semestre est la baisse des créances non performantes à 16,63% du total des crédits à la fin de juin contre un taux de 19% à la fin de 2010. Grâce à l’application, depuis mai dernier, d’une nouvelle réglementation en phase avec les normes du comité de Bâle (relatives aux règles prudentielles internationales), relatives à l’obligation de maintien d’un minimum de liquidités, « les banques de la place ont satisfait à cette exigence jusqu’à la fin de juin », selon le constat du gouverneur de la Banque d’Algérie. « Cette année se caractérise par une liquidité bancaire plus ample et largement disséminée », a-t-il prédit. Evoquant la décision du gouvernement d’encourager les banques à rééchelonner les créances sur les PME en difficulté, M. Laksaci a fait savoir qu’un règlement du Conseil de la monnaie et du crédit, édicté à la fin de juin, précise que les créances concernées étaient celles constatées à la fin d’avril. Il a souligné à cet égard que les banques « doivent s’assurer désormais d’une meilleure gestion des risques de crédits ». Un développement soutenu des crédits immobiliers pour faciliter l’accès des ménages aux logements est également attendu des banques, selon le premier responsable de la banque des banques.

————————-

Système bancaire et financier

Les députés critiquent ses faiblesses

La position financière solide de l’Algérie, mise en évidence dans le rapport sur la situation économique et financière de l’Algérie, présenté hier par le gouverneur de la Banque d’Algérie M. Laksaci devant les députés de l’APN, n’a pas empêché que de nombreuses critiques s’expriment mettant en exergue les faiblesses et dysfonctionnements qui minent encore notre système bancaire et financier.

Les résultats positifs engrangés grâce à la politique monétaire et à la gestion de nos réserves de changes par la Banque d’Algérie, contribuant à maintenir ces réserves à un niveau confortable (173,9 milliards de dollars à la fin de juin 2011, hors avoirs en or et DTS, ce qui correspond à plus de trois années de couverture des importations), n’ont pas rassuré outre mesure les députés, nombreux hier à intervenir pour exprimer leurs inquiétudes, en souhaitant avoir des réponses rassurantes à leurs questions, à pointer du doigt également les nombreuses faiblesses et dysfonctionnements qui persistent encore dans notre système bancaire et financier, ceci malgré la mise en œuvre de la réforme bancaire et financière. Après que M. Laksaci eut souligné les performances appréciables réalisées dans le domaine de la gestion des réserves de changes avec des rendements élevés de près de 3% en 2010 et supérieures à 3% en 2008 et 2009, en plus du choix de la diversification etc., le député Bouâza s’est interrogé sur les garanties que représente une telle gestion dans le contexte de la crise de la dette dans le monde, notamment en Europe. Pour cet député, le fait que 98% de nos revenus extérieurs proviennent des hydrocarbures est inquiétant, ce qui nécessite l’élaboration d’une stratégie de développement durable qui soit en phase avec les attentes des citoyens, comme par exemple le développement de l’industrie agroalimentaire et en amont la production d’huile afin de réduire les importations. Plusieurs intrvenants ont estimé que les résultats de la réforme bancaire et financière ne sont pas visibles sur le terrain vu qu’il n’existe pas de banques modernes, aux normes internationales, émerger. “Pourquoi nos banques sont-elles absentes à l’international où il y a de l’argent à gagner, ne serait-ce que pour collecter l’épargne de nos émigrés ?” s’est interrogé un député.

L’absence de bureaux de change légaux et le marché parallèle de la devise ont suscité de vives critiques de la part de nombreux députés qui estiment qu’il y a là un grave préjudice pour l’économie nationale, une atteinte à l’autorité de l’Etat et un effet néfaste s’agissant de la confiance des investisseurs et des épargnants en général.

Autres problèmes persistants : le manque de liquidités bien que les banques soient en état de surliquidité, notamment la veille des fêtes, les billets de 200 dinars en piteux état et la disparition inexplicable du nouveau billet de 2.000 dinars.

Des députés ont plaidé pour l’amendement de la loi sur la monnaie et le crédit, pour permettre la création de banques islamiques en mesure de répondre à la demande sociale.

M. BRAHIM