Le gouverneur de la Banque d’Algérie avertit, Finances : la cote d’alerte

Le gouverneur de la Banque d’Algérie avertit, Finances : la cote d’alerte

Les réserves de changes devraient baisser à 187,6 milliards de dollars à la fin de cette année pour se contracter, en 2015, à 172,6 milliards de dollars.

“Les réserves de changes actuelles permettent à l’Algérie de faire face aux chocs sur la balance des paiements extérieurs à court terme mais cette capacité à résister aux chocs se dissipera vite si les cours du pétrole restent à des  niveaux bas pendant longtemps”, a averti hier le gouverneur de la Banque d’Algérie, lors de la présentation du rapport portant sur les évolutions économiques et financières de l’année 2013 et le 1er semestre 2014 à l’Assemblée populaire nationale.

Dans sa note de conjoncture sur les tendances monétaires et financières au 1er semestre 2014, la Banque d’Algérie avait indiqué que la hausse des importations de biens conjuguée au recul des exportations en la matière a induit une contraction de l’excédent commercial de la balance des paiements. Ce dernier est passé de 3,667 milliards de dollars au 1er semestre 2013 à 2,756 milliards de dollars au 1er semestre 2014. Outre la contraction du solde de la balance commerciale de 911 millions de dollars, le déficit du poste “services hors revenus des facteurs” s’est aggravé de 851 millions de dollars, passant de 3,2 milliards de dollars au 1er semestre de 2013 à 4,1 milliards de dollars au 1er semestre 2014.

Le déficit du compte courant de la balance des paiements s’est aggravé au cours du 1er semestre de l’année en cours, notamment au 2e trimestre, comparativement à la même période de l’année 2013.

En effet, ce déficit est passé de 350 millions de dollars au 1er semestre 2013 à 2,3 milliards de dollars au 1er semestre de 2014, sous l’effet de la contraction de l’excédent du solde commercial et du creusement des déficits des postes services et revenus.

L’excédent appréciable du compte capital, 0,976 milliard de dollars contre 1,235 milliard de dollars au 1er semestre 2013, en situation de stabilisation du flux au titre des investissements directs étrangers nets à 0,75 milliard de dollars, n’a pu que partiellement compenser le déficit du compte courant, de sorte que la balance des paiements extérieurs globale a dégagé un déficit de 1,32 milliard de dollars au 1er semestre 2014 ; le 1er semestre de l’année précédente ayant enregistré un excédent (0,89 milliard de dollars). Les réserves officielles de changes se sont contractées à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014, après une progression au 2e semestre 2013 à 194 milliards de dollars en fin de période. Corrélativement à l’effet de valorisation, l’encours des réserves de changes (or non compris) a progressé à 194,961 milliards de dollars à fin mars 2014, pour ensuite se contracter au 2e trimestre 2014. Le document de la Banque d’Algérie a relevé une forte contraction des ressources du Fonds de régulation des recettes à 4 773,51 milliards de dinars à fin

juin 2014 (5 238,80 milliards de dinars à fin 2013). Cette contraction est liée à la forte augmentation des décaissements au titre des dépenses d’équipements par rapport au 1er semestre 2013, en situation de poursuite de la progression des dépenses courantes.

La baisse des réserves de changes et le creusement du déficit de la balance des paiements globale  sont intervenus au moment où, sur le marché international de l’énergie, le prix du baril de Brent a enregistré une tendance haussière au 2e trimestre 2014, passant de 104 dollars le baril début avril à

115 dollars le baril fin juin, sur fond de tensions géopolitiques et de forte croissance de la production des pays non-Opep. En revanche, au cours du 1er trimestre 2014, le prix du baril de Brent s’était inscrit à la baisse, passant de 111,4 dollars début janvier à 107 dollars fin mars, évolution marquée plus par des facteurs temporaires en situation de dépréciation du dollar face à l’euro. Dans cette conjoncture, le prix moyen mensuel du pétrole algérien a évolué dans la fourchette de 108,35 à 113 dollars/baril au cours du 1er semestre 2014, progressant légèrement en moyenne semestrielle à 109,92 dollars contre 108,55 dollars le baril au

1er semestre 2013. En dépit de cette relative bonne tenue des prix des hydrocarbures qui ont atteint 110,27 dollars/baril au 2e trimestre 2014 (109,55 dollars le baril au 1er trimestre 2014), les exportations d’hydrocarbures se sont établies à 31,83 milliards de dollars au cours du 1er semestre 2014, en baisse de 1,37% par rapport à la même période en 2013 où leur niveau était de 32,27 milliards de dollars. Mais depuis juin dernier, le prix du baril de pétrole a perdu 44% de sa valeur. Abdelmadjid Attar, qui était, au début du mois l’invité de la radio, a estimé qu’“on devrait boucler l’année 2014 avec un prix moyen du baril compris entre 85 et 90 dollars et que l’année en cours risque de se terminer sur un prix proche de 60 ou 65 dollars avec un mois de décembre catastrophique”. Selon les prévisions du Fonds, les réserves de changes devraient baisser à 187,6 milliards de dollars à la fin de cette année pour se contracter, en 2015, à 172,6 milliards de dollars. Certes l’Algérie a préservé sa stabilité monétaire et financière en dépit des faibles performances de sa balance des paiements extérieurs et de la persistance du déficit budgétaire, “mais il n’en reste pas moins que la question de la fragilité de l’économie algérienne à l’égard des hydrocarbures et donc des prix du pétrole se pose avec acuité”, lance M. Laksaci. Le “warning” de la banque sonne comme une réponse aux assurances du ministre des Finances qui a indiqué récemment que “l’Algérie repose sur un matelas financier qui lui permet de faire face aisément à tous les chocs économico-financiers”.