Le gouvernement va publier le décret exécutif relatif à la couverture sociale des artistes, La culture remporte une première bataille

Le gouvernement va publier le décret exécutif relatif à la couverture sociale des artistes, La culture remporte une première bataille

Les artistes et auteurs vivent difficilement de leur art. Le plus souvent, et ce, malgré leur grande notoriété, ils disparaissent dans le dénuement le plus total.

Un blanc juridique vient d’être comblé et la grande famille artistique algérienne s’en félicite. Avec des années de retard, le gouvernement a enfin publié le décret exécutif qui encadre la couverture sociale des artistes et auteurs indépendants. Cette catégorie professionnelle peut, désormais, prétendre aux droits sociaux que la Constitution algérienne consacre à tout travailleur.

C’était hier matin, dans l’enceinte du Palais de la Culture, devant un parterre de vedettes et d’artistes algériens, que les ministres de la Culture et du Travail ont officiellement annoncé la bonne nouvelle. Ce dossier, porté depuis presque dix ans par Mme Khalida Toumi, a abouti, dit-elle, “grâce au concours de M. Mohamed Benmeradi qui a présenté ce décret au nom de son département et au soutien de M. Abdelmalek Sellal qui l’a programmé en Conseil des ministres”.

L’échange d’amabilités continue. Dans son allocution, le ministre du Travail, Mohamed Benmeradi, rend hommage à sa collègue de la Culture pour avoir mené ce combat au nom des artistes. “C’est aujourd’hui un grand honneur de côtoyer ces hommes et ces femmes qui sont le véritable trésor de la nation, beaucoup plus importants que les richesses matérielles dont dispose le pays”, disait M. Benmeradi. Tout en félicitant la ministre et les artistes présents, M. Benmeradi a estimé que “le gouvernement a ainsi corrigé une grande erreur qui n’a que trop duré”. En effet, exceptés certains artistes qui bénéficient de contrats en bonne et due forme, l’écrasante majorité exerce dans des conditions opaques et sans la moindre protection. D’ailleurs, les artistes et auteurs vivent difficilement de leur art. Le plus souvent, et ce, malgré leur grande notoriété, ils disparaissent dans le dénuement le plus total, laissant derrière eux leur famille dans l’insécurité financière.

Une avancée qui profite aux plus jeunes Ce décret, qui sera publié dans le Journal officiel dans les jours à venir, répare une injustice et marque un premier pas dans la reconnaissance des métiers artistiques. Le texte précise, entre autres, les modalités d’enregistrement, les taux des cotisations, les mécanismes de réparation et des exemples de déclarations. “Le décret reconnaît le droit à la santé et à la retraite”, insiste Mme Toumi. Mais si ce décret assure désormais une couverture sociale à tous les artistes, pour la retraite, le problème est plus complexe puisqu’elle est déterminée en fonction des années de cotisations. En d’autres termes, les artistes les plus âgés n’auront pas la possibilité de cotiser le nombre d’années nécessaire à l’obtention d’une bonne retraite. “L’État reconnaît qu’il a commis une faute à l’égard des artistes et auteurs indépendants et se chargera de trouver la solution pour racheter aux anciens les années non-cotisées”, a assuré la ministre de la Culture.

L’article 11 dudit décret fait référence à cette subtilité et les deux ministres promettent des solutions pour les semaines à venir. “L’État peut racheter jusqu’à cinq années de cotisations pour donner droit à une pension ou à des allocations de retraite”, propose, à titre d’exemple, M. Benmeradi, pour qui “des solutions existent”. Cette première victoire semble avoir satisfait l’assistance. L’illustre Farida Saboundji a versé une larme de bonheur lorsque Mme Toumi est allée la saluer. Mais la famille artistique algérienne ne perd pas de vue ses autres objectifs. “Il faut continuer de sensibiliser le ministère des Finances afin que l’artiste algérien bénéficie d’un identifiant fiscal. Ce qui lui permettra de facturer son travail”, a rappelé Zoubir Hellal, membre du Conseil national des arts et des lettres.

A. H