Le gouvernement Sellal : Continuité ou changement dans la politique socio-économique ?

Le gouvernement Sellal : Continuité ou changement dans la politique socio-économique ?

1.Le président de la république a tiré les leçons des élections présidentielles du 10 mai 2012 qui ont été mitigé avec le fort taux  de non participation. Pour les résultats officiels  du conseil constitutionnel des élections législatives du 10 mai 2012, le nombre d’électeurs inscrits a été de  21.645.841, le nombre  de votants de  9.339.026, le nombre de suffrages exprimés de  7.634.979 donnant une participation officielle   de  43,14 % avec un nombre  de  bulletins nuls de  1.704.047. Pour avoir une image réelle de la participation, il ya lieu donc de comptabiliser les bulletins nuls  qui représentent 7,87 % par rapport aux inscrits  soit  un taux d’abstention de  56,86%  plus  7,87% de bulletins nuls, donnant le nombre de personnes n’ayant pas  fait un choix  de 64,73% soit environ les deux tiers de la population algérienne. Si l’on comptabilise le nombre de personnes en âge de voter qui ne se sont pas inscrits selon l’enquête sur la population de l’ONS  en date de janvier 2012 (environ 1,7 millions) ce taux approche les  75%. Pour le Parti FLN,  le ratio suffrages recueillis sur nombre d’inscrits a été de  6,11% Quant au  Rassemblement national démocratique- RND, le nombre de suffrages recueillis a été de 524.057 de   voix , le ratio suffrages recueillis sur nombre d’inscrits de 2,42%, le  ratio par rapport aux votants  de 5,61%- et le ratio suffrages sur suffrages exprimés de  6,86%.Pour la liste  de l’Alliance Algérie verte  le ratio suffrages recueillis sur nombre d’inscrits de 2,19%. L’actuel parlement n’est  pas  représentatif et en plus, l’alliance islamique verte , le FFS, le PT ont  refusé de siéger au gouvernement  Cela  a poussé  le président de la république  à un  saupoudrage  gouvernemental   et la désignation  d’un premier ministre  non partisan.

2.- Le problème central qui se pose est le suivant : le gouvernement SELLAL  dépassera t –on le statut quo actuel suicidaire  et changera-t-on de politique économique entre temps, pour l’émergence d’une économie hors hydrocarbures et ce pour le bien être de l’Algérie et des générations futures ? En 2012, au  moment où les pouvoirs publics  s’enorgueillissent   des 190 milliards de dollars de réserves de change au 01 septembre 2012, dont 83% placées à l’étranger à un taux d’intérêt fixe de 3%, rendement presque nul corrigé par l’inflation mondiale,  la majorité de la population algérienne – dont 70 % perçoit moins de 30 000 dinars net par mois (moins de 300 euros) – est confrontée à une hausse vertigineuse des prix et à la détérioration de son pouvoir d’achat..  Malgré qu’après 50 années d’indépendance politique, l’économie algérienne est  une économie totalement rentière 98% d’exportation d ‘hydrocarbures à l’état brut et semi brut (important de l’essence et du gasoil et la majorité des produits chimiques intermédiaires)  et d’une manière générale important 70-75% des besoins des ménages et des entreprises  publiques et privées dont le taux d’intégration  ne dépasse pas 15% avec une corruption inégalée depuis l’indépendance politique. Beaucoup d’argent circule ( 500 milliards de dollars de dépenses publiques entre 2004-2014 dont 70% pour les infrastructures  avec des surcouts exorbitants  et sans analyse des impacts  sans contrôle renvoyant au manque de contrepoids politiques et social c’est-à-dire la démocratisation et la faiblesse  de l’’Etat de droit touchant la majorité des secteurs et démobilisant la population .Il en résulte  la dominance de la  sphère informelle  que l’on   ne combat pas  par des mesures autoritaires  inefficaces à termes, car étant le  produit du fonctionnement du système lui même, contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation    et 65% des produits de premières nécessité avec de gros monopoleurs  tissent des relations dialectiques  avec  certains segments bureaucratiques du pouvoir   selon la logique rentière.

3.-Aussi, avec de nombreux observateurs, je   pense qu’il n’y aura pas de changement de cap de la politique économique ce qui supposerait  de profondes réformes  impliquant  forcément un réaménagement profond de la logique du pouvoir  algérien. La raison principale est que depuis la révision de la Constitution c’est un régime présidentiel et tous les  pouvoirs sont concentrés à la présidence, n’ayant plus de chef de gouvernement mais un premier ministre.  Ce sera donc  la continuité, comme précisé par   le nouveau premier ministre de l’application du programme présidentiel.  Donc  pas de  réformes  de fond, mais  des lois (vision  juridique)   mais que contrediront quotidiennement les pratiques sociales. Pourquoi ?  Les réformes structurelles    ne peuvent être réalisées  car déplaçant des segments importants de pouvoir et pouvant créer des clivages entre les  différents clans du pouvoir animé par  le partage de la rente.  Abdelmalek SELLAL connu pour sa pondération,  l’homme qui ne fait pas de vague,  est donc l’homme de la situation   actuelle  afin de ne pas   trop bousculer les  intérêts.   Bien  que  Abdelmalek SELLAL , que je connais depuis  35 années  comme un homme honnête,  est un fonctionnaire modèle, un parfait commis de l’Etat, son secteur n’ayant pas connu les scandales financiers comme ceux de la route Est Ouest- ou Sonatrach,   exécutera à la lettre la feuille de route  fixé en haut lieu, la paix sociale à tout prix. Pour le pouvoir réel, secoué par le printemps arabe,  des tensions au Sahel, la guerre civile  en Syrie, l’objectif  est de préparer les élections présidentielles du 04 avril 2014 sans remous sociaux avec entre temps les élections locales de novembre 2012 et  certainement la révision constitutionnelle.

Dr. Abderrahmane MEBTOUL