La violence a atteint un nouveau pic hier en Égypte, où plus de soixante partisans du président Morsi ont été tués lors d’affrontements avec les forces de sécurité, au lendemain de manifestations massives rivales également ensanglantées par de violents heurts.
Des affrontements hier entre les partisans de Mohamed Morsi, qui tentaient de bloquer un pont routier sur la route de l’aéroport du Caire, et les forces de sécurité ont fait plus de soixante morts.
Ces nouvelles violences, dont le bilan définitif n’était pas fixé, ont fait potentiellement au moins 66 morts hier, soit la journée la plus meurtrière en Égypte depuis la destitution de Mohamed Morsi par l’armée le 3 juillet dernier.
Un journaliste de l’AFP a dénombré dans l’hôpital de campagne des pro-Morsi 37 cadavres, touchés par des tirs à balles réelles, lors d’affrontements avec la police aux premières heures, selon une médecin sur place, le Dr Amal Ahmad Ibrahim, précisant qu’un nombre indéterminé d’autres corps avaient été acheminés vers d’autres établissements.
Le ministère de la Santé a, pour sa part, fait état de 29 morts dans des hôpitaux d’État, ce qui porterait donc le bilan de samedi à 66 morts. Dans l’hôpital de campagne installé à l’intérieur de la mosquée Rabaa al-Adawiya, les corps étaient recouverts d’un drap blanc, sur lequel leur nom était écrit.
Le sol de la salle était couvert de taches de sang.
Le ministère égyptien de l’Intérieur a rejeté sur les islamistes la responsabilité des affrontements et assuré que la police n’avait pas tiré à balles réelles sur eux. “Les Frères musulmans ont refusé que la journée se déroule pacifiquement et ont cherché à la gâcher dans plusieurs gouvernorats, en particulier au Caire et à Alexandrie”, a déclaré le porte-parole du ministère, Hani Abdellatif, en référence aux manifestations massives de vendredi. La même source a indiqué que des manifestants pro-Morsi ont tenté, tôt hier matin, de bloquer un pont routier sur la route de l’aéroport du Caire et se sont heurtés aux riverains d’un quartier voisin, a-t-il affirmé, ajoutant que “les forces de sécurité sont intervenues pour les séparer et empêcher la fermeture du pont».
La police “n’a pas utilisé plus que du gaz lacrymogène” contre les manifestants, a assuré le porte-parole, laissant entendre que les dizaines de morts déplorés par les islamistes avaient été tués par des habitants des environs. Les pro-Morsi ont souligné que ces heurts sanglants faisaient suite au discours du chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, demandant aux Égyptiens de descendre massivement dans la rue vendredi pour lui donner «mandat d’en finir avec le terrorisme”. “De telles déclarations de Sissi incitent à la violence et à la haine et servent à couvrir les crimes haineux de l’armée et de la police égyptiennes”, ont-ils accusé dans un communiqué.
Dans une interview télévisée, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ibrahim, interrogé sur le campement autour de la mosquée Rabaa al-Adawiya, a déclaré qu’il y “aurait bientôt des décisions du procureur pour mettre fin à cette situation”.
Il y sera mis un terme «dans le cadre de la loi”, en cherchant à ce qu’il y ait “le moins de pertes possibles”, a-t-il néanmoins assuré.
Les violences liées aux troubles politiques ont fait plus de 250 morts en un mois.
La péninsule du Sinaï est en outre en proie à une rébellion larvée, des hommes armés y ont tué un civil et blessé cinq soldats vendredi.
M T