Le marché échappe totalement au contrôle de l’Etat
Aux premiers jours du Ramadhan, le marché des fruits et légumes est complètement bouleversé.
Le scénario se reproduit chaque année. La flambée des prix plombe le marché, faisant fi de toute réglementation. Cette année, elle a encore démontré l’incapacité du gouvernement à contrôler les prix. Pourtant, les pouvoirs publics n’ont pas cessé de promettre un Ramadhan sans pénurie et sans flambée des prix. Une batterie de mesures a été prise dans ce sens. Renforcement de l’effectif des agents de contrôle, recours à l’importation pour approvisionner le marché, sensibilisation des opérateurs sont autant de recettes appliquées par les pouvoirs publics.
Or, ni le recours à l’importation ni le renforcement du dispositif de contrôle n’ont réussi à redresser la situation. Le marché échappe totalement au contrôle de l’Etat. Preuve en est, à la veille du mois sacré de Ramadhan, le marché des fruits et légumes est complètement bouleversé. La mercuriale donne le tournis.
Rien que pour les légumes et les fruits, les prix sont montés en flèche. La courgette qui était à 70 dinars est vendue à 120 dinars le kilo. Idem pour la carotte qui passe de 60 à 100 dinars le kilo, du jour au lendemain. La salade se met également sur la même ligne avec 100 dinars le kilo. La pomme de terre prend son envol en grimpant de 35 à 60 dinars le kilo.
Lors d’une visite qu’il a effectuée au marché d’El Harrach à la veille du Ramadhan, le ministre du Commerce a été frappé par la flambée des prix et a constaté impuissant qu’aucune démarche ne pouvait arrêter la spéculation. «Il est impossible de tout contrôler, car le nombre de commerçants est supérieur à celui des contrôleurs», a été sa réponse, ajoutant: «Je ne peux pas prévoir une baisse des prix des fruits et légumes durant le Ramadhan». La hausse démesurée des prix des viandes reste tout de même inexpliquée. L’importation des viandes congelées n’a pas eu beaucoup d’impact sur les prix. Fixé à 250 dinars le kilo, le poulet congelé n’est toujours pas disponible sur les étals. Certains le vendent à 260 dinars le kilo.
Malgré les quantités importées, le prix des viandes n’a pas connu de baisse. Bien au contraire, il a grimpé à 1400 dinars le kilo. Ce qui démontre que l’importation n’est plus la solution idoine pour atténuer les prix en folie. L’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) a eu raison en appelant les pouvoirs publics à réfléchir à d’autres solutions que l’importation. Son porte-parole a averti dès le départ que cette option ne fera pas baisser les prix des viandes. «La viande congelée importée se vend entre 500 et 600 DA, alors comment voulez-vous que les éleveurs locaux vendent la viande fraîche à des prix moindres? s’est-il interrogé. Cela pousse les producteurs à vendre la viande locale plus cher.»
M.Boulenouar rappelle que l’Algérie importe annuellement 70.000 tonnes de viandes pour un budget qui varie entre 250 et 350 millions de dollars. Au lieu d’importer, le responsable de l’Ugcaa propose d’injecter ces sommes pour encourager la production nationale.
«Pourquoi cette enveloppe n’irait pas aux éleveurs pour leur permettre d’améliorer et de renforcer leurs cheptels?» préconise le porte-parole de l’Ugcaa qui rappelle que depuis cinq ans, l’Algérie compte toujours entre 20 et 25 millions de têtes de cheptel alors qu’elle peut compter plus de 100 millions de têtes avec la superficie dont elle dispose.
La production nationale de viandes est estimée, poursuit M.Boulenouar, à 600 000 tonnes par an, à savoir 350.000 de viandes rouges et 250.000 de viandes blanches. Les besoins nationaux sont estimés à un million de tonnes.
L’augmentation a touché également l’eau minérale. Le fardeau est passé de 130 à 160 dinars durant ces premiers jours de Ramadhan.
Devant l’absence de contrôle, les commerçants imposent leurs prix. Les pouvoirs publics étant incapables de stopper cette tendance spéculative, le citoyen se retrouve pris en otage et ne sait plus à quel saint se vouer…