Après avoir fait chou blanc lors de la dernière réunion de l’Opep, à l’issue de laquelle elle n’a pu convaincre les membres à baisser leur production pour une stabilité des prix du pétrole, l’Algérie teste ses talents de persuasion ailleurs, dans le but d’attirer les pays producteurs non Opep vers… sa position. Le président de la République multiplie, ces deniers jours, ses messages à l’adresse des dirigeants des nations productrices de pétrole afin de les gagner à sa cause.
Des émissaires sont dépêchés chez ses homologues pour leur expliquer le bien-fondé de sa démarche et dans l’espoir de les voir épouser sa stratégie vis-à-vis de cette dégringolade continue des cours du brut et ses périlleuses conséquences sur les plans économique et social de toute la planète. Cette opération de lobbying dénote de l’inquiétude des pouvoirs publics, née de l’impact de plus en plus palpable de cette baisse des prix sur la situation financière du pays. Le recours aux producteurs non affiliés à l’Opep signifie clairement que les adhérents de cette organisation, notamment l’Arabie saoudite, campent toujours sur leurs positions de maintien de la production et que les chances d’un consensus dans ce sens s’amenuisent. À cette crise pétrolière qui s’inscrira vraisemblablement dans le temps, l’Algérie cherche une solution durable et consensuelle. Se considérant lui-même vulnérable face à cette baisse ininterrompue des cours de l’or noir, à l’instar de beaucoup d’autres exportateurs, notre pays est à la recherche d’un prix à la fois “juste, rémunérateur et équitable” pour ses exportations.
L’Algérie reste convaincue du rôle important que peuvent jouer les pays non Opep pour la réussite de cette initiative qui privilégie le dialogue entre tous les États concernés. Outre les ministres de l’Énergie Youcef Yousfi et de la Justice Tayeb Louh, envoyés spéciaux d’Abdelaziz Bouteflika, respectivement, auprès des plus hautes autorités d’Azerbaïdjan et d’Arabie saoudite, un des principaux producteurs de pétrole dans le monde, le Premier ministre a, lui-aussi, rencontré précédemment plusieurs hauts responsables en Afrique, dans le monde arabe et en Europe.
Il a été chargé d’ouvrir des discussions avec le Gabon, le Congo et la Guinée-équatoriale, ainsi qu’avec le Nigeria et l’Angola. Le premier magistrat du pays plaide pour une concertation entre les membres de l’organisation et ceux qui n’en font pas partie. L’Algérie et le Venezuela ont

entamé une action commune et consenti un effort élargi à tous les exportateurs de pétrole, en vue d’un consensus profitable à tous.
“La démarche consensuelle, au sein de l’Opep et avec d’autres producteurs, est nécessaire pour dégager des solutions stables”, avait déclaré, en novembre dernier, Youcef Yousfi, pour inciter ses pairs de l’organisation à emprunter la voie du dialogue pour corriger les déséquilibres d’un marché excédentaire marqué par une chute de près de 50% des cours depuis juin dernier. Un autre pays, qui dispose d’importantes manœuvres pour un rééquilibre du marché pétrolier mondial avec une production de 10 millions de barils/jour, est incontestablement la Russie. Mieux, Moscou a affiché sa disponibilité à coopérer avec l’Opep d’autant plus que le niveau actuel des cours du brut devrait lui occasionner une perte de 100 milliards de dollars de recettes pétrolières en 2015. Pour certains observateurs, Abdelaziz Bouteflika, qui a reçu dernièrement l’ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, veut exploiter l’aura dont jouit ce diplomate dans les pays du Golfe, afin de sensibiliser ces derniers quant à sa proposition de sortie de crise.
B.K.