Le gouvernement libyen annonce la mort de Mokhtar Belmokhtar dans un raid américain, le Pentagone prudent

Le gouvernement libyen annonce la mort de Mokhtar Belmokhtar dans un raid américain, le Pentagone prudent

Mokhtar Belmokhtar alias Belaouer ou le borgne a été la cible dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 d’une frappe menée par des avions de chasse américains en Libye.

L’information a été confirmée par le Pentagone dont le porte-parole, Steve Warren s’est abstenu, contrairement au gouvernement libyen de Tobrouk, de dire si le chef djihadiste a été tué dans le raid.

« Nous évaluons les résultats de l’opération et fournirons des informations supplémentaires quand cela s’avérera approprié  » a-t-il déclaré dans un communiqué au sujet de l’opération. Les américains restent prudents et attendant les résultats de l’autopsie des corps pour se prononcer sur la mort de Belmokhtar.

Le gouvernement libyen de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, est, lui, catégorique : Belmokhtar a bien été tué dans un raid mené par les avions de chasse américains qui a eu lieu avec son accord.

Des « avions de chasse américains ont mené des frappes aériennes la nuit dernière lors d’une mission qui a eu pour conséquence la mort du terroriste Belmokhtar » a-t-il indiqué dans un communiqué.

La frappe américaine, indique une agence de presse libyenne, a ciblé une ferme à Ajdabiya, à 160 km à l’ouest de Benghazi, chef-lieu de l’Est libyen. Belmokhtar s’y trouvait pour une réunion avec d’autres chefs de groupes extrémistes, dont des membres d’ »Ansar Acharia », une organisation classée terroriste par l’ONU.

La dernière mort annoncée

C’est la « dernière mort annoncée » de Mokhtar Belmokhtar. La prudence des américains s’explique: la mort de « Belaouer  » un ancêtre du djihadisme en Algérie a été en effet annoncé à plusieurs reprises dans le passé avant d’être démentie dans les faits.

Natif de Metlili (Ghardaïa), Belmokhtar (43 ans) a fait l’Afghanistan alors qu’il avait 19 ans. Il y aurait perdu un œil, d’où le surnom du « Borgne » qui lui est affublé.

Après 1992 et la plongée de l’Algérie dans les violences, il va faire partie du GIA (Groupe Islamique Armée) avec pour champ d’action le sud du pays. Il rejoint par la suite le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qui remplace et supplante le GIA.

C’est avec Belmokhtar que se développe une redoutable imbrication entre les groupes djihadistes et la très vieille activité de contrebande pratiquée dans la région du Sahel. Les liens avec les chefs des tribus locaux se renforcent et constituent une des raisons de la longévité exceptionnelle de Belmokhtar.

Belaouar a en général veillé à conserver son autonomie au sein de l’organisation terroriste à laquelle il est affilié. Il n’est pas bien vu par Droudkel, chef d’AQMI qui a remplacé le GSPC après son affiliation à Al-Qaïda. Il est remplacé sur ordre de Droudkel par Abdelhamid Abou Zeïd.

La base gazière de Tiguentourine

L’homme de Tiguentourine

Belmokhar entre en dissidence et crée en 2012 le groupe des « Signataires par le sang ». Il crée en 2013 avec des éléments du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), le groupe des « Al-Mourabitoune ».

Le groupe de Belmokhtar est l’auteur de l’attaque qui a ciblé en janvier 2013, la base gazière de Tigentourine qui s’est soldé par la mort de 38 otages et de 29 terroristes.

Cette attaque contre le complexe gazier situé à In Amenas, non loin de la frontière avec la Libye, n’avait pas de précédent en Algérie où les installations pétro-gazières ont été préservées durant les grandes violences des années 90.

Cette opération terroriste à l’impact politique sismique sur le régime algérien figure en haut du tableau du palmarès criminel de Belmokhtar. Mokhtar Belmokhtar a réaffirmé récemment l’allégeance d’Al-Mourabitoune, à Al-Qaida et démenti le ralliement à l’Etat islamique (EI) La nouvelle mort annoncée de Belmokhar est-elle la dernière?