Après avoir joué chacun sa partition seul, les walis sont désormais appelés à coordonner leurs actions et les inscrire en phase avec la stratégie globale du gouvernement.
La réunion gouvernement-walis, qui constituera un moment fort dans la nouvelle politique de développement que l’équipe gouvernementale s’évertue à mettre en place, aura lieu les 12 et 13 novembre prochains. L’objet de la rencontre s’articulera essentiellement, nous apprennent des sources sûres, sur la stratégie à mettre en place au niveau local afin d’accompagner «le nouveau modèle économique entériné lors de la dernière tripartite». Il s’articulera également, ajoute-t-on, sur la nécessité de mener un travail pédagogique intense et permanent envers la population afin de préparer le terrain à la mise en place des nouvelles mesures contenues notamment dans la loi de finances 2017 qui sont plus ou moins «antisociales». C’est d’ailleurs pour mieux mener cette feuille de route qu’un léger remaniement dans le corps des walis a été opéré récemment par le président de la République.
Bien entendu, cette réunion aurait été anodine dans d’autres conditions. Elle l’a été déjà par le passé. Néanmoins, vu les difficultés de la conjoncture actuelle marquée par la chute des prix du baril du pétrole et les effets néfastes qu’elle a eus aussi bien sur le fonctionnement de l’économie nationale, le budget de l’Etat et les politiques sociales de l’Etat, il représente un rendez-vous important pour définir la feuille de route à appliquer en vue de parer à la crise, mais aussi pour trouver le consensus le plus large possible sur la manière d’y procéder. Car, au-delà des solutions préconisées par le gouvernement à travers les mesures qu’il met en place, il y a aussi la réaction de la société face à ces mesures. En effet, compte tenu de la réaction virulente des syndicats autonomes quant à la suppression de la retraite anticipée, leur engagement à reconduire leur débrayage jusqu’à ce que le projet du gouvernement soit annulé, l’équipe Sellal est appelée à peser de tout son poids afin de calmer la colère des travailleurs sans recourir aux procédés «fâcheux». De plus, les augmentations des prix de certains produits n’étant pas de nature à rassurer la population quant à son pouvoir d’achat qui est en dégringolade depuis quelques mois, il est attendu que des remous agitent la société. Face à ce risque de troubles sociaux, le gouvernement n’est naturellement pas disposé à mettre de l’huile sur le feu, encore moins à élargir le cercle de ses adversaires. De ce fait, il table énormément sur la mobilisation de toutes ses troupes, notamment au niveau local, à travers la sensibilisation des walis lors de la réunion des 12 et 13 novembre.
Les walis, qui jouaient donc chacun sa partition seul jusque-là, sont appelés à inscrire leur démarche dans une perspective commune qui soit en phase avec la stratégie du gouvernement, et ses objectifs. De plus, cette fois-ci, le gouvernement semble mettre le point sur l’obligation de résultats. «Cette réunion permettra surtout d’établir une nouvelle feuille de route pour les walis et les walis délégués dans laquelle il sera mentionné en première ligne, noir sur blanc, les différentes missions que les walis seront tenus de mener sur le terrain, non sans faire valoir l’obligation de résultats,» a écrit le journal El Moudjahid à ce propos, citant une source du gouvernement.
Par contre, la question de la réforme de l’Etat et de la décentralisation, longtemps soulevée par des experts et des responsables politiques, n’a pas été évoquée. Elle sera peut-être absente lors de la réunion gouvernement-walis. Mais elle peut aussi constituer la surprise. Dans tous les cas, de l’avis de plusieurs observateurs, elle constitue la clé de voûte de la problématique du développement local et de la gestion efficace et efficiente des territoires. C’est ce que préconise, entre autres, Abderrahmane Mebtoul qui estime qu’«une réorganisation du pouvoir local dont la base est commune, pour une société plus participative et citoyenne», permettra l’adhésion de tous à l’effort de développement. «La mise en place d’une véritable décentralisation impliquant les acteurs locaux, doit avoir pour conséquence un meilleur gouvernement, réel, ressenti comme tel par la population, l’argument de base résidant dans la proximité géographique. Cela signifie qu’il existe une solution locale aux problèmes locaux et que celle-ci est nécessairement meilleure qu’une solution nationale», explique-t-il.