Le gouvernement gère difficilement, mais sûrement la crise financière: La potion miracle

Le gouvernement gère difficilement, mais sûrement la crise financière: La potion miracle

Deux ans après cette grave crise, l’Etat n’a pas touché aux subventions des produits de large consommation et aucun poste d’emploi n’a été supprimé. Economiquement, le pays «résiste bien» à ce contexte très difficile et à l’évolution improbable.

Juin 2014- juin 2016. Deux années se sont écoulées depuis le début de la grave crise financière induite par l’affaissement des prix du baril de pétrole. C’est le temps des premiers comptes. Même si la situation demeure extrêmement difficile, elle tranche avec un alarmisme exagéré de certains analystes et commentateurs prédisant une tornade qui ferait du pays un amas de gravats. Le déluge n’a pas eu lieu, la potion magique du gouvernement a pris et l’Algérie n’est ni le Venezuela ni le Pérou. Deux ans après cette grave crise, l’Etat n’a pas touché aux subventions des produits de large consommation et aucun poste d’emploi n’a été supprimé. Economiquement, le pays «résiste bien» à ce contexte très difficile et à l’évolution improbable. Les performances de l’économie algérienne et ses capacités à améliorer la croissance demeuraient «réelles», malgré la violence et les impacts du choc pétrolier. Sans être alarmiste, mais vigilant, le gouvernement Sellal a opté pour une démarche lucide. Fini les tâtonnements et les approximations de cette gestion hasardeuse trop coûteuse pour le pays, fini l’optimisme ostentatoire et les augmentations de salaires à tout vent. Fini la boulimie des importations de cosmétiques, de fruits exotiques et autres produits dont les Algériens peuvent aisément s’en passer. Il fallait importer utile pour limiter la saignée de devises et encourager la production nationale.

Observons de plus près cette question des importations qui est en réalité la clé de voûte, le vrai gisement de devises à préserver. La facture d’importation des véhicules a reculé à près de 555 millions de dollars durant les cinq premiers mois de 2016 contre 1,72 milliard durant la même période de 2015, soit une baisse de 1,165 milliard. Les importations en lait ont reculé à 262,72 millions de dollars durant les quatre premiers mois de 2016, contre 379,8 millions à la même période de 2015, soit une baisse de 30,83%. La facture des importations des céréales (blé, maïs et orge) a baissé quant à elle de 28% durant les quatre premiers mois de 2016. Ainsi, la facture a reculé à 940,89 millions de dollars durant les quatre premiers mois de 2016, contre 1,31 milliard à la même période de 2015. Les matériaux de construction, (ciment, fer et acier, bois et produits en céramique) ne sont pas du reste puisque la facture passe de 856,14 millions de dollars en 2015 à 607,34 millions en 2016, soit une baisse de près de 30%.

Seul pic sur cette courbe décroissante, la facture des médicaments et produits pharmaceutiques qui a enregistré une augmentation de près de 30% sur les quatre premiers mois de l’année 2016. Elle passe de 470,48 millions de dollars en 2015 à 606,96 millions en 2016. C’est dire que les indicateurs macro-économiques ne sont pas alarmants: le volume d’importations en baisse de 13,07% durant les premiers mois de 2016 par rapport à la même période de 2015, le taux d’inflation stabilisé à 4,11% ainsi que les crédits à l’économie en constante progression (+9% par rapport à la même période de 2015). Les réserves de changes sont actuellement à 136,9 milliards de dollars, alors que le niveau de liquidités dans les banques est de 1 684 milliards de DA. Observons de plus près ce dossier des importations qui est en réalité la clé de voûte. Même les institutions financières internationales corroborent ces données et accréditent notre démarche économique», a observé le Premier ministre notant que le FMI avait affirmé dans son rapport de mai 2016 que le choc pétrolier n’a eu qu’un effet limité sur la croissance du PIB de l’Algérie. Dans ce rapport du FMI, il est également souligné que l’Algérie a la possibilité de mener l’ajustement de manière progressive et de reconfigurer son modèle de croissance et que la progression du taux de chômage était faible (de 10,6% en 2014 à 11,29% fin 2015) avec un niveau «correct» des réserves de changes et celui «très bas» de la dette extérieure (1,8% du PIB).

Il reste maintenant à voir les effets du nouveau modèle économique annoncé par M.Sellal lors de la réunion de la tripartite du 5 juin dernier. Le Premier ministre a présenté les grandes lignes de ce nouveau modèle de croissance qui vise l’émergence d’une base productive et industrielle moderne et compétitive tout en préservant la justice sociale.