le gouvernement face à la crise pétrolière Le point sur les premières mesures

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Ses effets sont déjà dans nos murs. Le baril de pétrole qui navigue à vue lance son signal d’alarme. Les recettes du pays en devises ont baissé de plus de 42%, rien que pour ces huit mois de l’année 2015.

35 milliards de dollars de manque à gagner, prévoit le Premier ministre.

Le constat est unanime sur les retombées de la chute du prix du pétrole. La question qui rencontre des approches nuancées porte plutôt sur les mesures à prendre pour amortir les conséquences socioéconomiques de cette conjoncture. Tout en laissant se développer le débat, l’Etat a initié celles qu’il considère appropriées, pour chercher de nouvelles sources de financement et redynamiser la croissance économique. Sur le fond, étant donné que le constat est largement partagé, il y a lieu de réussir à mobiliser tous les acteurs économiques et politiques.

Et de faire adhérer la population à l’idée de se serrer la ceinture et de réduire les dépenses publiques. A ce titre, la rencontre du gouvernement avec les walis du 29 août résonne comme un rappel des troupes pour une mobilisation générale.

Les responsables locaux, en représentants des démembrements de l’Etat, sont associés à l’effort de rationalisation des dépenses et à promouvoir l’investissement économique local.

On s’en rappelle, le maître-mot de la réunion d’apprendre à être rigoureux dans la gestion des affaires publiques. Et s’appliquer à réunir impérativement les conditions de la relance de l’économie pour prétendre absorber, à terme, le choc pétrolier.

Les premiers responsables des collectivités locales sont alors appelés à jouer un rôle plus actif dans la démarche de l’Etat qui consiste à stimuler l’investissement. S’il ne faut pas s’alarmer, il ne faut, non plus, s’endormir, s’est alors exclamé Abdelmalek Sellal qui ne répétera jamais assez qu’il faut rompre avec les habitudes héritées de la période d’aisance financière du baril à 125 dollars.

Concrètement, les walis peuvent prendre l’initiative d’octroyer des assiettes de terrain à des porteurs de projet d’investissement et faciliter à ces derniers les démarches administratives. Et doivent s’employer même à capter de potentiels projets et à améliorer l’attractivité économique de leurs régions respectives. Plus prosaïquement, les walis seront évalués sur la base de ce qu’ils auront réalisé sur le terrain. Une forme de contrat de performance les soumet à une obligation de résultats. A nouvelle conjoncture, nouvelle stature.

La loi de finances complémentaire pour 2015, adoptée tout récemment par l’Assemblée populaire nationale a ensuite donné une assise légale à cette nouveauté. Dans son article 48, la loi de finances énonce notamment que la concession au gré à gré des terrains relevant du domaine privé de l’Etat destinés à la réalisation des projets d’investissement est, désormais, autorisée par un arrêté du wali sur proposition du directeur de wilaya en charge de l’investissement.

Dépenser moins et produire plus

Il a été précisé, dans un deuxième temps, qu’un cahier des charges pour les concessions du foncier industriel serait élaboré afin de s’assurer de sa destination et de son exploitation. Les pouvoirs publics, dans la démarche d’ensemble, veulent faire de cette conjoncture économique un tremplin pour la relance de l’économie.

Le challenge suppose que les modes de fonctionnement doivent s’adapter à la nouvelle vision économique.

La rationalisation des dépenses annoncées est suivie d’instructions adressées aux services de l’Etat à l’effet d’éviter d’ores et déjà les frais superflus.

La loi de finances pour 2016 prévoit 9% de baisse des dépenses globales, tout en fixant un taux de croissance du PIB de 4,6%. Sans pour autant que les transferts sociaux et les programmes de réalisation dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’habitat et de l’emploi en pâtissent. Maîtrise des dépenses et diversification l’économie.

Tels sont les fondements de la démarche. L’assainissement du commerce extérieur notamment dans son compartiment relatif aux importations s’inscrit dans cette optique.

Les actions de maîtrise du commerce extérieur ont permis d’enregistrer des baisses significatives des volumes et des coûts des importations. Les mesures tendant à identifier les importateurs et la définition des produits éligibles à l’importation devront conforter la tendance.

D’ailleurs, les importations ont diminué de 10% au cours de ces huit mois de l’année 2015, selon les chiffres du Cnis. Chemin faisant, la bancarisation de l’argent des circuits informels devrait garantir un apport en ressources financières. L’opération lancée depuis le 2 août se poursuivra jusqu’au 31 décembre 2016.

Les opérateurs activant dans ce circuit sont invités à transférer leurs fonds dans les banques, contre une taxe forfaitaire de 7%. Au-delà des délais réglementaires fixés par la LFC, c’est le redressement fiscal ordinaire autrement plus coercitif qui s’appliquera.

Sur le plan législatif, la récente révision du code du commerce adoptée par l’APN a pour but de contribuer à améliorer le climat des affaires, en facilitant notamment la création de Sarl (sociétés à responsabilité limitée).

Et renforce l’arsenal juridique de lutte contre l’économie informelle. Dans le secteur de l’industrie, c’est une profonde réorganisation qui devrait aboutir, à terme, à l’émergence de 49 pôles regroupés par activités. Bref, les grandes orientations économiques de l’Algérie dans le contexte de la baisse des prix mondiaux du pétrole sont la préservation des ressources, l’encouragement des entreprises génératrices de richesse et d’emploi et la préservation des acquis sociaux.

Saïd C.