Le gouvernement El Ghannouchi résistera-t-il à la pression de la rue ?

Le gouvernement El Ghannouchi résistera-t-il à la pression de la rue ?

“Le peuple vient faire tomber le gouvernement” est la devise des manifestants tunisiens venus de l’intérieur du pays, avec la détermination d’atteindre cet objectif car pour eux, le cabinet est dominé par des caciques de l’ancien régime.

Le gouvernement de Mohamed El Ghannouchi fait l’objet d’une terrible pression de la rue tunisienne, plus que jamais décidée à le faire tomber. Dans cette perspective, près d’un millier de jeunes Tunisiens, venus des villes de Menzel-Bouzaiane, Sidi-Bouzid et Regueb, sont entrés dans Tunis hier matin, brandissant les portraits des “martyrs” de la “Révolution des Jasmins” pour obliger le gouvernement de transition à partir. Ils viennent apporter leur soutien aux manifestations quotidiennes demandant la démission du cabinet El Ghannouchi, dominé par des caciques de l’ancien régime.



La “Caravane de la liberté”, comme l’ont baptisée les manifestants, qui est partie samedi du centre du pays, a rejoint, dimanche matin, la capitale, en dépit du couvre-feu, en alternant marche et trajet en véhicules. “Mohamed Bouazizi nous a laissé un testament : nous n’abandonnerons pas notre cause”, proclamait une banderole déployée devant le ministère de l’Intérieur. “Nous voulons que ce gouvernement dégage, que le RCD soit dissout, que la population puisse travailler et vivre dans la dignité”, témoigne Ameri Hatem, la tête entourée d’un keffieh blanc.

La “Caravane de la liberté” devait, à l’origine, rejoindre Tunis à pied en quatre ou cinq jours. Mais les marcheurs ont expliqué, dimanche, qu’il n’y avait “pas de temps à perdre pour faire tomber le gouvernement” et qu’ils avaient décidé de venir plus vite à bord de véhicules motorisés, bravant le couvre-feu. Ces manifestants sont appuyés par le syndicat tunisien des enseignants du primaire, qui a appelé ses adhérents à observer une grève illimitée dès la rentrée prévue aujourd’hui pour exiger “la dissolution du gouvernement”.

En effet, alors que la rentrée des classes dans les écoles primaires, fermées comme tous les établissements scolaires depuis le 10 janvier, devait avoir lieu aujourd’hui, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) a annoncé que les instituteurs allaient rejoindre la contestation par une grève illimitée jusqu’à “la dissolution du gouvernement”. Un porte-parole de l’Union générale des travailleurs tunisiens a déclaré que “les enseignants du primaire vont observer une grève illimitée à partir de lundi pour demander la dissolution du gouvernement de transition”.

Cette grève est également destinée à marquer leur solidarité avec les victimes de la révolte populaire d’un mois qui a précipité la chute du président Ben Ali le 14 janvier, a ajouté ce porte-parole. Pour rappel, les cours dans les écoles et les universités avaient été suspendus le 10 janvier “jusqu’à nouvel ordre” par le régime du président déchu Ben Ali, dans les derniers jours de la révolte populaire durement réprimée par la police, au prix d’une centaine de morts, selon l’ONU.

À signaler aussi que les policiers avaient rejoint en masse, samedi, les manifestations en Tunisie, bras dessus bras dessous avec des militants. Bien que très contesté, le gouvernement semble tabler sur un essoufflement du mouvement dans les jours à venir et s’efforce de remettre le pays sur les rails en relançant notamment l’activité économique. Une chose est sûre, la journée d’aujourd’hui servira

de test pour jauger l’évolution

du rapport de force rue-gouvernement qui s’est instauré la semaine dernière.