Certes, la sécurité est une priorité, il n’en demeure pas moins que la situation économique actuelle nécessite des solutions en urgence.
La crise économique semble être un sujet dépassé. Le gouvernement n’en parle plus ces derniers temps. Il fait de la situation sécuritaire son cheval de bataille et crie sur tous les toits qu’il y a péril en la demeure. Les déclarations allant dans ce sens se multiplient au quotidien faisant croire aux Algériens que la guerre est à nos portes. Après l’alerte lancée par le patron de la Défense nationale, le général de corps d’armée Gaïd Salah et l’attentat de vendredi qui a ciblé un site gazier de In Salah, le gouvernement entier se met de la partie en menant une campagne tambour battant sur la sécurité via ses relais.
Ce discours inquiète de plus en plus les économistes et les politiques. Pour eux, certes, la sécurité est une priorité, il n’en demeure pas moins que la situation économique actuelle nécessite des solutions en urgence.
Pour l’économiste Brahim Gengouzi, la négligence de l’aspect économique peut avoir, tôt ou tard, des répercussions sur la sécurité. «La sécurité et l’économie sont étroitement liées», a-t-il soutenu en citant l’ancien dicton «l’argent est le nerf de la guerre». Rappelant que tous les indicateurs économiques sont au rouge, notre interlocuteur estime que le gouvernement doit trouver des solutions en urgence pour éviter une explosion du front interne.
M.Belkacem Boukhrouf est un autre économiste qui partage la même vision. «L’efficacité des stratégies sécuritaires dépend de la stabilité du front interne qui est relié à la situation économique», a-t-il fait savoir en déplorant l’absence de vision chez le gouvernement. «Nous sommes une économie sans modèle, sans vision et sans stratégie», a-t-il affirmé preuve en est, dit-il, jusqu’à présent le gouvernement n’a pas présenté un plan d’action pour faire face à la crise.
Les politiques trouvent que le gouvernement exagère avec son discours sur la situation sécuritaire et qu’il doit s’atteler à trouver une issue à la crise économique. «La sécurité est une affaire de l’armée et des services de renseignement, mais le gouvernement doit trouver des solutions à la crise économique qui risque de mener à une explosion sociale», a mis en garde le député du MSP, Naâman Laouer. Contacté par nos soins, ce député déplore les décisions hasardeuses prises par le gouvernement en citant le cas de la réduction des importations. «Il ne faut pas réduire pour réduire car il y a des entreprises qui risquent de mettre la clé sous le paillasson en raison de l’absence de la matière première», a-t-il avoué. M.Laouer tire la sonnette d’alarme contre un éventuel licenciement des travailleurs, ce qui risque de mener à une explosion sociale.
Dans son message au peuple algérien à l’occasion du 19 Mars, le chef de l’Etat a évoqué les deux aspects sécuritaire et économique. «Notre peuple est également appelé à rester vigilant et solidaire face aux complots dévastateurs ourdis contre la nation arabe tout entière et dont des peuples frères payent aujourd’hui la rançon comme nous-mêmes l’avons fait durant la tragédie nationale dont les vents ont soufflé en vérité de l’extérieur.» Le chef de l’Etat a également appelé les Algériens à travailler pour développer la machine économique.
«Les Algériens sont également plus que jamais interpellés pour se mobiliser, travailler et innover en vue de surmonter la crise économique mondiale qui a affecté notre pays du fait de la chute des prix du pétrole et afin de poursuivre ensemble le processus du renouveau national aux plans politique, économique, social et culturel», a affirmé le président dans son message.
