Le commerce informel a fait sa réapparition pour ce mois de ramadhan, malgré la «guerre» qui lui a été déclarée et les campagnes de nettoyage annoncées en grande pompe par le gouvernement. Ceci, alors que le programme de réalisation des marchés de proximité, promis par le gouvernement, tarde encore à voir le jour.
Revoilà le commerce informel ! Menée tambour battant avec des moyens logistiques et humains impressionnants, l’opération s’essouffle après quelques mois. Le mois sacré de ramadhan, qui a débuté avant-hier, a montré l’incapacité du gouvernement à mettre fin à ce phénomène qui gangrène l’économie nationale. Les trabendistes étalent toujours «leurs produits», sur les trottoirs, les places publiques et à l’entrée des immeubles. En fait, les récalcitrants n’ont, dès le début, pas baissé les bras comme c’est le cas à Bab El-Oued ou à La Casbah.
Mais, il y a également ce programme d’urgence visant la résorption du commerce informel, lancé sous la férule du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, ou du programme impliquant le ministère du Commerce, la réalisation des infrastructures prévues qui n’a pas été au rendez-vous fixé initialement.
«Les projets de réalisation de nouveaux marchés, entrant dans le cadre de l’opération de résorption des marchés informels seront fin prêts avant le mois de ramadhan», avait promis le ministre de l’Intérieur avant le début de l’opération d’éradication des marchés informels. Le programme de réalisation des marchés de proximité, relevant du département de Daho Ould-Kablia et confié à l’entreprise Batimetal, n’est pas totalement réceptionné, comme prévu.
Sur les 327 marchés prévus, seulement 128 ont été réceptionnés et 42 autres devraient être livrés avant le ramadhan. Le reste des infrastructures commerciales devrait être toutefois achevé d’ici le mois de septembre prochain, à cause de retards dans le montage. Le groupe Batimetal, une filiale de la SGP Construmet, vise à livrer au niveau national, 330 marchés couverts, 3 000 box de commerce, 2 500 unités commerciales mobiles (tables de marché) avant la fin juillet 2013 dans le cadre de la résorption du commerce informel, comme l’a annoncé son directeur repris par l’APS.
A Alger, une enveloppe de 520 millions de dinars a été dégagée pour la réalisation des marchés. 680 commerçants devraient être intégrés à la faveur de ce programme, dont les travaux de réalisation n’excèdent pas 5 mois. Les 17 marchés sont répartis dans les communes d’El Harrach, Réghaïa, Bab Ezzouar, Mohammadia, Bourouba, Bachdjarah, Birtouta, Tassala El Merdja, Kouba, Belouizdad et Sidi M’hamed. De même, la réalisation de 514 marchés couverts, programmée depuis 2011 par le ministère du Commerce, financée à hauteur de 20 milliards de dinars et devant s’achever en 2014, est à peine lancée. Le ministre du Commerce, lui, se montre satisfait de l’état d’avancement de l’opération d’éradication des marchés informels. Mustapha Benbada a affirmé que l’entrée en service avant le ramadhan des nouveaux marchés de proximité garantira la stabilité des prix des denrées. Ces nouvelles structures de proximité permettront également, selon le ministre, de mieux organiser l’activité commerciale et d’assurer une meilleure disponibilité des produits alimentaires de base.
«Les marchés de proximité réalisés dans des délais record au titre d’un programme d’urgence afin d’organiser le commerce et d’éliminer les activités commerciales informelles dépassent ce qui a été réalisé en une décennie», a estimé Benbada. La réalité de ce mois de ramadhan montre, contrairement à ce que dit le ministre du Ccommerce, que l’opération d’éradication de l’informel est vouée à l’échec. Idem pour le projet de réalisation des marchés de proximité à travers le pays.
Par Mehdi Ait Mouloud