Mais les indices économiques ne sont pas au vert. Bien au contraire, la valeur du dinar est en forte baisse, l’inflation en hausse, les recettes des exportations en déclin, en plus d’une régression de la production industrielle. «Maîtriser la situation grâce à la politique prospective du gouvernement» comme avancé par Sellal n’est pas aussi évident en raison notamment des projets qui seront gelés, bien que certains étaient déjà prévus dans les précédents programmes quinquennaux. L’annonce du gel des projets non encore listés semble être mal accueillie par les populations dans plusieurs wilayas, même si on avance que les programmes de développement communal (PCD) seront maintenus.
Quels sont les projets concernés par le report, se demandent des citoyens qui espéraient que des routes de wilaya, des logements ruraux, des branchements à l’eau potable ou au réseau d’assainissement, des structures de santé ou autres projets permettant d’améliorer le cadre de vie, soient réalisés. L’attente sera plus longue, a regretté un député, contacté à ce sujet.
Il dira comprendre la révolte des populations qui n’admettent pas de nouveaux reports de projets, annoncés lors des visites de Sellal dans différentes wilayas. Le choix des projets sectoriels à geler sera donc difficile dans la mesure où la détermination des priorités reste relative et dépendra à la fois des besoins des populations et des enveloppes à engager. Après avoir rassuré que les projets de santé, de l’éducation et du logement ne seront pas touchés, au final, seuls ceux de l’habitat vont échapper aux restrictions. Au regard de son rôle stratégique, le secteur de l’énergie sera également exclu du programme d’annulation de projets. Les recrutements dans la Fonction publique et autres promotions sont en revanche ajournés.
Les chômeurs à convaincre
Les milliers de postes d’emploi vacants dont a parlé, en 2014, le Premier ministre, ne sont toujours pas occupés par des chômeurs primo-demandeurs d’emploi. La politique de la dépense publique est carrément révolue. «Des mesures anticipatives ont été prises pour relancer l’économie nationale et se libérer de la dépendance aux hydrocarbures», avait pourtant promis le Premier ministre dans de précédentes déclarations. Il avait indiqué que les recettes de l’Algérie en hydrocarbures ont enregistré une baisse de 47,1% au cours du premier semestre 2015, excluant «une grande variation» des prix du pétrole sur les marchés internationaux jusqu’à l’année prochaine avec la possibilité d’atteindre un baril à 65 dollars durant la même période.
Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, puisque les prix du baril continuent de reculer. Vendredi dernier, les cours du pétrole ont de nouveau plongé. Le baril de West Texas Intermediate, référence aux États-Unis (WTI), est passé sous le seuil des 40 dollars pour la première fois depuis février 2009, tandis que le baril de Brent tombait à un niveau qu’il n’avait plus vu depuis début mars 2009 en s’effondrant de près de 60% à 45,30 dollars. Cette énième baisse suggère, selon des analystes, un ralentissement économique plus marqué que prévu en Chine, et le brut léger américain (WTI) semble bien parti pour accuser sa longue série de replis hebdomadaires depuis 1986. Selon Reuters, les cours du brut étaient passés en cinq mois de 30 dollars le baril à 10 dollars fin 1985, à la suite de la décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) d’augmenter sa production pour regagner ses parts de marché.
Fin juillet, Bob Dudley, directeur général de l’entreprise britannique BP, a déclaré que les tendances avaient «un parfum de 1986». Le risque d’épuisement des réserves de change avant 2019 s’affirme davantage, ce qui pousse les experts économiques à appeler pour la diversification des moyens de financement des différents projets au lieu de les geler. L’expert économique, Ali Harbi, a souligné que «l’Algérie n’est pas en crise», car la chute des cours du pétrole s’inscrit dans la durée et n’est pas limitée à une période de une à deux années. Face à ce nouveau contexte économique, le pays est appelé à «changer de modèle économique», a-t-il préconisé.
Karima Sebai