Le général Mohamed Tahar Yala était dimanche l’invité du Forum hebdomadaire de Liberté. Une occasion pour lui de réitérer ses positions politiques en appelant en substance à un rejet du processus électoral et la mise en place d’une transition politique, « sous la direction d’un collège de personnalités nationales propres et intègres ».
L’ex chef des forces navales, en réponse aux questions des journalistes est longuement revenu sur la montée au créneau d’ancien officiers de l’Armée et leur implication dans le débat politique, à l’exemple du général Benhadid, de lui-même, du colonel Boudemagh, du colonel Chafik Mesbah…
« Ce que vous devez savoir, c’est que l’ANP est une école de patriotisme, de nationalisme et si des anciens officiers à la retraite parlent aujourd’hui c’est parce que ils ont mal à leur pays, ils ne supportent pas de voir le pays pour lequel sont morts un million et demi de martyrs dériver ainsi vers le chaos. Vous savez, pour ce qui me concerne personnellement, à 63 ans j’aurais pu rester chez moi, me contenter de ma retraite, mais je ne peux pas car ce serait quelque part une trahison du serment de fidélité que nous avons fait à nos martyrs ».
Cette précision étant faire , le général à la retraite avec un discours direct et sans langue de bois dresse un tableau noir de la situation actuelle de l’Algérie, « l’Algérie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Laisser sombrer le pays dans le chaos et ouvrir la voie à son éclatement, ou bien choisir la voie du renouveau en mettant fin à un régime qui nous a mis au bord du précipice ».
“Said Bouteflika et un « groupe mafieux » décident du sort du pays”
Le général Yala parle aussi de la paralysie des institutions, due à la maladie invalidante du président Bouteflika. « Le pays est gouverné par procuration depuis un an », dit-il en expliquant que c’est Said Bouteflika et un « groupe mafieux » qui décident du sort du pays, alors qu’ils ne sont pas habilités politiquement à le faire. « Un président dans l’incapacité totale d’assumer ses fonctions a remis le clés du pays à un clan mafieux qui le dirige dans l’ombre de manière illégale et inconstitutionnelle ».
Le général Yala poursuivant sa charge, considère que le clan dont il est question « agit désormais comme si l’Algérie était un patrimoine privé. Le clan du pouvoir considère que la situation est mûre pour instaurer une monarchie de type dynastique ». Au sujet de la présidentielle du 17 avril , il ne se fait guère d’illusion quant à son issue. « Parce que basée exclusivement sur la fraude généralisée, orchestrée de bout en bout, l’élection présidentielle à venir est un véritable coup d’état contre la souveraineté du peuple qu’on veut lui confisquer pour toujours », ajoutant en martelant que « la nation est en danger ».
A propos des restructurations intervenues dans l’Armée, le général explique que « chaque année il y a des officiers qui sont mis à la retraite et c’est normal, ce qui l’est moins c’est la médiatisation excessive de la mesure et c’est à ce niveau qu’il y a manœuvre politique de la part de ceux qui ont des comptes à solder ». Ici il fait référence à Amar Saidani en disant qu’il est « un chargé de mission, incapable d’aligner deux idée successives ».
Le général Mohamed Tahar Yala s’est dit aussi favorable à la mise en place de la deuxième république. Il rejoint de nombreuse personnalités politiques quant à la nécessité citée d’une transition politique négociée avec l’institution militaire mais aussi avec tous les acteurs politiques sans exclusive.