L’Algérie continue de défendre le principe de la non-ingérence
C’est la deuxième visite que le commandant de l’Africom effectue à Alger en l’espace de cinq mois.
L’heure est grave et le temps n’est plus aux palabres de salon. Suffisamment «marinée», la situation au nord du Mali secoue l’Oncle Sam qui, on le sait, ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de mater le terrorisme. C’est le commandant de l’US Africa Command (Africom), le général de corps d’armée Carter F. Ham qui sera, demain, à Alger.
Le menu de cette deuxième visite en quelques mois, (la dernière en date a eu lieu le 5 avril dernier), n’est pas varié mais consistant: le dossier malien. Le nord de ce pays est devenu un lieu de retrait des terroristes d’Al Qaîda et ceux du Mujao qui défient sans crainte la communauté internationale. A ces deux organisations terroristes s’ajoutent le Mnla (Mouvement National de Libération de l’Azawad) et Ansar Eddine, deux mouvements nationalistes maliens. C’est l’approche à ces «courants» qui animent le nord du Mali qui diffère d’un pays à l’autre.
L’Algérie qui défend toujours le principe de la non-intervention étrangère ainsi que l’unité du territoire malien identifie clairement les cibles: «Ce sont Al Qaîda et le Mujao qui sont des organisations terroristes et qui de ce fait constituent une menace pour la région.» La France est favorable à une intervention militaire.
L’Elysée exerce une très grande pression sous couvert de la Cédéao. Bamako a annoncé, le 23 septembre dernier, la conclusion d’un accord qui prévoit le déploiement au Mali de troupes ouest-africaines, pour «appuyer» l’armée malienne dans la reconquête du Nord occupé depuis six mois par des groupes armés. Le secrétaire général de l’ONU a été saisi par les autorités maliennes d’une demande de résolution autorisant une intervention militaire africaine. La demande est restée vaine.
Cette décision prise sans consultation préalable des pays du champ, a irrité l’Algérie, considérée par les Américains comme un pays incontournable dans la région du Sahel.
C’est ce qui explique cette visite du commandant de l’Africom demain à Alger. A peu de choses près, la position d’Alger et celle de Washington convergent sur la question malienne. Echaudés par les deux guerres menées en Afghanistan et en Irak, les Américains refusent de prendre des risques au Sahel. Lors de sa visite à Alger en avril dernier, le patron de l’Africom a accordé la priorité d’abord, à la solution politique.
En réponse à l’insistance des pays membres de la Cédéao qui considèrent l’intervention militaire comme unique solution. Le général américain a été clair: «Si la Cédéao estime qu’il y a un rôle militaire qui doit être joué pour résoudre la crise au Nord-Mali, ce rôle doit être également accompagné par un rôle politique», a-t-il indiqué ajoutant que «les défis qui se posent au niveau du Mali doivent être d’abord résolus au plan politique, tout en prenant en compte l’aspect humanitaire».
A ces tractations politiques, un autre détail et pas des moindres convient d’être relevé.
Il concerne l’incursion «irritable» du Qatar dans cette crise. Lors de sa visite à Alger en avril dernier, le général Ham a été précédé par un déplacement presque inattendu du chef d’état-major des forces armées du Qatar, le général-major Hamad Ben Ali Attiya. Encore une fois, l’arrivée demain de Ham à Alger a été précédée par la visite, le 11 septembre dernier, du Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qatari, Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al Thani.
A ce stade de négociations, il faut être naïf pour croire qu’il s’agit de simples hasards de calendriers. Entre Alger et le Qatar, il y a une rivière de sang arabe. L’Algérie milite âprement pour appuyer la notion de souveraineté des Etats.
C’est le fondement même de son action sur le droit international. Le Qatar, croupion des puissances occidentales, fait de l’interventionnisme sa raison d’être. Toute la différence réside à ce niveau.