Le géant mondial de l’acier accusé dans un rapport secret, ArcelorMittal Algérie et les 550 surfacturations

Le géant mondial de l’acier accusé dans un rapport secret, ArcelorMittal Algérie et les 550 surfacturations

Du ciment, béton, huiles, charbon, métal, ArcelorMittal faisait tout importer auprès de ses fournisseurs «traditionnels» qui ne sont autres que ses propres filiales basées au Luxembourg, en Allemagne, en Pologne, mais aussi à Tunis.

Dans une enquête confidentielle engagée contre le géant mondial de l’acier, en l’occurrence ArcelorMittal Algérie, et dont les premiers résultats nous ont été livrés exclusivement, cette dernière montre comment cette société de renom avait pu surfacturer plus de 550 opérations d’import-export durant les deux dernières années 2010 et 2011. Des transactions très douteuses qui auraient permis à ArcelorMittal Algérie d’empocher des dizaines de millions de dollars, si ce n’est plus, après la surfacturation des opérations d’achat de matériels, matières et bien d’autres produits auprès de ses filiales installées à l’étranger. Du ciment, béton, huiles, charbon, métal, ArcelorMittal faisait tout importer auprès de ses fournisseurs «traditionnels» qui ne sont autres que ses propres filiales basées au Luxembourg, en Allemagne, en Pologne, mais aussi à Tunis et Belgique, en procédant à des factures «gonflées» afin d’en tirer profit. Ce n’est pas tout, l’enquête (dont nous détenons une copie) menée contre ArcelorMittal avait démontré également que la société mondiale de l’acier est derrière plusieurs transferts illégaux en devises où de grosses sommes d’argent sont déplacées vers des banques étrangères, enfreignant les lois algériennes et du coup causant de sérieux préjudices financier au Trésor public. Depuis son installation en Algérie, la SPA ArcelorMittal Algérie a pu faire un chiffre d’affaires très intéressant, voire s’élevant à des milliards de dollars, cela au moment où cette filière de ArcelorMittal se déclare incapable d’honorer ses dettes en Algérie. Pis, la SPA ArcelorMittal est aujourd’hui fait face à la faillite, pourtant il s’agit d’un géant mondial de l’acier, voire le 1er au monde avec un chiffre d’affaires annuel de près de 30 milliards de dollars. Du coup, des milliers de travailleurs d’El Hadjar risquent le chômage, alors qu’en face ArcelorMittal se réjouit de sommes phénoménales en devises. Contre toute attente, le gouvernement algérien avait décidé d’emprunter un crédit «remboursable» à la SPA ArcelorMittal, le but étant d’éviter le chômage à des milliers d’employés algériens. Eviter le pire scénario, certes, est une sage décision de la part des autorités algériennes, mais cela profite avant tout à ArcelorMittal. Cette dernière se dit incapable d’honorer ses dettes envers l’Algérie, mais elle arrive à empocher beaucoup d’argent par ses pratiques douteuses de ces deux dernières années. Revenons à l’enquête. La première et infime partie de ce rapport «secret» porte sur l’importation par la SPA ArcelorMittal de près de 10 millions de kilogrammes de minerai d’aggloméré. Ceux avec lesquels nous avons discuté préfèrent ne pas donner de détails. Ce n’était donc pas chose aisée d’obtenir des références ou autres informations liées à l’importation. L’opération est datée du 9 janvier 2011.

Certains documents ont pu nous être communiqués par des sources préférant garder l’anonymat. Le cours mentionné par la SPA ArcelorMittal est de près de 104 euros, et le prix unitaire facturé par la société est de 1,5 million DA. La transaction, elle, s’est faite en euros. Au-delà de la valeur réelle de la marchandise sur le marché mondial, la différence qui existe entre les deux prix et la somme facturée, un autre détail de taille est à signaler, selon les documents en notre possession. Il s’agit du fret au nom d’ArcelorMittal Méditerranée, une autre société établie à l’étranger. ArcelorMittal Annaba concluait donc un marché avec une autre société appartenant au même géant mondial de la métallurgie. «C’est comme si, par exemple, vous avez un commerçant qui a deux locaux et qui achète, pour l’un de ses locaux, des produits auprès de son deuxième local», nous explique-t-on.

«La transaction pourrait être considérée comme un transfert illégal de devises vers l’étranger, puisque c’est le même géant mondial de la métallurgie qui encaissait l’argent de l’achat», ajoute-t-on.

Par Lotfi Nassim