La Commission organisera dans les prochains jours un forum commercial afin d’analyser les causes du sous-investissement chronique de l’Algérie dans l’extraction de gaz.
La Commission européenne prépare pour 2016 un plan d’action diplomatique visant à diversifier les sources d’approvisionnement en gaz naturel de l’UE.
L’Algérie, qui dispose d’un potentiel énorme, pourrait faire partie de la solution. Le gaz algérien va inonder à court terme toute l’Europe et non pas uniquement la France, l’Espagne ou l’Italie, pays méditerranéens.
L’Union européenne vient en effet de décider hier de sécuriser ses approvisionnements en gaz algérien dont les exportations en gaz vont doubler, voire tripler. Pour ce faire, neuf projets concernant le secteur du gaz pour un montant total de 207 millions d’euros et six dans le secteur de l’électricité avec 10 millions d’euros ont été arrêtés par la commission européenne.
Parmi les nombreux projets qui seront réalisés avec ces fonds, la Commission cite les études concernant le projet Midcat, qui contribuera à éliminer l’engorgement des infrastructures entre la péninsule ibérique et la France, et à acheminer les livraisons de gaz en provenance d’Algérie et des terminaux GNL espagnols vers le reste de l’Europe.
Ces projets permettront « d’accroître la sécurité énergétique et de mettre fin à l’isolement de certains Etats membres vis-à-vis des réseaux d’énergie de l’UE », a expliqué la Commission, soulignant qu’ils contribueront, également, à « la réalisation du marché européen de l’énergie et à l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau d’électricité ».
« Nous ciblons aujourd’hui les régions d’Europe où les besoins se font le plus sentir. Avec ce financement, nous contribuerons au renforcement de la sécurité des approvisionnements et à la pleine intégration du marché européen de l’énergie en reliant les réseaux dans l’ensemble de l’Europe », a déclaré le commissaire européen chargé de l’action pour le climat et de l’énergie, Miguel Arias Canete.
« Nous devons poursuivre la modernisation de nos réseaux énergétiques pour intégrer les pays encore isolés dans le marché européen de l’énergie. Des réseaux d’énergie modernes sont également essentiels pour garantir une utilisation efficace de nos ressources énergétiques et donc pour atteindre nos objectifs en matière de climat », a-t-il encore ajouté.
L’UE, qui a commencé à abandonner petit à petit l’énergie fossile au profit du gaz plus propre et plus écologique, veut aussi se libérer de sa dépendance vis-à-vis de la Russie, qui alimente le marché européen.
L’UE redoute une « guerre de gaz » avec la Russie
Des pays comme l’Ukraine et ceux proches de la Russie pâtissent régulièrement des crises cycliques entre l’UE et la Russie. En effet la Russie pourrait couper le gaz à l’Ukraine et impacter l’Europe.
L’UE agite le spectre d’une nouvelle « guerre du gaz » qui pourrait mettre en danger les approvisionnements européens, en disant s’attendre « à ce que la Russie restreigne ou stoppe les livraisons de gaz » à l’Ukraine et par la même occasion le flux d’exportation vers l’Europe, encore très dépendante de la Russie en la matière. Faut-il s’attendre à une guerre du gaz qui affecterait toute l’Europe ? C’est la crainte de l’UE.
Dans le climat d’extrême tension qui règne entre Moscou et l’UE à propos de l’Ukraine, les enjeux énergétiques sont accrus. D’autant plus qu’un quart du gaz consommé au sein de l’UE provient de Russie, dont 60 % transitant par l’Ukraine.
Les pays les plus dépendants sont les Pays baltes (100%), la Bulgarie (100%), la Pologne (90%) et la République tchèque (88%). Hors des pays d’Europe centrale et orientale, l’Allemagne est, parmi les pays de l’Europe occidentale, le plus dépendant du gaz russe avec près de la moitié de sa consommation annuelle.
C’est cette menace qui a incité l’UE à lorgner du côté algérien pour assurer sa sécurité en gaz. Les pays européens, après avoir tourné le dos au marché algérien au début des années 2010, sont revenus subitement à un fournisseur « sûr » de l’Europe en gaz qu’est l’Algérie.
C’est du moins ce qu’ont laissé entendre récemment des responsables de certains clients européens de l’Algérie. L’Algérie est restée fidèle à son modèle de commercialisation de gaz, basé sur des contrats de long terme, dont les prix sont indexés sur ceux du pétrole. Aujourd’hui le prix du baril est devenu bon marché, ce qui a motivé les Européens à se tourner une fois de plus vers le marché algérien. Pour la précision, l’Italie et l’Espagne importent chacun un tiers de leur gaz de l’Algérie.