L’UE pense au gaz algérien
Voilà que Bruxelles annonce son intention de «diversifier au plus tôt ses importations».
La réunion du sommet du G7 qui se tient à une centaine de km de Munich, en Bavière, a vu le binôme germano-américain monopoliser l’essentiel du programme, même si les autres participants ont été amenés, au fur et à mesure des dossiers dont les plus importants concernaient l’Ukraine et la crise grecque, à se joindre au duo Obama-Merkel.
Les deux dirigeants ont un premier souci commun, celui d’effacer les tensions nées des révélations d’Edward Snowden sur l’ampleur des programmes américains de surveillance. La publication à l’automne 2013 de documents évoquant la mise sur écoute du téléphone portable de la chancelière allemande, avait créé un climat plutôt morose entre Washington et Berlin.
Depuis, Obama et Merkel s’emploient à resserrer les liens. En février dernier, lors de leur dernière rencontre à la Maison-Blanche, Obama avait longuement insisté sur le caractère inébranlable de l’alliance américano-germanique.
L’objectif des deux puissances occidentales, l’Allemagne étant un fer de lance économique, pour l’essentiel, a donc consisté, cette fois, à envoyer un message fort à l’adversaire commun, en passe de devenir un ennemi malgré la multiplication des signaux et autres déclarations de bonne volonté, la Russie de Vladimir Poutine. C’est ainsi que tous les pays membres dont le président du Conseil de l’Europe Donald Tusk ont affiché hier à qui voulait bien les voir et entendre leur détermination à maintenir un front uni sur le dossier ukrainien.
En l’absence du président russe, tous ont confirmé leur adhésion sans réserve au maintien des sanctions prises contre Moscou, au plus fort du conflit en Ukraine puis continuellement jusqu’à ces dernières semaines.
Sans qu’il y ait eu le moindre doute sur la question et sur le choix des uns et des autres, la volonté a prévalu de réitérer cette sentence comme s’il s’agissait de conjurer un mauvais esprit. L’esprit Poutine, en l’occurrence, s’était manifesté il y a quelques jours avec le refoulement dans les aéroports de la Russie de plusieurs personnalités européennes, ce qui a aussitôt conduit l’UE à crier au scandale et à exiger de Moscou qu’il communique la liste noire des personnes interdites de séjour en Russie. A croire que ce qui est valable pour l’UE ne doit pas l’être pour le Kremlin, selon le préjugé occidental.
Durant deux jours, les débats vont se focaliser sur la crise ukrainienne et les demandes incessantes de Kiev qui réclame tout à la fois des livraisons massives d’armement et la mise à l’index de la Russie. Celle-ci agitant depuis lors la menace d’une suspension de la livraison de gaz via l’Ukraine à plusieurs pays de l’UE, voilà que Bruxelles annonce son intention de «diversifier au plus tôt ses importations», lorgnant notamment le gaz algérien qui est livré, pour le moment, essentiellement à l’Espagne et à l’Italie.
L’Algérie qui dispose de réserves conséquentes, en la matière, aura, sans nul doute, le souci de répondre à toute demande exprimée objectivement, c’est-à-dire sur le long terme, car elle sera conditionnée par de lourds investissements, en amont comme en aval de la distribution.
L’autre argument qui plaide en faveur de l’achat du gaz algérien a trait à la garantie de la livraison inconditionnelle, l’Algérie ayant donné sans cesse la preuve de sa solvabilité et de son souci constant d’honorer, quels que soient les aléas politiques, ses engagements économiques. Ce n’est pas rien pour une Europe passablement inquiète de la détérioration continue de ses relations et par conséquent de ses échanges avec une Russie en train de diversifier à toute vitesse son partenariat sur d’autres continents et avec d’autres pays dont la Chine et la Turquie.